Alors que 22 pays ont condamné l’oppression des minorités ethniques du Xinjiang par la Chine, et 37 ont soutenus la Chine sur cette question à l’ONU, le Kirghizstan s’est abstenu de critiquer ou de soutenir son voisin chinois. Alors que le Turkménistan et le Tadjikistan voisins ont eux ouvertement soutenus la Chine.
Novastan reprend et traduit un article initialement publié par le média kirghiz en ligne, Kloop.kg.
22 pays ont accusé la Chine d’opprimer des minorités ethniques dans la province autonome ouïghoure du Xinjiang. Cette critique a été exprimée par une lettre ouverte le 8 juillet dernier, durant la 41ème session du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies. Le Kirghizstan, comme l’Ouzbékistan et le Kazakhstan n’ont ni critiqué ni soutenu la Chine.
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Dans leur lettre, des représentants des 22 pays font référence à des informations selon lesquelles Pékin a recours massivement à la surveillance au Xinjiang, située dans le nord-ouest du pays. Les autorités chinoises persécutent en particulier les Ouïghours et d’autres groupes ethniques pratiquant principalement l’islam comme les Kazakhs, les Kirghiz et les Tatars.
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Selon des organisations de défense des droits humains, les autorités chinoises placent dans des « camps de rééducation » des personnes qui, à leur avis, peuvent être qualifiées d’ « extrémistes » pour avoir eu en sa possession un livre sur la culture ouïghoure ou sur l’islam, ou bien porter une barbe trop longue.
Une bataille diplomatique
« Nous exhortons la Chine à respecter ses lois nationales et ses obligations internationales et à respecter les droits de l’Homme et les libertés fondamentales, y compris la liberté de religion ou de conviction« , avertit la lettre des diplomates critiquant la politique de la Chine.
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Après la session du Conseil de l’ONU, un autre groupe de pays a émergé, cette fois de soutien à la Chine : 37 pays, dont la Russie, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Arabie saoudite, ont parlé au contraire « des réalisations exceptionnelles de la Chine dans le domaine des droits de l’homme ». Le Kirghizstan, malgré les appels de l’ethnie kirghize à protéger ses droits en Chine, n’a pas critiqué ni soutenu les autorités chinoises.
Le Kirghizistan et le Xinjiang
En règle générale, les autorités du Kirghizstan tentent de ne pas exprimer de manière directe leur position concernant la politique de la Chine au Xinjiang. Le président kirghiz Sooronbaï Jeenbekov a déclaré en décembre 2018 que le Kirghizstan devrait « faire preuve de prudence dans le règlement de la situation« , car la Chine est un « partenaire stratégique » avec lequel il n’est pas nécessaire de détruire les relations.
Dans le même temps, le président a déclaré que les autorités kirghizes discutaient de cette question avec les autorités chinoises par la voie diplomatique après que l’administration du président ait reçu huit plaintes de l’ethnie kirghize en Chine.
De novembre 2018 à février 2019, le ministère des Affaires étrangères du Kirghizstan a étudié les informations faisant état de la disparition de l’ethnie kirghize en Chine, mais a ensuite indiqué, en se référant aux autorités du Xinjiang, que ces informations n’étaient pas confirmées.
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En juin 2019, lors du sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghaï (OCS), lorsque le président chinois Xi Jinping est arrivé à Bichkek, le président du Kirghizstan a changé de position. Sooronbaï Jeenbekov a adopté un discours plus « doux » et a déclaré que la question des minorités ethniques était une affaire intérieure de la Chine.
Débiteur de la Chine
Un des leviers de pression sur les autorités kirghizes de la Chine sont les emprunts contractés par le Kirghizstan pour divers projets, comme la construction de routes et la modernisation de la centrale thermique de Bichkek.
Le montant total des prêts dépasse 1,7 milliard de dollars, soit près de la moitié de la dette extérieure totale du pays. Selon l’organisation analytique Center for Global Development, une dette aussi importante place le Kirghizstan dans une position de « vulnérabilité financière » vis-à-vis de la Chine.
Les autorités chinoises indiquent clairement que le Kirghizstan devra payer ses dettes envers le pays – cela a été annoncé en mars 2018 par l’ambassadeur de Chine, Xiao Tsinghua. En vertu des accords de prêt, si le Kirghizstan est incapable de rembourser les intérêts et le prêt lui-même, la Chine a le droit d’exiger l’un de ses actifs dans le cadre d’un arbitrage international.
Selon les documents analytiques de diverses publications, émettre des emprunts et placer les pays dans une situation de dépendance est l’une des stratégies des autorités chinoises dans le cadre du projet One Belt – One Road, aussi appelé Nouvelles Routes de la Soie, qui consiste à faciliter le commerce international de la Chine.
Traduit du russe par la rédaction
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