Accueil      Quels sont les documentaires à voir sur l’Asie centrale ?

Quels sont les documentaires à voir sur l’Asie centrale ?

Pendant le premier confinement survenu durant l'épidémie de COVID-19, Novastan proposait à ses lecteurs une liste de documentaires et de courts-métrages. Cinq ans après, une nouvelle sélection de documentaires vous est aujourd'hui proposée, à partir d'œuvres plus récentes ou non mentionnées par la précédente liste.

Sur les anciens rivages d'une mer d'Aral asséchée, un chameau se tient immobile, comme un symbole de la desertification de la région. Crédits : Antoine Béguier

Pendant le premier confinement survenu durant l’épidémie de COVID-19, Novastan proposait à ses lecteurs une liste de documentaires et de courts-métrages. Cinq ans après, une nouvelle sélection de documentaires vous est aujourd’hui proposée, à partir d’œuvres plus récentes ou non mentionnées par la précédente liste.

Le récent sommet UE-Asie centrale, tenu à Samarcande les 3 et 4 avril dernier, ou encore la découverte opportune d’un immense gisement de terres rares au Kazakhstan quelques jours avant cette rencontre illustrent l’importance grandissante de l’Asie centrale dans les nouveaux équilibres mondiaux. Objet d’une visibilité et d’un intérêt accrus, cette région demeure néanmoins mystérieuse et intimidante pour de nombreux observateurs occidentaux ou étrangers.

Si l’industrie du tourisme se développe en Asie centrale, encouragée par les gouvernements locaux, le documentaire peut constituer une première approche pour découvrir et comprendre les pays centrasiatiques.

Au printemps 2020, en période de confinement et d’épidémie de COVID-19, Novastan avait déjà publié une sélection de documentaires sur l’Asie centrale afin d’apporter une forme de consolation pour les voyageurs contrariés et contraints de rester chez eux. Depuis, d’autres documentaires ont été produits et laissent entrevoir de nouvelles perceptions sur l’Asie centrale. Les films présentés ici sont tous disponibles en libre accès, en français ou en anglais.

L’Asie centrale, entre fascination et crainte

L’ambivalence entre fascination et crainte demeure un des principaux ressorts de l’intérêt suscité par l’Asie centrale. Néanmoins, certaines préoccupations plus contemporaines se manifestent dans ces œuvres avec plus d’acuité, à partir d’aspects concrets, révélateurs des évolutions contemporaines.

Envie de participer à Novastan ? Nous sommes toujours à la recherche de personnes motivées pour nous aider à la rédaction, l’organisation d’événements ou pour notre association. Et si c’était toi ?

L’immensité des steppes, ou la survie du pastoralisme nomade demeurent des motifs magnétiques pour les documentaristes. Mais ce thème du sanctuaire préservé côtoie désormais ceux de l’éco-anxiété, des nouvelles opportunités économiques, l’influence exercée par la Chine ou la Russie ou encore celui du terrorisme.

Carrefour des cultures, des langues, et des empires, l’Asie centrale apparaît dans les documentaires comme un lieu où les mythologies du passé et du présent se rencontrent.

L’Asie centrale, la fascination pour le sanctuaire

Du côté des fascinations, l’histoire et la géographie d’Asie centrale confèrent à ces vastes territoires un pouvoir d’attraction particulier. Dans les documentaires suivants, les pays visités s’apparentent à des sanctuaires qui auraient gardé une forme de virginité, de pureté, tout en étant rattrapés par différentes menaces. Ils s’inscrivent dans une démarche d’exploration et de curiosité, à l’image de récits de voyage plus anciens, habités par une recherche d’émerveillement et de compréhension.

Lire aussi sur Novastan: L’Asie centrale en documentaires et courts-métrages | Novastan France

Tadjikistan, la marche de l’Histoire (2025) est un documentaire réalisé par Romain Arazm dont Novastan a fait récemment la critique. Le film est un appel à la découverte et à la curiosité, et permet de comprendre la complexité du Tadjikistan, avec une attention spécifique portée aux peintres et à la peinture tadjike.

Kirghizistan, La croisée des chemins (2021) du même Romain Arazm, se concentre sur un temps relativement court, habilement ponctuée de commentaires d’experts, et constitue une photographie grâcieuse du Kirghizstan actuel.

L’aventure Kirghize, (2017), est un documentaire court aux magnifiques images, qui se focalise sur la pratique du sport national, le Kok Boru, variante kirghize du célèbre bouzkachi afghan. Ce jeu consiste à se disputer le cadavre d’un animal mort, afin de le placer dans un en-but, sans quitter sa monture. Ici, des athlètes français proposent à de jeunes kirghiz de troquer l’animal mort contre une balle. Cette rencontre culturelle est des plus savoureuses.

Sanctuaire à protéger

La thématique d’une Asie centrale à la fois forte par sa géographie, et fragile à cause de son écologie en danger, attire une attention toute particulière et récurrente dans les documentaires, dans le contexte du changement climatique global. Les questions connexes de l’eau, de la mer d’Aral et de la fonte des glaviers, sont abordés par les films suivants.

Aux sources de la mer d’Aral (1/2) – Du désert aux glaces (2025), est le premier opus du double documentaire de l’écrivain-voyageur Cédric Gras, Les Routes de la Soif, grand connaisseur des mondes russophones et des Républiques d’Asie centrale. Des images étourdissantes, d’une beauté incontestable, ont été prises à grands renforts de drones. Grâce au regard aiguisé de Cédric Gras, Christophe Raylat filme l’Amou-Daria d’aval en amont afin de comprendre l’importance régionale de ce fleuve et le drame de la mer d’Aral.

Aux sources de la mer d’Aral (2/2) – De steppes en prairies (2025), volet consacré cette fois au Syr-Daria, a un propos tout aussi éblouissant. Le film s’avère particulièrement utile à la compréhension des conflits d’usage des eaux entre Kirghzstan et Ouzbékistan.

Lire aussi sur Novastan: Cinéma tadjik : entretien avec Ariane Zevaco

Tajikistan’s glacial crisis: Central Asia’s melting heart (2024) est un documentaire produit par la chaîne qatarie Al-Jazeera, et apporte alors une perspective de pays familiers avec les problématiques de déficit hydrique. Avec de très belles images là encore, il documente la question de la fonte des glaciers tadjiks, ressource écologique vitale pour l’ensemble de la région.

L’Asie centrale comme lieu de mythologie dans le cadre de nouvelles opportunités

Signe de l’intérêt croissant suscité par l’Asie centrale, on trouve aujourd’hui sur youtube d’innombrables autoproductions de vidéos diffusées par des voyageurs, de qualité inégale. Cet intérêt doit néanmoins être souligné et contribue à mettre en valeur la région. Les médias traditionnels s’efforcent eux aussi de s’intéresser à cette géographie et de redécouvrir son histoire, afin de mettre en avant les opportunités propres à l’Asie centrale avec un effort de compréhension pour en saisir la complexité.

Route de la soie (2025) court documentaire de la BBC, revisite la vieille thématique des routes de la soie et l’histoire de la région afin de comprendre le narratif chinois contemporain des Nouvelles routes de la soie, projet d’investissement lancé par Pékin en 2013 pour relier la Chine à l’Europe via l’Asie centrale.

Where China meets Russia (2019) de la chaîne singapourienne CAN interroge ici la dualité géopolitique sino-russe en Asie centrale, entre rivalité et coopération.

Lire aussi sur Novastan: De dictature et de glaciers : l’Asie centrale selon YouTube France

Novastan décerne une mention spéciale au trop méconnu « Ouzbekistan, Tadjikistan, URSS, les Conflits de l’Asie Centrale au XXe Siècle » (1990), du documentariste et réalisateur français Ludovic Segarra. Ce documentaire a été achevé au cours du processus d’effondrement de l’Union Soviétique et avant le début de la guerre civile tadjike, et présente une compilation d’archives exceptionnelles dont certaines datent du début des années 1920, et s’emploient à mener une recherche des conflits en Asie centrale durant l’époque soviétique. Bien que vieux de plus de 35 ans, le film évoque avec préscience les problématiques écologiques, de la question de l’eau aux déchets radioactifs au Tadjikistan ou générés par la production de l’alumunium. Il constitue alors un témoignage extrêmement utile à la compréhension de conflits contemporains, mais porte en outre une mémoire et une trace bouleversante de blessures souvent mal refermées des générations successives.

L’Asie centrale comme inquiétude

Enfin, le phénomène du terrorisme islamiste qui traverse l’Asie centrale constitue un autre sujet récurrent des documentaires. Partir pour la Syrie ou l’Afghanistan afin de rejoindre les rangs de l’Etat Islamique ou d’une autre organisation terroriste constitue d’ailleurs une des manières, pour les populations, de partir de pays d’Asie centrale où il est parfois difficile de bâtir un avenir. Ce thème rejoint donc celui du départ des jeunes. Il y est question d’êtres absents, ou disparus, dont ne connaît parfois pas le sort avec certitude.

Envie d'Asie centrale dans votre boîte mail ? Inscrivez-vous gratuitement à notre newsletter hebdomadaire en cliquant ici.

Asie Centrale, l’appel de Daech, (2020) réalisé par Gulya Mirzoeva pour la chaîne français Arte, est centré sur la figure de Goulmourod Khalimov, colonel des forces spéciales tadjikes devenu ministre de la Guerre au sein de l’Etat Islamique, après un départ brutal de ses fonctions.

Le récent reportage de l’émission Enquête Exclusive (M6) sur la menace islamiste au Tadjikistan, diffusé le 23 mars 2025, explore également la thématique. En dépit du titre un peu sensationnaliste, le propos du documentaire ne se limite pas à des considérations sécuritaires faisant appel aux angoisses du spectateur, mais montre au contraire des facettes très diverses du pays, et met en avance la richesse culturelle du Tadjikistan et sa diversité ethnique. Le film tente de comprendre le postionnement géopolitique de Douchanbé, et présente une esquisse de sa situation économique. La question du terrorisme est envisagée, avec une incursion en Afghanistan. Peu envisageable il y a une dizaine d’années sur un format de ce type, ce documentaire a le mérite d’apporter un éclairage sur le Tadjikistan pour un public peu familier avec l’Asie centrale.

Not in Our Name – The Spread Of Extremism In Central Asia (2018), produit par Radio Free Europe (média américain financé par le Congrès), apporte un complement utile aux deux précédents, dans la mesure où il est en grande partie réalisé par des centrasiatiques pour des centrasiatiques. Plusieurs familles concernées par le départ d’un proche sont ainsi interrogées.

Jonathan Bonjean

Rédacteur pour Novastan

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout ! Si vous avez un peu de temps, nous aimerions avoir votre avis pour nous améliorer. Pour ce faire, vous pouvez répondre anonymement à ce questionnaire ou nous envoyer un email à redaction@novastan.org. Merci beaucoup !

Commentaires

Votre commentaire pourra être soumis à modération.