Kourmanbek Bakiev est le deuxième président de l’histoire du Kirghizstan indépendant. Malgré son engagement à respecter la Constitution et les lois mais aussi à garantir les libertés des citoyens, ses cinq années au pouvoir ont été marquées par un autoritarisme strict et violent, loin de ses promesses. Jusqu’à ce que le président soit renversé en 2010.
Novastan reprend et traduit ici un article publié le 7 avril 2022 par le média kirghiz Kloop.
Lors de son investiture en août 2005, Kourmanbek Bakiev s’est engagé à « respecter et protéger la Constitution et les lois » de la République et à « respecter et garantir les droits et libertés de tous les citoyens du pays. » Toutefois, ses cinq années au pouvoir ont été marquées par des assassinats politiques, la persécution de l’opposition, ou encore la corruption, l’autoritarisme bien ancré et un gouvernement de clan familial. Doté d’une longue expérience dans le service public, il a été membre du Conseil Suprême et Premier ministre. Il prend, en 2004, la tête du Mouvement populaire uni de l’opposition, lequel regroupait les forces politiques anti-Askar Akaïev.
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Après la chute du régime d’Askar Akaïev, suite à la Révolution des tulipes, Kourmanbek Bakiev est nommé président par intérim, puis Premier ministre du pays. « Ni la Russie, ni l’Amérique ne sont impliquées dans la préparation de la révolution au Kirghizstan. Il s’agit d’une révolution nationale, tant dans sa forme que dans son contenu. C’est le résultat de ce qui s’est passé dans le pays ces dernières années. C’est ce qui arrive quand les autorités n’écoutent pas leur propre peuple », a déclaré le président en mai 2005, au sujet du renversement de son prédécesseur.
Des élections largement remportées
Le pays a organisé le 10 juin 2005 une élection présidentielle dans laquelle Kourmanbek Bakiev est arrivé largement en tête. Il n’y a eu pratiquement aucune opposition. En effet, son principal rival, Felix Koulov, s’est allié à lui après avoir reçu la promesse du poste de Premier ministre. Ainsi, le chef d’Etat a remporté l’élection avec près de 89 % des voix. Toursounbaï Bakir Ouulou suit avec 3,93 % des voix.
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Par la suite, il remporte un second mandat en 2009. Il obtient plus de 76 % des voix. Ses opposants, Almazbek Atambaïev et Jenichbek Nazaraliev, ont toutefois allégué une fraude généralisée dans la préparation et le déroulement de l’élection. Almazbek Atambaïev a affirmé que des menaces physiques avaient été proférées à l’encontre de sa famille, qui a dû être envoyée à l’étranger.
Usurpation de pouvoir
La réforme constitutionnelle a été l’un des éléments déclencheurs de la Révolution des tulipes. Cependant, Kourmanbek Bakiev ne ressentait pas la nécessité d’apporter des changements. Il était satisfait de la Constitution « super-présidentielle » et, « ayant renforcé son pouvoir, il a réécrit la loi fondamentale à sa manière », note Radio Azattyk, la branche kirghize du média américain Radio Free Europe. En novembre et décembre 2006, un groupe de députés de l’opposition a rédigé et adopté deux versions de la Constitution. Toutefois, le 14 septembre 2007, la Cour constitutionnelle a annulé ces versions, et la Constitution de 2003 adoptée par Askar Akaïev est entrée en vigueur.
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En novembre de la même année, un référendum a été organisé pour adopter une nouvelle version de la Constitution. En vertu de ces amendements, le nombre de députés a été réduit à 90 et un système proportionnel d’élections parlementaires a été introduit. De plus, le Conseil Suprême s’est vu confier des fonctions de contrôle. Néanmoins, le parlement ne disposait pas de pouvoirs particulièrement étendus. Le président s’est réservé le droit de révoquer le cabinet des ministres et son chef sur la base d’une requête. Ensuite, il s’est octroyé la possibilité d’initier des projets de loi et de disposer d’un droit de veto. Enfin, il pouvait déterminer la politique étrangère.
Un pays entier sous le clan familial
Selon le politologue Mars Sariyev, Kourmanbek Bakiev avait créé un régime autoritaire dans lequel ses proches régnaient sans partage. Sous son gouvernement, Marat, son fils aîné, a occupé le poste de vice-président du Service national de sécurité (SNB). De plus, Maxim Bakiev et son frère cadet, Janych Bakiev, sont devenus les hommes les plus puissants du pays. Le premier dirigeait l’Agence centrale pour le développement, l’innovation et l’investissement (TsARII), tandis que le second dirigeait le Service de protection de l’Etat.
Maxim Bakiev a été accusé de contrôler toutes les affaires du pays. Par exemple, à la suite d’appels d’offres pour la vente de grands blocs d’actions dans 13 grandes entreprises kirghizes telles que l’aéroport international de Manas, Kyrgyztelecom, Severelectro, Kyrgyzgaz et d’autres, celles-ci ont été placées sous la gestion fiduciaire de la holding kirghize MGN Group. Son directeur général était le citoyen américain Yevgeny Gourevitch, un proche partenaire commercial de Maxim Bakiev. Cette holding est devenue un partenaire majeur du Fonds de développement du Kirghizstan qui était géré par la TsARII.
La redistribution des biens du pays entre les membres de la famille Bakiev
Le journaliste Tourat Akimov note que les Bakiev contrôlaient toutes les sphères du pays, même la criminalité. « Seul son frère Janych Bakiev était apte à jouer un tel rôle [contrôler la criminalité]. Parallèlement, la question du développement économique du pays, que Kourmanbek Bakiev a confié à son fils, garde toute son importance. C’est ainsi que son « bras droit » Janych et son « bras gauche » Maxim sont devenus puissants au Kirghizstan », a-t-il déclaré au média russe Sputnik.
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« Voici une liste non exhaustive des profits du clan : la redistribution des biens après l’arrivée au pouvoir, la dilapidation des ressources en eau et en énergie, l’utilisation abusive des prêts alloués par Moscou, l’accord non rentable du pays sur le site de Koumtor, le blanchiment de l’argent « sale » du monde entier par Maxim et par un groupe financier international, l’introduction de la fameuse taxe de 60 tyjyns (0,007 euros) pour la connexion au réseau de téléphonie mobile. En d’autres termes, elle a pris le contrôle de presque tout le pays. Les marchandages autour de la base aérienne de Gansi et la tentative de manigance entre les deux puissances du monde : la Russie et les Etats-Unis, doivent également être mentionnés. Tout cela a conduit au renversement de Kourmanbek Bakiev, qui, ne voulant pas abandonner le pouvoir, a fait couler le sang des citoyens », souligne Mars Sariyev.
Meurtres en série
Le gouvernement de Kourmanbek Bakiev a été responsable d’une série d’assassinats de personnalités connues, souligne Radio Azattyk. Depuis 2005, le député Jyrgalbek Sourabaldiyev, le cascadeur Ousen Khoudaïbergenov, le député Baïaman Erkinbaïev, le sportif Raatbek Sanatbaïev, les députés Sanjar Kadyraliyev et Tynchtykbek Akmatbaïev et le chef criminel Rysbek Akmatbaïev ont été tués.
Le meurtre du journaliste Guennady Pavliouk a été l’une des affaires les plus médiatisées. Il a été jeté du sixième étage d’un immeuble d’habitation à Almaty en 2009. Ses pieds et ses mains étaient ligotés avec du ruban adhésif. Le journaliste est resté dans le coma pendant six jours et n’a jamais repris connaissance. Les proches et les associés de ce dernier ont établi un lien entre le meurtre et ses activités professionnelles. Selon eux, il serait question de raisons politiques.
Les services de sécurité impliqués
En mars et en avril 2010, les hommes politiques Omourbek Tekebaïev et Almazbek Atambaïev déclaraient ouvertement que les services de sécurité kirghiz étaient derrière le meurtre du journaliste. « Certaines agences de sécurité ont été transformées en structures semi-criminelles de facto pendant les années de gouvernement des Bakiev, et surtout lors des dernières années. Des unités chargées de l’élimination et de l’intimidation des indésirables ont même été créées. Nous savons que Pavliouk, un journaliste d’Almaty, a été tué par nos services de sécurité, par une telle unité criminelle », a déclaré Almazbek Atambaïev en juin 2010.
Toujours en 2010, les forces de l’ordre kazakhes ont arrêté Aldaïar Ismankoulov, un ancien employé du Comité d’Etat pour la sécurité nationale (GKNB), accusé d’avoir tué le journaliste Guennady Pavliouk. Un tribunal a ensuite jugé qu’il était à l’origine de l’enlèvement et du meurtre du journaliste et l’a condamné à 17 ans de prison.
Le meurtre brutal de hauts fonctionnaires du régime
L’ancien chef de l’administration présidentielle Medet Sadyrkoulov et l’ancien chef de l’Institut international d’études stratégiques Sergueï Sleptchenko sont également considérés comme des victimes du régime du président. Tous les deux ont été assassinés le 13 mars 2009. Selon la première version promulguée par les autorités de l’époque, leur jeep aurait été percutée par une Audi-100 blanche, après quoi le SUV aurait brûlé, prenant la vie des deux hommes et du chauffeur du véhicule, Koubat Soulaïmanov.
Omourbek Osmonov, chômeur originaire de la province d’Och, a été reconnu coupable de l’accident de voiture. Le tribunal l’a condamné à 12 ans d’emprisonnement dans un centre pénitentiaire. Finalement, l’homme a été tué à la suite des évènements d’avril 2010.
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Ce meurtre brutal n’a été révélé qu’après le renversement du clan Bakiev en avril 2010. Les frères Bakiev ont été accusés d’avoir organisé le meurtre de Medet Sadyrkoulov, lequel menaçait de renverser les Bakiev. Janych Bakiev, par contumace, a été condamné à la réclusion à perpétuité pour cette affaire.
Des meurtres dissimulés en accident
Selon les enquêteurs, la voiture de la victime a été interceptée par des policiers et des agents des services de sécurité de l’Etat. L’homme politique a été emmené dans la datcha de l’ancien chef de l’administration présidentielle. Ensuite, il a été torturé et tué, puis son accident a été mis en scène. Selon les enquêteurs, Janych Bakiev a personnellement donné l’ordre de tuer l’ancien chef de l’administration présidentielle. Le jugement du bureau du procureur général stipule que « après avoir passé à tabac Medet Sadyrkoulov et Sergueï Sleptchenko, [Janych] a donné l’ordre de les tuer avec Koubat Soulaïmanov, en disant : « Achevez-les ». »
La tentative d’assassinat du journaliste Sirgak Abdyldaïev a eu lieu dix jours avant le meurtre de Medet Sadyrkoulov. Le journal hebdomadaire Reporter Bichkek, où travaillait le journaliste, était considéré comme un journal d’opposition. Des inconnus l’ont poignardé plusieurs dizaines de fois et lui ont fracturé les bras et les jambes.
Fusillade sur des civils à Aksy
En 2002, les habitants du village de Bospek à Aksy, dans la province de Jalal-Abad, ont manifesté contre le transfert de certaines parties du territoire kirghiz à la Chine. Les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur les manifestants, tuant six personnes. Les autorités tiraient contre des citoyens non armés pour la première fois dans l’histoire du Kirghizstan indépendant.
Ces troubles sont dus à l’arrestation par les autorités d’Azimbek Beknazarov, un autre député d’Aksy. Ce dernier avait alors critiqué le président Askar Akaïev quant à l’accord avec la Chine sur la délimitation de la frontière d’Etat entre les deux pays. Le nom de celui qui a donné aux policiers l’ordre de tirer sur les citoyens n’est toujours pas connu. À ce moment-là, selon Askar Akaïev, il se trouvait lui-même à l’étranger. Du temps où il était au pouvoir, les autorités locales ont été rendues responsables des tirs sur les manifestants.
L’administration présidentielle demande aux policiers de tirer sur les civils
A la suite de la fusillade d’Aksy, des informations selon lesquelles Amanbek Karypkoulov, alors chef de l’administration présidentielle, avait ordonné par téléphone à la police de tirer, ont fait surface.
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Mais, selon Azimbek Beknazarov, devenu procureur général après la révolution de 2005, des documents relatifs aux opérations Typhon (contrôle des émeutes) et Bourane (protection des bâtiments administratifs) ont été signés par le Premier ministre de l’époque, Kourmanbek Bakiev.
« Ces documents ont été découverts en 2005, lorsque, en ma qualité de procureur général, j’ai repris l’enquête sur les évènements d’Aksy. Nous avons à peine réussi à en disposer car elles étaient classées secrètes. J’ai alors dit [à Kourmanbek Bakiev] : « Il s’avère que vous avez signé ces documents, donc vous devez passer un interrogatoire. » Cependant, il a continué à promettre : « Oui, je me présenterai aux interrogatoires. » Il a traîné des pieds et, finalement, cinq mois plus tard, il m’a démis de mes fonctions [de procureur général]. L’enquête a été suspendue. Néanmoins, Kourmanbek Bakiev n’est pas resté impuni pour ce qu’il a fait. En 2010, alors que j’étais membre du gouvernement provisoire, j’ai à nouveau ouvert le dossier et porté plainte contre lui pour ce motif précis, qui a abouti à une condamnation par contumace », a déclaré Azimbek Beknazarov à Radio Azattyk.
Les évènements d’avril
L’opposition a été harcelée par les autorités. Un bloc d’opposition, le Mouvement populaire uni (MPU), a vu le jour à la fin de l’année 2008. Il visait à évincer le président Kourmanbek Bakiev, à former un gouvernement provisoire et à adopter une nouvelle Constitution. Les dirigeants du mouvement incluaient Almazbek Atambaïev, Azimbek Beknazarov, Omourbek Tekebaïev, Temir Sariyev, Roza Otounbaïeva et Ismaïl Isakov.
Cependant, des membres du mouvement ont été arrêtés par les services de sécurité. Le leader du mouvement Pour la justice, Alikbek Jekchenkoulov, a été arrêté en 2009, tandis qu’Ismaïl Isakov a été condamné pour abus de pouvoir.
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Le 17 mars 2010, la Communauté des Etats indépendants (CEI) a organisé un kurultai(assemblée traditionnelle, ndlr) du peuple devant le bâtiment du Forum des médias à Bichkek. Par la suite, des kurultai ont été planifiés dans d’autres régions du pays, mais les autorités s’y sont opposées.
Escalade des violences
À Talas, le kurultai devait avoir lieu le 6 avril. Peu avant, les vice-Premiers ministres de l’époque, Iskender Aïdaraliev et Akylbek Japarov, ainsi que le chef du ministère de l’Intérieur, Moldomousa Kongantiyev, sont arrivés dans la région avec des forces de police supplémentaires. Les tensions se sont intensifiées, les manifestants ont commencé à lancer des pierres sur la police et des affrontements ont éclaté. Les manifestants ont fini par brûler le bâtiment de l’administration régionale.
« Les autorités locales ont fait usage de la force et de gaz lacrymogène à l’encontre des personnes qui venaient exprimer leur mécontentement – cela a renforcé la résistance de la population, et les habitants des villages environnants ont commencé à arriver en ville.Les rassemblements contre les Bakiev ont donc commencé à Talas », se souvient l’actuel député Janar Akaïev, qui était journaliste à l’époque et a couvert tous les événements.
Arrestation des opposants
Dans la nuit du 6 au 7 avril 2010, les services de renseignement ont arrêté la plupart des dirigeants de l’opposition de Bichkek, soupçonnés d’avoir organisé des émeutes. Parmi eux : Almazbek Atambaïev, Temir Sariyev, Omourbek Tekebaïev et d’autres. Roza Otounbaïeva, dont la localisation avait été masquée, avait quant à elle pris la fuite. Le matin du 7 avril, le Premier ministre de l’époque, Daniyar Ousenov, a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a qualifié les évènements de Talas « d’action planifiée » et les manifestants de « bandits ». Il a ensuite assuré que la situation reviendrait à la normale.
Mais les représentants de l’opposition se rassemblaient déjà près du bâtiment du Forum des médias. Les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. En réponse, les manifestants se sont mis à jeter des pierres sur la police.
Plusieurs bâtiments dans la ligne de mire
Les manifestants sont partis à l’assaut de la Maison blanche à 13 heures. Des coups de feu ont été entendus sur la place et la police a tiré des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des bombes fumigènes. Des affrontements ont alors éclaté.
« Après avoir dispersé la police, les manifestants se sont approchés de la Maison blanche et ont dévissé les grilles. Environ 10 à 15 personnes munies de drapeaux sont entrées par la brèche et ont été abattues par des snipers en l’espace de quelques secondes. Ils étaient les premiers à être tués. Puis le carnage a débuté. Les snipers ont d’abord tiré sur tout le monde à l’intérieur du périmètre de la Maison blanche, mais lorsqu’ils ont vu que les gens ne se dispersaient pas, ils ont commencé à tirer sur les personnes qui se tenaient derrière la clôture », rapporte l’agence de presse kirghize AKIpress.
À 14 heures, les manifestants ont pris d’assaut le bâtiment du Service national de sécurité de l’Etat et relâché les militants de l’opposition détenus. Entre 16 heures et 18 heures, les manifestants ont pillé et incendié le bâtiment du bureau du procureur général, puis ont pris d’assaut le bâtiment du Conseil Suprême. Kourmanbek Bakiev a quitté la Maison blanche vers 20 heures et s’est rendu dans le sud du pays. Cela a été un tournant décisif à la suite duquel le reste des employés a commencé à s’enfuir, note AKIpress.
Le pouvoir aux mains de l’opposition
Les pillages ont commencé à Bichkek. Le 8 avril suivant, le pouvoir du pays revient à l’opposition, le gouvernement provisoire est alors instauré.
Roza Otounbaïeva devient présidente et Almazbek Atambaïev vice-président. Azimbek Beknazarov est nommé à la tête des tribunaux et du bureau du procureur, Omourbek Tekebaïev est chargé de la réforme constitutionnelle et des lois et Temir Sariyev est chargé des finances. Ismaïl Isakov devient ministre de la Défense par intérim et Bolot Cherniyazov ministre de l’Intérieur.
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Le 19 mars 2011, un décret du gouvernement provisoire a nommé Roza Otounbaïeva présidente par intérim jusqu’au 31 décembre 2011. Sa nomination a été soutenue par un référendum sur les amendements constitutionnels le 27 juin de la même année.
Hommage aux victimes
Un monument commémorant les personnes tuées lors des évènements d’Aksy et de la révolution d’avril a été inauguré en avril 2012 sur la place Ala-Too. Selon les auteurs, le monument noir et blanc symbolise la victoire du bien sur le mal.
Une inscription dorée apparaît sur la partie blanche du monument : « À la mémoire des personnes tuées en 2002 à Aksy et en avril 2010 pour la liberté de la nation. Pour ceux qui ont donné leur vie pour la liberté du peuple, qui sont devenus immortels par leurs actes, qui sont morts pour l’avenir du pays. »
Une affaire pénale contre Kourmanbek Bakiev
Kourmanbek Bakiev et sa famille ont fui au Bélarus, où il vit encore aujourd’hui. Des poursuites pénales ont été engagées contre lui et des membres de son clan au Kirghizstan. L’ancien président a été condamné par contumace à 30 ans de prison, dont 25 dans un centre pénitentiaire de haute sécurité. Le Kirghizstan cherche à obtenir son extradition et celle des membres de son clan depuis une décennie, en vain.
« Le bureau du procureur général a envoyé une lettre. Mais le Bélarus refuse, il n’y a donc aucune possibilité de les renvoyer dans le pays », a affirmé le procureur général Kourmankoul Zoulouchev au Parlement le 6 avril 2022.
Sadyr Japarov, le président actuel, a déclaré dans son discours du 7 avril dernier sur la révolution de 2010 que « des compatriotes braves et courageux avaient renversé un gouvernement corrompu. »« En analysant minutieusement les évènements d’Aksy, les révolutions populaires de mars et d’avril, et en tirant les leçons de ces évènements, nous ne permettrons aucune tentative d’empiéter sur la volonté du peuple », a-t-il ajouté.
Moundouzbek Kalykov
Journaliste pour Kloop
Traduit du russe par Alexandra Béroujon
Édité par Chloé Renard
Relu par Charlotte Bonin
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