Le Lonely Planet a propulsé le Kirghizstan parmi les cinq premières destinations à visiter en 2019. Le célèbre guide de voyage indique que le pays « est en train de devenir l’une des principales destinations des voyageurs en quête de nature préservée ».
Novastan reprend et traduit ici un article paru le 22 novembre 2019 sur notre version allemande.
Est-ce la cause ou la conséquence ? Depuis que le guide de voyage australien Lonely Planet l’a classé dans le top cinq des destinations à visiter en 2019, 1,4 million de touristes venus du monde entier ont visité l’Etat montagneux et enclavé.
Selon le Comité des statistiques de la République kirghize, il n’y avait qu’un million de visiteurs en 2011. Pour les années à venir, le programme de développement du tourisme de la République kirghize prévoit une augmentation du nombre de visiteurs.
La croissance du secteur touristique a été favorisée par la suppression du visa pour de nombreux pays et l’introduction du visa électronique pour les autres pays. Par ailleurs, la mondialisation, accompagnée d’une progression du tourisme mondial, en particulier en Asie et dans le Pacifique, expliquent également ce constat.
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La plupart des touristes au Kirghizstan viennent des pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI) tels que le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et la Russie.
Le lac Issyk-Koul, destination la plus prisée
Parmi les pays européens, l’Allemagne et la France sont les plus représentés en termes de touristes, comme l’indique Fabien Selosse, qui travaille pour l’agence de voyage Nomad’s Land à Bichkek. « Un nombre croissant de touristes viennent également de l’Asie du Sud-Est […] et des États du Golfe » car, selon lui, « le Kirghizstan est assez central et relativement bien desservi par les liaisons aériennes. ».
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70 % des touristes se rendent au lac Issyk-Koul, quand 30 % des visiteurs se disent séduits par la randonnée selon une étude. Les Jeux mondiaux nomades, qui ont eu lieu en 2014, 2016 et 2018 à Issyk-Koul, sont aussi un attrait majeur de la région et ont joué un rôle important dans l’augmentation du nombre de visiteurs.
« J’ai la chair de poule chaque fois que je pense au voyage »
Originaire de Vienne en Autriche, Jovana, 25 ans, a découvert le Kirghizstan pour la première fois en 2018. « Ce que j’ai le plus aimé au Kirghizstan, c’est la combinaison de la nature, qui a en partie été laissée sauvage, par exemple les chevaux en liberté et aussi l’hospitalité et la mentalité des personnes qui vous accueillent à bras ouverts et qui s’intéressent vraiment à nous », explique l’étudiante.
Jovana a été motivée, entre autres, par la tenue des Jeux mondiaux nomades. Elle s’est ensuite rendue au lac en altitude de Son Koul, dans le centre du pays, dont elle avait eu connaissance sur Internet avant son voyage. « J’ai la chair de poule chaque fois que je pense à ce voyage », se souvient-elle aujourd’hui.
Le tourisme, une économie importante
Le tourisme est l’une des industries prioritaires du pays. De plus en plus de Kirghiz travaillent dans ce secteur dont l’essor profite principalement aux habitants des localités les plus éloignées. Selon les statistiques kirghizes, le taux de chômage au Kirghizstan en 2018 était de 6,2%. Cependant, on estime que le nombre de chômeurs de longue durée est beaucoup plus élevé, car les statistiques ne couvrent que les chômeurs inscrits.
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Les villageois kirghiz travaillent principalement dans l’agriculture mais depuis la croissance de l’industrie du tourisme, des infrastructures ont été créées pour les voyageurs étrangers dans certains villages. La saison estivale est la plus importante pour les locaux car la majorité des visiteurs viennent à cette période de l’année.
Ceux-ci constituent une source de revenus supplémentaire pour certains villageois qui peuvent proposer un hébergement, de la nourriture ou une assistance de voyage. Certains s’appuient aussi sur des relations de long terme avec des agences de tourisme : « Dans le village de Kyzyl-Tuu, dans la région d’At-Bachi, nous avons un coordinateur local qui possède sa propre maison d’hôtes et organise si nécessaire des transferts en voiture ou à cheval par exemple. C’est une rémunération supplémentaire », explique l’expert du tourisme, Fabien Selosse.
Perspectives
En hiver, des skieurs locaux et étrangers viennent tester la poudreuse du Kirghizstan. L’organisation de développement suisse Helvetas a lancé en 2019 un projet décennal pour le développement d’un tourisme hivernal durable dans le pays centrasiatique. L’objectif est également d’améliorer les infrastructures et l’offre.
Le ministère kirghiz du tourisme est également à pied d’œuvre pour la promotion du tourisme. Fabien Selosse a « l’impression que le Kirghizstan est en train de développer une image, une réputation au sein de la communauté des voyageurs afin de recevoir de plus en plus de touristes. »
Néanmoins, des défis de taille persistent. Les infrastructures de transport du pays sont mauvaises. Les principales liaisons routières se font par bus, avec les « Marchroutki », taxis collectifs sous la forme d’un minibus, ou en taxis.
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De plus, les options d’hébergement, surtout dans les zones rurales, ne sont pas toujours visibles pour les touristes étrangers. « J’ai pu trouver des auberges lors de mon voyage mais pas autant qu’à Bichkek », se souvient Jovana.
Les infrastructures doivent donc se développer en conséquence afin de répondre aux attentes de ce nouveau tourisme en essor, surtout que les exigences diffèrent en fonction des groupes de touristes. Alors que les Occidentaux veulent visiter un Kirghizstan « authentique », les visiteurs d’Asie du Sud-Est et des Etats du Golfe, pour leur part, accordent davantage d’importance à la qualité des infrastructures. « Nous avons donc besoin d’une vraie authenticité mais aussi de luxe de bonne qualité », résume Fabien Selosse.
Cependant, étant donné les nombreux problèmes écologiques, des efforts seront consentis pour que le développement touristique ne se produise pas aux dépens de la nature : « Une autre perspective future est la conservation de la nature dans tous les cas. C’est un point crucial compte tenu de la fonte des glaciers, de la pollution atmosphérique et des nombreux déchets plastiques. », conclut le professionnel du tourisme.
Sara Derbishova
Journaliste pour Novastan à Vienne (Autriche)
Traduit de l’allemand par Manon Mazuir
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Françoise fressonnet, 2019-12-24
A propos de l article sur le tourisme au Kirghizstan.
Connaissez vous l agence de voyages Ultimate aventure, qui a également une maison d hôtes a Bichkek. Si non, allez regarder leur site en détail, ils ont une politique et une éthique en matière de tourisme, d emploi, tout à fait intéressantes et valent la peine que l on parle d eux.
Cordialement
Françoise
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