Boris Golender racontait en 2015 l’histoire de la cathédrale catholique du Sacré-Cœur-de-Jésus, centre de l’administration apostolique d’Ouzbékistan, située au cœur de la capitale. L’équipe de Fergana News a filmé et retranscris ce cours donné par le spécialiste de l’histoire de Tachkent.
Novastan reprend et traduit ici un article publié le 11 septembre 2020 par le média russe spécialisé sur l’Asie centrale Fergana News.
La cathédrale catholique polonaise est sans aucun doute un monument important de Tachkent, la capitale ouzbèke, tant en termes d’architecture que d’histoire. Il semble étrange de trouver un édifice catholique en plein cœur des steppes asiatiques. Pourquoi a-t-elle été construite ici et quels liens entretient-elle avec la République d’Ouzbékistan ?
Il m’a semblé intéressant de raconter l’histoire de cette curiosité touristique, connue de tous les habitants de Tachkent comme une ruine pittoresque.
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Cela fait déjà 100 ans qu’elle trône dans cette partie de la ville, au bord du canal Salar. Du côté de la berge la plus large, les allées Krioutchkovski et Kolarovski, comme elles se nommaient à l’époque, se rejoignent pour former la rue Joukov, aujourd’hui Azimov.
Au début du XXème siècle, un des missionnaires catholiques envoyés au Turkestan, le père Justin Pranaitis, y achète un terrain à une veuve du nom de Bibi-Mariam Nardbaïev. Il y construit une petite bicoque. A un angle, il aménage une petite chapelle catholique, ce que seules d’anciennes photographies permettent d’attester.
« Un petit coin de Pologne en Asie centrale »
Ce bâtiment consacré à la communauté polonaise n’existe plus depuis longtemps déjà. Une croix catholique à son fronton signalait la présence d’un lieu de culte. A sa place, à l’aile droite de la cathédrale, se trouvent désormais des logements.
Les Polonais qui vivaient là avaient leurs maisons éparpillées tout autour, avec l’école polonaise et les quartiers des prêtres. En somme, c’était un véritable petit coin de Pologne en Asie centrale. Difficile de croire que ces vestiges n’aient été détruits qu’à la toute fin du XXème siècle.
Jusqu’à assez récemment, des familles polonaises y résidaient encore. Il n’était pas rare d’entendre des noms de famille polonais. C’était par exemple la grand-mère Baptiou qui s’occupait du père Antoine, le dernier prêtre de la cathédrale avant longtemps, victime des répressions staliniennes dans les années 1930 : elle lui préparait ses repas.
Une diaspora voulue par les tsars
C’est donc précisément ici que commença la construction de la cathédrale, il y a presque 100 ans. Les interrogations sont nombreuses et notamment : comment se fait-il qu’ait ainsi été érigé une immense cathédrale catholique aux confins de ce qui était alors l’Empire russe orthodoxe ?
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Il se trouve tout d’abord que la diaspora polonaise au Turkestan était particulièrement conséquente. Ceci est lié au fait que le pouvoir tsariste ne faisait que très peu confiance à ses sujets issus des provinces polonaises et du Royaume de Pologne. Il s’est donc efforcé de les maintenir le plus éloigné possible de leur pays d’origine, et ce malgré la loyauté sans faille de certains membres de la diaspora.
Ils effectuaient leur service en Extrême-Orient, en Sibérie et au Turkestan. A une époque, pas loin d’un soldat sur deux servant dans les troupes impériales au Turkestan était d’origine polonaise. Il s’agissait aussi bien d’officiers et de généraux que de hauts fonctionnaires.
Aussi, rien d’étonnant à ce que sur les presque 40 000 habitants du quartier européen à la fin du XIXème siècle, près de 10 000 d’entre eux soient des catholiques.
La diaspora demande une église dès la fin du XIXème siècle
Pour l’essentiel, il s’agissait de Polonais issus des provinces occidentales de l’Empire russe. Il leur fallait bien sûr un service religieux, puisqu’ils étaient amenés à se marier, à enterrer leurs morts, à célébrer une grande variété de fêtes religieuses. Mais ils n’avaient pas de prêtre. En 1875, ils s’étaient déjà adressés à plusieurs reprises au gouvernement du Turkestan pour que leur soit construite une église.
Ces espoirs ne furent comblés qu’au début du XXème siècle. Un représentant du pape au Turkestan avait été nommé : un énergique professeur de langues anciennes de Saint-Pétersbourg, Justin Bonaventure Pranaitis.
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C’est dans cette optique qu’il acquit le terrain du passage Kolarovski et y construisit le bâtiment de la communauté polonaise, avant de commencer à collecter des fonds pour bâtir une grande cathédrale catholique. Ce fut une réussite.
Les débuts du chantier
Il racheta le terrain jouxtant le Salar à la compagnie Ivan Piervouchine et fils, très connue au Turkestan, et posa la première pierre de l’édifice que nous voyons aujourd’hui. Nous nous trouvons à droite de cet immense et remarquable bâtiment, qui donne le ton de l’architecture dans le quartier, à savoir la zone près du grand pont traversant le canal, autour du TachMI, l’actuelle faculté de médecine.
Le chantier a commencé en 1912. Aucune source sûre ne peut en indiquer l’origine, les documents n’ont pas été conservés.
J’ai eu l’occasion de voir des cartes postales, imprimées par des associations de bienfaisance dans les premières décennies du XXème siècle, qui représentaient des croquis de la façade suivant diverses orientations. Lequel d’entre eux a servi de point de départ au projet, personne ne le sait précisément.
Une architecture particulière
La cathédrale a été envisagée dès l’origine avec des contreforts, qui sont visibles aujourd’hui. Ils devaient soutenir les hauts murs en cas de séisme destructeur. En outre, elle devait être suffisamment haute, d’une quarantaine de mètres.
Il s’agissait d’une basilique : une unique nef centrale était prévu, mais avec beaucoup de sculptures et des avant-corps. Des vitraux dans le style néo-gothique, en vogue à l’époque, étaient envisagés. La nécessité de conserver des éléments architecturaux typiques du Turkestan se faisait néanmoins ressentir. Et c’est ce qu’il s’est passé.
Il a été suggéré de la construire en brique brunes-orangées typiques de la région. Mais ce projet fut rapidement abandonné pour des raisons qui restent encore inconnues à ce jour, et il a été décidé d’utiliser des blocs de béton. Il s’agit ainsi du premier bâtiment de Tachkent construit entièrement en béton et en ciment. Mais il a conservé de cette époque sa couleur, elle-même brun-orangé, tirant sur le gris.
L’accélération du chantier avec les guerres mondiales
Sa construction s’est accélérée avec les guerres mondiales. Il se trouve que le Turkestan regorgeait de prisonniers de guerre, parmi lesquels de nombreux catholiques.
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La plupart étaient d’anciens soldats et officiers de l’Empire austro-hongrois, capturés au cours de l’offensive Broussilov en 1916. Parmi eux se trouvaient des architectes et des ingénieurs particulièrement talentueux. Ils se sont activement investis dans la construction de cette cathédrale, voire en ont profondément transformé le projet.
La participation de sculpteurs maintenant reconnus
Certains noms nous sont connus. Il y avait ainsi le célèbre ingénieur en bâtiment et sculpteur en devenir, Igor Vsevolodovitch Krestovski, fils de Vsevolod Krestovski, l’Eugène Sue russe, écrivain connu en son temps et auteur des Secrets de Saint-Pétersbourg. Cet Igor Krestovski a suivi sa formation militaire à Tachkent avant de s’y rendre en vacances, puisqu’il étudiait à l’époque à Saint-Pétersbourg.
Ayant vu le chantier, il commença à s’intéresser à ce domaine et y fit la connaissance du sculpteur polonais Klokowicz. Né à Cracovie, ce dernier avait étudié à l’académie des Beaux-Arts de Munich. Il fut appelé aux armes au début de la Première Guerre mondiale, avant d’être fait prisonnier. De là, il a commencé à s’investir activement dans la construction de la cathédrale.
Des sculptures figuratives
Les sculptures de la cathédrale de Tachkent sont volontairement très figuratives.
Les constructeurs envisageaient d’orner la façade de 23 statues représentant des saints catholiques ainsi que les évangiles. Sur quatre marches encadrant l’entrée principale étaient assis les apôtres, chacun avec leurs attributs : saint Marc et son lion, Matthieu, Jean et Luc.
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Les cryptes souterraines en sont également pourvues. Il y en a de la balustrade aux corniches et sur tout le pourtour supérieur du bâtiment. Toutes semblent avoir été réalisées à partir du même sable noir. En réalité, elles ont été modelées dans du béton.
Des statues détruites
Bien que la cathédrale ait été conçue avec une nef unique, elle était couronnée de trois croix, comme le mont Golgotha. Les deux croix extérieures représentant la crucifixion ont été volées et la troisième, au centre, n’a pas été installée avant 1917.
Toutes les sculptures ont pourtant été détruites dans la décennie qui a suivi. Aucune n’a survécu. Il nous est désormais difficile de nous représenter ces 23 saints de 2 à 2,5 mètres de haut, délicatement ouvragés dans ce matériau friable. Ils faisaient un magnifique spectacle.
Malheureusement, il n’en existe que quelques photographies de très mauvaise qualité. Deux bas-reliefs nous sont néanmoins parvenus de cette époque, que l’on a d’ailleurs décidé de ne pas toucher.
Comment ont-ils pu nous arriver en aussi mauvais état ? Les reconstructeurs de la cathédrale ont tout simplement estimé qu’ils témoignaient des années difficiles de l’édifice, et qu’il valait mieux les laisser tels quels.
La cathédrale laissée à l’abandon
L’édifice était prêt pour l’année 1917. Cependant, la mort de Justin Pranaitis, à la tête de la paroisse du Turkestan, va ouvrir une période de bouleversements. La cathédrale n’entrera pas en service.
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Elle se transforme peu à peu en une sorte de débarras à l’usage de toutes sortes d’organisations, une immense ruine surplombant le Salar, comme s’en souviennent des générations entières d’habitants de la capitale.
Un sujet pour les artistes de Tachkent
Il existe même un très court poème magnifique, incisif, du grand amoureux de Tachkent et poète Alexandre Arkadievitch Feinberg, consacré à son enfance pendant la période de l’après-guerre. Il habitait d’ailleurs ce quartier. Le poème s’intitule Myosotis et se termine sur ces vers :
« Il ne me reste de toi
Que cette immensité gravée dans ma mémoire,
Où à travers les pierres noires de ses ruines
A travers ces cendres témoins du passé
Poussent vers le ciel, vers la vie
Les bourgeons amers des dernières visions,
Les fleurs bleues du champ de bataille »
Les rénovations des années 1990
La cathédrale est donc restée en l’état jusqu’aux années 1990, où la décision a finalement été prise de la rénover. Cela concernait en particulier son orgue : le projet était de transformer la cathédrale en une immense salle de concert.
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Bien qu’il ne réponde pas vraiment aux critères d’une salle de concert, ce bâtiment possède en effet une acoustique fantastique. Ainsi, la restauration a démarré à la fin des années 1980 sous l’égide de l’architecte Léon Adamov. Cependant, l’opération n’a pas pu être menée à son terme, et après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, la cathédrale a été remise à l’évêché.
L’intérêt porté à cet édifice par le pape Jean-Paul II a eu son importance. Jean-Paul II prit très à cœur la restauration de la cathédrale de Tachkent, pour laquelle il avait une réelle affection.
Il y participa activement, tout comme de nombreux autres croyants, issus non seulement de la paroisse mais aussi de nombreux autres pays catholiques, en particulier ceux possédant une ambassade ouverte à Tachkent. C’est ainsi que la cathédrale polonaise commença progressivement à renaître dans les années 1990.
L’importance de la crypte
Comme l’exige toute cathédrale de cette stature, la crypte était un chantier prioritaire. Il s’agit d’un sous-sol aménagé à la mémoire des premiers chrétiens, persécutés par l’empereur romain, qui se cachèrent dans les catacombes. Elle a été consacrée, réaménagée, avant d’entrer en service au début des années 1990.
En 1992, le moine Krzysztof Kukulka y a été ordonné père supérieur des moines franciscains. Il est par ailleurs un poète remarquable, écrivant en polonais des vers à forte connotation religieuse. Ses écrits ont été traduits ici, à Tachkent. Il a participé à un des festivals internationaux de poésie, La petite route de la Soie, organisé au musée Sergueï Essenine de Tachkent.
Le père Kukulka a également été d’une importance capitale dans la réhabilitation de cette cathédrale. Il a petit à petit redressé puis décoré les murs. Les travaux se poursuivent aujourd’hui.
« Un véritable centre communautaire »
Comme vous le savez, les églises catholiques sont ornementées et décorées sur des siècles entiers. Cette cathédrale-ci, baptisée en l’honneur du cœur le plus pur, celui du Christ, n’en est qu’à son premier siècle d’existence. L’intérieur est déjà somptueux.
Le troisième orgue de Tachkent y a été apporté et installé. C’est l’un des meilleurs qui puisse y résonner à ce jour. Il y a également la magnifique salle d’exposition saint Antoine, qui n’est utilisée qu’en des occasions très particulières.
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En plus du service, des concerts y sont également régulièrement tenus. Il s’agit d’un véritable centre communautaire. L’évêque Jerzy, actuellement à la tête de la paroisse, est également le représentant du Saint-Siège en Ouzbékistan.
Des aménagements continus
Comme vous pouvez l’entendre, des changements sont toujours en cours. Les aménagements se poursuivent, en témoignent ces magnifiques vitraux posés récemment. Ils ont été élaborés à partir de croquis créés par des artistes de Tachkent puis fabriqués en Pologne.
Les bas-reliefs intérieurs sont eux aussi sujets à des améliorations, de même que la décoration de la nef et de la crypte inférieure.
Le service a lieu chaque jour en trois langues : russe, anglais et coréen. Deux dimanches par mois, la messe a lieu en polonais pour honorer le rôle considérable que la diaspora locale a pu jouer, la « Polonia » de Tachkent.
Un livre sur la communauté polonaise de la région
L’année dernière, j’ai commencé à penser qu’il serait intéressant de raconter leur destin. Pas seulement en regard de cette cathédrale, mais surtout de l’histoire récente. Et c’est ainsi que naquit ce livre, publié en 2014, que j’ai appelé justement en latin Polonia Turkestaniana (La Pologne du Turkestan), sous-titré Histoire des Polonais d’Ouzbékistan.
L’ambassadeur de la République de Pologne en Ouzbékistan, Marjann Przezdecki, en a écrit la préface. Il y rappelle avec beaucoup de chaleur l’investissement du peuple et de l’État ouzbeks dans l’histoire des Polonais de Tachkent, ou « Polonia », comme on l’appelle. Ce terme désigne toute la diaspora polonaise qui vit en dehors de la Rzepospolita.
J’ai écrit pour la première fois sur la cathédrale de Tachkent en 1997. J’avais pu réunir quelques bribes d’informations à partir de nos archives, mais surtout à partir des dons et des récits de nombreux habitants, d’origine polonaise pour la plupart.
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A mon grand étonnement, les descendants de Polonais sont particulièrement nombreux. Ils se sont avérés essentiels dans l’enrichissement de notre culture, mais aussi de nos arts et de nos sciences.
Des personnalités connues d’origine polonaise en Ouzbékistan
C’est un géographe d’origine polonaise, Nikolaj Korzeniewski, qui a réalisé la première carte topographique du deuxième plus haut sommet du Pamir. Ce pic a été dénommé successivement Kaufman, Lénine et Abu Ali Ibn Sina.
Il y a également l’écrivain russe Vassili Grigorievitch Ian, auteur d’une étonnante histoire de l’Asie centrale, Gengis Khan. Rééditée tous les ans, elle existe en une quarantaine de langues. Il y relate l’histoire de l’Ouzbékistan lors de l’invasion mongole.
Anna Almatinskaïa a elle aussi sa place dans ce panthéon. D’origine polonaise par son père, exilé au Turkestan pour avoir participé à l’insurrection de janvier en 1863 à Varsovie, elle est l’auteure du célèbre roman Le Joug, qui parcourt l’histoire du Turkestan en trois tomes entre le milieu du XIXème siècle et le milieu du XXème siècle. Elle est l’une des plus anciennes écrivaines d’Ouzbékistan.
Beaucoup d’autres mériteraient d’être cités, comme l’archéologue Boris Kastalski. Ou encore l’organisateur de l’exposition du Turkestan de 1909, Valerian Dounine-Barkovski, également fonctionnaire de premier niveau et directeur de l’établissement Alekseïevski de Tachkent, où était enseigné le commerce.
La présence polonaise dans la culture et les faits militaires
Tant d’autres encore sont devenus les héros de ce livre, en particulier des Polonais contemporains, à l’image des membres du Salon Polonais. Ce centre culturel financé par l’État polonais a fêté ses 25 ans à la fin de l’année dernière.
Toutes ces personnalités ont d’une manière ou d’une autre contribué à l’histoire de l’Ouzbékistan en développant sa culture, ses sciences et son art.
Ce n’est pas tout à fait un hasard de l’évoquer aujourd’hui auprès de la cathédrale, puisque c’est ici que, en 1942, lors de la Seconde guerre mondiale, le général Wladyslaw Anders a constitué une armée de 100 000 hommes.
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Pour commémorer les 50 ans de la création de cette armée, une stèle fut inaugurée en 1992 juste ici, à côté de la cathédrale, en l’honneur des Polonais ayant combattu le fascisme.
Des paroissiens toujours plus nombreux
Cela nous en dit beaucoup sur la perception de cette histoire récente. Cette importance se traduit dans l’espace public par les monuments qui lui sont consacrés. On voit que cette bâtisse ancienne prospère aujourd’hui et contribue à l’enrichissement culturel de notre ville éternelle.
Cette salle est l’une des meilleures de Tachkent en termes d’acoustique et l’une des plus belles. Et tout ceci a été rénové et réhabilité au cours des 20 dernières années.
Nous pouvons filmer cette partie à l’intérieur de l’édifice grâce à la grande amabilité du père Jerzy, évêque et curé de cette cathédrale dont on peut apercevoir le blason sur l’autel. Cette salle est entrée en fonctionnement à la fin du XXème siècle, la crypte en 1994 seulement. Et les paroissiens continuent d’affluer, toujours plus nombreux.
Un symbole de tolérance
Il est absolument remarquable de voir combien Tachkent compte de facettes. La ville n’est pas seulement marquée par l’architecture antique musulmane et le modernisme du Turkestan colonial, témoin de l’époque soviétique avec ses bâtiments fonctionnels mâtinés d’excès staliniens, ou encore un géant de béton. Il y a aussi un Tachkent catholique.
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Dans cette dignité, on retrouve celle de notre terre et de notre peuple, capables d’ouverture et de compréhension.
Bien sûr, j’évoque la diaspora polonaise en Ouzbékistan à côté de cette cathédrale puisqu’elle constitue une part considérable de leur histoire. Mais elle joue également un rôle dans l’histoire la plus récente du pays, qui exerce une grande influence sur le Tachkent d’aujourd’hui.
Lorsque je reçois des invités, je ne manque pas de les amener ici, devant cette cathédrale catholique polonaise au bord du Salar. Car c’est aussi Tachkent ici. Cette ville sait être multiple. Et c’est cette tolérance qui est sûrement le point commun de tous ceux qui vivent dans ce coin de la planète.
La vidéo est disponible ici. Les cours de Boris Golender sur l’histoire de Tachkent sont disponibles sur la chaine YouTube de Fergana News.
La rédaction de Fergana News
Traduit du russe par Elizabeth Lallier
Édité par Paulinon Vanackère
Relu par Véronique Tapponnier
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