Avec leurs deux centres-villes classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, et nombreux projets en tête, les villes de Nice et de Samarcande ont décidé de s’unir pour un futur jumelage. A l’occasion de la visite d’Etat du président ouzbek en France au mois de mars, une délégation de Samarcande s’est rendue à Nice pour signer une lettre d’intention et mettre en œuvre ce projet.
Le jumelage entre Nice et Samarcande s’ancre dans le contexte de renforcement des relations entre la France et l’Ouzbékistan. Avec l’intensification des échanges économiques et commerciaux entre Paris et Tachkent, relancés depuis la guerre en Ukraine, ce nouveau projet ajoute une dimension culturelle au partenariat franco-ouzbek.
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Un contexte officiel pour des échanges diplomatiques
En effet, l’accueil d’une délégation de Samarcande par la municipalité de Nice le 15 mars 2025 allait de pair avec la visite d’État en France du président ouzbek, Chavkat Mirzioïev du 11 au 13 mars. Durant son séjour, le président ouzbek a notamment rencontré la maire de Paris, Anne Hidalgo, pour lui adresser des remerciements après avoir nommé une rue en l’honneur de Samarcande.
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A Nice, la lettre d’intention pour lancer le jumelage a été signée à l’hôtel de ville, en présence du maire Christian Estrosi et de la délégation de Samarcande. Parmi elle, se trouvaient Oybek Khamraïev et Djamchid Khaïdarov, vice-gouverneurs de la région de Samarcande en Ouzbékistan. Sheroz Sabirov, Premier vice-directeur du Département des Affaires, était également présent, ainsi que des représentants d’entreprises spécialisées dans le textile, le tourisme, l’informatique et l’intelligence artificielle.
Ce que ce jumelage pourrait impliquer
Les contours précis de futurs partenariats, culturels comme économiques, n’ont pas été communiqués. Intensifier des échanges culturels, touristiques, commerciaux, industriels et dans le secteur éducatif ouvre généralement la voie à plusieurs pans de coopération, comme le développement d’échanges scolaires et universitaires favorisant la mobilité, l’élaboration de circuits touristiques croisés, la création d’offres promotionnelles pour les habitants des villes jumelées, ou encore l’ajout symbolique de références d’un pays dans l’autre.
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Lors de cette rencontre, Christian Estrosi a souligné la nécessité d’en apprendre plus sur la transition écologique, vantant la participation de sa ville dans la Coalition des villes et régions littorales, un engagement pris en marge de la Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC).
La ville de Samarcande sous le feu des projecteurs
« Nice et Samarcande sont deux villes dont les noms font rêver à travers le monde » a déclaré le maire niçois dans la lettre d’intention. Mais la ville ouzbèke est davantage propulsée sous le feu des projecteurs depuis quelques années : en étant désignée comme la ville hôte des grandes rencontres diplomatiques en Ouzbékistan, elle est devenue un hub diplomatique du pays, avec l’accueil de nombreux sommets internationaux et visites d’Etat en Asie centrale.
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En effet, le sommet entre l’Union européenne et les pays d’Asie centrale a eu lieu cette année à Samarcande les 3 et 4 avril derniers, et s’est suivi d’un Forum climatique. Du 23 au 25 juin, Samarcande accueillera le prestigieux Forum de la fonction publique des Nations Unies 2025, tandis qu’en novembre, la cité historique des routes de la Soie sera l’hôte de la 43ème conférence générale de l’UNESCO.
Peu de jumelages entre villes françaises et centrasiatiques
Les jumelages entre les municipalités françaises et d’Asie centrale sont rares, par rapport aux centaines de jumelages que la France compte avec des pays européens ou africains. Rennes et Almaty ont signé un accord en 1991, suivi de Rueil-Malmaison et Boukhara en 1999. Nogent-sur-Marne et Kyzylorda sont à leur tour devenues villes jumelles en 2021.
La ville de Nice entretient d’ailleurs, depuis 2013, un jumelage avec une autre ville d’Asie centrale : Astana, la capitale du Kazakhstan. Dans le cadre de leurs échanges, elles ont notamment été amenées à préparer l’Exposition internationale d’Astana de 2017 en travaillant sur des sujets comme les technologies innovantes et la sécurité énergétique.
Aucune ville française n’est, en revanche, jumelée avec le Turkménistan et le Tadjikistan. Les jumelages entre villes s’expliquent du fait de liens historiques – c’est souvent le cas des villes frontalières – mais aussi par des intérêts économiques et politiques communs. Or, la France est moins proche des diplomaties tadjikes et turkmènes.
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Cependant, si une partie de la littérature décrit les jumelages comme de simples « coquilles vides”, sans réelle valeur ni impact concret sur les liens diplomatiques, les discours officiels s’accordent à présenter les jumelages comme des outils indispensables dans un contexte multipolaire marqué par des tensions géopolitiques croissantes. Dans la ville méditerranéenne, le maire de Nice a souligné avec fierté la contribution de sa ville à “une diplomatie française indépendante et souveraine”.
Emma Fages,
Rédactrice pour Novastan
Relu par Charlotte Bonin
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