L’idée de développer l’agrotourisme dans la région du Turkestan flotte dans l’air depuis déjà de nombreuses années. La région dispose d’un fort potentiel dans ce domaine, avec des centaines de rivières et de lacs purs, des monuments historiques et culturels, des parcs nationaux. Et plus important encore, cette province, forte d’une population accueillante et hospitalière, est parsemée de villages, plus communément appelés aouls, chargés de traditions et où la vie est paisible.Novastan reprend et traduit ici un article publié le 16 février 2022 par le média kazakh LivingAsia. Grâce à l’association publique UGAM, une des organisations non gouvernementales (ONG) les plus anciennes et expérimentées de l’oblast de Turkestan, et avec le soutien du programme de microfinancement du Fond pour l’environnement mondial (FEM), l’agrotourisme est désormais possible dans cette région. L’agrotourisme, qu’est-ce que c’est ? Secteur de l’industrie touristique, l’agrotourisme permet aux touristes de s’immerger dans le mode de vie rural, de se familiariser avec le travail des artisans, des agriculteurs, et de découvrir la culture et les coutumes locales.
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Ce genre d’activité est déjà pratiqué depuis longtemps en Europe, plus particulièrement en France et en Espagne. Des villages entiers y ont été créés, offrant aux visiteurs la possibilité de s’éloigner de l’agitation de la ville, de découvrir des produits plus respectueux de l’environnement, de respirer l’air pur et de s’essayer aux travaux agricoles. Lire aussi sur Novastan : Au Kazakhstan, deux éco-activistes de Bestobé jugés pour « incitation à la discorde sociale » L’agrotourisme a plusieurs avantages. Il favorise le développement de petites entreprises tout en ne nécessitant pas d’importants investissements et constitue une source de revenus pour la population rurale.
L’importance de l’agrotourisme dans la réhabilitation des terres
La majorité des terres arables et des pâtures de la province de Turkestan sont sujettes à la dégradation. Cela est en grande partie dû à la manière dont sont menées les activités agricoles sur ces sols.
De ce fait, le rendement des champs diminue, jusqu’à les rendre complètement inexploitables, affectant ainsi le niveau de vie des communautés locales. Les populations locales doivent être, par conséquent, en premier lieu impliquées dans les activités de réhabilitation des terres. Il est nécessaire de travailler directement avec les acteurs de l’agriculture : agriculteurs et propriétaires d’exploitations, jeunes entrepreneurs ruraux. Les agriculteurs pourront alors apprendre à maîtriser de nouvelles méthodes d’agriculture progressives, s’éloignant des techniques agricoles plus anciennes, utilisées jusqu’à présent. Ainsi, l’agrotourisme contribuera à sensibiliser à la protection de la nature et de l’environnement.
Un secteur prometteur
« L’agrotourisme demeure le moyen le plus prometteur pour aider les populations locales des aouls à vivre confortablement », selon Alikhane Abdechevitch Abdechev, président de l’ONG UGAM. « L’arrivée de seulement quelques touristes permettrait d’employer trois ou quatre habitants locaux. La propriétaire de la maison d’hôtes accueillera les touristes, préparera les repas, leur montrera comment elle s’occupe des animaux et comment elle effectue les tâches ménagères. L’hôte les guidera à travers les sentiers, et son fils les accompagnera lors d’une randonnée à cheval de longue distance », explique-t-il.
« Les touristes étrangers sont très curieux et s’intéressent à tout. Ils cherchent à comprendre notre mentalité kazakhe, ils veulent participer à tout et manger avec nous. Nous avons essayé d’organiser un repas européen pour eux, mais ils le refusent. Ils observent notre manière d’élever nos animaux. Ils assistent à la traite des vaches et des juments et y participent également », ajoute-t-il. Lire aussi sur Novastan : Tadjikistan : ce qui bloque l’essor du tourisme rural 59 familles d’agriculteurs et d’entrepreneurs individuels ont participé aux activités du projet UGAM. Ils ont aménagé des parcelles de démonstration sur leurs terres arables et ont adopté des méthodes écologiques. L’initiative démontre désormais les avantages environnementaux et socio-économiques des technologies agricoles durables.
Partenariat avec l’Université agricole de Turkestan
L’ONG UGAM a créé un centre de formation permanent, AgroEcoCenter, en collaboration avec l’Université agricole de Turkestan et la faculté d’agriculture de l’Université de Chymkent. L’AgroEcoCenter a formé 160 agriculteurs aux panneaux et capteurs solaires, à la gestion des serres, à l’irrigation au goutte-à-goutte, aux technologies permettant d’économiser l’eau ainsi qu’à bien d’autres techniques. La formation dispensée sur le site de l’Université agricole ne concerne pas seulement les agriculteurs. Les étudiants ont désormais la possibilité de se familiariser avec les nouvelles technologies, pratiques et méthodes de production végétale. Lire aussi sur Novastan : L’Ouzbékistan et le Turkménistan surconsomment leurs ressources en eau« La coopération entre notre établissement et l’ONG UGAM est très fructueuse et bénéfique », constate Timour Ormantchine, directeur adjoint de l’Université agricole de Turkestan. « Notre université comporte deux objectifs. Le premier est d’améliorer la qualité de l’enseignement, car aujourd’hui la région du sud est l’une des plus chaudes, et les agronomes de notre région ont d’énormes perspectives en termes de développement. Le second est de produire des produits écologiques propres et de haute qualité. Pour cela, nous avons été grandement aidés par l’UGAM avec le soutien du programme de microfinancement du FEM », ajoute-t-il.
Des sites de démonstration ont été, par conséquent, mis en place dans six exploitations agricoles de trois districts de l’oblast de Turkestan. Des plantes fourragères et oléagineuses y sont cultivées dans le but d’améliorer la fertilité des sols. Les agrotouristes qui séjournent dans ces fermes sont formés aux meilleures pratiques pour lutter contre la dégradation des sols. Plus de 200 visiteurs ont appris en pratique ce qu’était l’agrotourisme en participant aux activités sur ces sites. Le premier catalogue d’agrotourisme dans la région de Turkestan a été publié dans le cadre de ce projet.
Oksana Tarnetskaïa Auteur pour LivingAsia
Traduit du russe par Alexandra Béroujon
Édité par Anthony Vial
Relu par Emma Jerome
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