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Les perles du Karakalpakstan

Cet été, les fans de musique électronique se sont dirigés vers le Karakalpakstan pour assister à un grand festival : Stihia. Mais Mouïnak, Noukous et les autres villes karakalpakes ne sont pas seulement célèbres pour leurs trois jours de techno à ciel ouvert.

Karakalpakstan mer d'Aral
La mer d'Aral. Photo : Azamat Matkarimov, Boris Joukovski / Hook.

Cet été, les fans de musique électronique se sont dirigés vers le Karakalpakstan pour assister à un grand festival : Stihia. Mais Mouïnak, Noukous et les autres villes karakalpakes ne sont pas seulement célèbres pour leurs trois jours de techno à ciel ouvert.

Ces dernières années, le Karakalpakstan s’est fait connaître par l’organisation d’un festival de musique électronique. Mais la République a bien d’autres curiosités à proposer. Le média ouzbek Hook se propose de faire le tour des principales attractions touristiques de la région.

Fondé en 1966 par Igor Savitsky, le musée qui porte son nom a donné un toit à l’une des collections d’avant-garde russe les plus connues d’Asie centrale. La collection compte plus de 90 000 objets, y compris des trouvailles archéologiques très anciennes du Khorezm, des arts décoratifs et appliqués du Karakalpakstan et de magnifiques œuvres d’artistes locaux.

En plus des œuvres connues, le musée expose régulièrement les peintres locaux pour se familiariser avec l’art contemporain de la région.

Le musée Igor Savitsky

Dans son livre Rêves du passé, Erkine Joldasov se souvient d’un épisode de la vie d’Igor Savitsky :

« En 1983, l’atmosphère du musée lui était insupportable. La direction le dégoutait aussi, il était encore plus furieux contre ses collaborateurs. Il était à bout de souffle à cause de sa maladie des poumons et l’insupportable fardeau des affaires de musée. Si au début, il régnait librement sur ses affaires, il en était désormais l’esclave. Il disait souvent qu’il était fatigué de la direction, que jamais il ne deviendrait comme eux et se plaignait : « Pourquoi me suis-je lié à ce musée ? Je serais si heureux si j’avais laissé tomber ! » Mais il travaillait jour et nuit, obsédé, poursuivant ce qu’auparavant il préférait entre tout. Cela arrive aux personnes animées par le sens du devoir… »

Igor Savitsky musée Noukous Karakalpakstan Les filles de Goulistan Bourmakine
Les filles du Goulistan, fragment du tableau de Vladimir Ivanovitch Bourmakine. Musée Igor Savitsky. Photo : Hook.

Le musée est ouvert du mardi au dimanche jusqu’à 17h.

Les anciennes fortifications du Karakalpakstan

La richesse du Karakalpakstan repose également sur ses anciennes fortifications, qui ont chacune une histoire unique. Les sites les plus impressionnants sont la nécropole Mizdakkhan et la forteresse Guiaour-Kala, situées à une heure de route de Noukous.

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Les nécropoles s’élèvent au milieu d’une large étendue désertique, sous un soleil plombant. De génération en génération se transmettent les mythes et légendes de Mizdakkhan. Une de ces légendes raconte l’histoire de Nazlimkhan Soulou, la fille d’un puissant khan, qui aurait conquis le cœur de nombreux jeunes hommes grâce à sa beauté. Son père aurait alors promis de la marier à celui qui réussirait à construire quelque chose de nouveau et d’impressionnant. Un de ces jeunes hommes, pour démontrer son amour, aurait érigé un majestueux mausolée.

Karakalpakstan Forteresse Mizdakkhan
La forteresse Mizdakkhan. Photo : Azamat Matkarimov, Boris Joukovski / Hook.

Cependant, pour mettre à l’épreuve l’amour du jeune bâtisseur, le khan lui ordonne de sauter du dôme du mausolée pour prouver sa fidélité. Le garçon, sans hésitation, s’exécute et fait une chute mortelle. En apprenant cela, Nazlimkhan Soulou, n’ayant pas la force de supporter son chagrin, suit son amoureux en sautant elle aussi du dôme.

L’horloge de l’apocalypse

Un autre lieu qui mérite d’être visité à Mizdakkhan est l’horloge de l’apocalypse. Selon les légendes anciennes zoroastriennes, le mur est érigé à partir des restes de la tombe du premier homme, Gayamarda (Adam). Une brique tombe chaque année du mur de l’horloge. Et la fin du monde viendra lorsque tombera la dernière.

Karakalpakstan horloge de l'apocalypse
L’horloge de l’apocalypse. Photo : Azamat Matkarimov, Boris Joukovski / Hook.

Les pèlerins et les habitants locaux croient fermement qu’il est possible de retarder la fin du monde. Pour cela, il faut ramasser sept briques déjà tombées pour en faire une tour et prier pour son salut. Cette pratique ancienne est devenue un symbole d’espoir et de combat spirituel contre l’inévitable, donnant foi en la possibilité d’agir sur son destin.

La forteresse des infidèles de Guiaour-Kala

Guiaour-Kala est une citadelle énigmatique, située près de Mizdakkhan. Les Arabes l’ont surnommée « la forteresse des infidèles » à cause de son origine zoroastrienne. Il est dit que c’est bien ici, sur ces terres saintes, qu’est né le zoroastrisme et que l’Avesta, son livre sacré, a été écrit.

Karakalpakstan Guiaour Kala
La forteresse Guiaour-Kala, dite « des infidèles ». Photo : Azamat Matkarimov, Boris Joukovski / Hook.

En y montant, il est recommandé de bien regarder sous ses pieds. À chaque pas peuvent se trouver des éclats de vases, de bouteilles et d’assiettes ensevelis depuis des milliers d’années.

Chylpyk

Non loin de Noukous se trouve Chylpyk, une étrange tour, dite « de silence ». A son sommet, les zoroastriens abandonnaient les corps des défunts au soleil, aux vents et aux oiseaux de proie.

Selon les coutumes sacrées, ce rituel purifiait l’âme des morts, évitant la profanation des terres et préservant leur pureté.

Que visiter à Mouïnak ?

Mouïnak était autrefois un port florissant situé sur la rive de la mer d’Aral. L’une de ses attractions principales est aujourd’hui son musée des études régionales, où sont rassemblés des objets racontant l’histoire et la culture de cette région. Les visiteurs peuvent voir les photographies et artefacts liés à la vie des habitants locaux et leur lutte pour la survie après la catastrophe écologique.

Karakalpakstan Mouïnak
La ville de Mouïnak au Karakalpakstan. Photo : Azamat Matkarimov, Boris Joukovski / Hook.

Il est aussi possible de visiter l’usine de conserve, l’une des plus grandes de la région à l’époque de l’URSS. Aujourd’hui, ce lieu attire des touristes qui souhaitent en savoir plus sur l’ancien mode de vie de la ville.

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Enfin, Mouïnak abrite le festival Stihia (« poésie » en russe). Celui-ci attire des milliers d’amateurs de musique électronique. Cette année, Stihia a proposé un programme exceptionnel, comportant notamment des prestations musicales. De plus, il est possible de se rendre depuis le festival au bord de la mer d’Aral, pour voir ce qui fut le plus grand lac de la région. Il est possible d’aller à Mouïnak depuis Noukous en bus ou en voiture.

Feridé Makhsetova
Guide au Karakalpakstan

Yana Modelova
Rédactrice pour Hook

Traduit du russe par Alan Abdullaev

Edité par Paulinon Vanackère

Relu par Léna Marin

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