L’Ouzbékistan est un pays riche en mines d’or : en quantité, ses gisements occupent la quatrième place à l’échelle mondiale, et le pays est classé neuvième pour l’extraction. Mais une trop forte dépendance aux ressources naturelles a par le passé causé du tort à bon nombre d’autres pays. L’Ouzbékistan suit-il le même chemin ? Еt comment peut-il éviter un désastre économique ?
Novastan reprend et traduit ici un article publié le 24 novembre 2020 par le média ouzbek Hook Report.
L’or est un piller majeur de l’économie ouzbèke. Après l’investiture du président Chavkat Mirzioïev en 2016, les statistiques sur le commerce extérieur de production d’or, de coton et d’autres ressources se sont accrues.
La population a d’ailleurs eu accès aux données, bien que celles-ci soient incomplètes. En se basant sur ces informations, auxquelles la rédaction du Hook Report a pu accéder, des journalistes ont identifié les tendances négatives qui se manifestent dans l’économie ouzbèke et ont proposé des solutions.
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Dès le XVIème siècle, dans bon nombre de pays, des atouts se sont changés en malédictions des ressources naturelles et malheureusement, aucune disposition pour les conjurer n’a été prise. Par conséquent, il convient d’abord de réfléchir à ce que sont ces malédictions, quels pays y ont été confrontés, quelles leçons doivent être tirées de tout cela et quelles mesures doivent être prises en Ouzbékistan pour éviter des scénarios défavorables de développement.
Ces « malédictions » désignent une situation dans laquelle un pays ayant de riches gisements de pétrole, de gaz, de diamant, etc., affiche un plus faible taux de croissance économique qu’un pays ayant de modestes réserves en la matière.
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La croissance dépend étroitement de la qualité des institutions publiques. Par exemple, si le pays en question ne comporte pas d’institutions démocratiques, le bénéfice des matières premières sera réparti de manière inégale et sera utilisé pour mener des projets grandioses, absolument désastreux ou inutiles.
Ces pays-là n’ont pas de stratégie à long ou moyen terme et ne savent pas comment correctement investir cet argent, délaissant des secteurs dont le rendement serait faible à court terme.
Quelques exemples historiques
Par exemple, la découverte de gisements pétroliers en Sibérie dans les années 1960-1970 a été désastreuse pour l’URSS : le pays a décidé d’utiliser ces revenus providentiels pour combler un immense déficit budgétaire, et tous les plans de réforme de l’économie soviétique ont été reportés.
Cependant, les besoins ont cru de façon disproportionnée par rapport à la capacité d’extraction, si bien que l’industrie du pétrole s’est effondrée, entraînant avec elle toute l’économie de l’URSS. Et les exemples ne manquent pas, comme celui de l’Espagne avec l’or et l’argent au XVIème siècle, celui des Pays-Bas avec le gaz au XXème siècle, ou encore celui du Chili avec le cuivre.
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Les conséquences de cette « malédiction », indépendamment du faible taux de croissance du PIB, peuvent se manifester à travers une haute inflation, un haut niveau de chômage, une fuite des cadres vers les industries minières, où un plus faible niveau de qualification est requis pour obtenir du travail, et aussi une pénurie d’investissements dans d’autres secteurs de l’économie.
L’exemple néerlandais pour mieux comprendre les enjeux
« La maladie hollandaise » en est l’une des manifestations les plus significatives. De grands gisements de matières premières, comme le gisement de gaz de Groninge, furent découverts aux Pays-Bas au XXème siècle.
A cause de la conjoncture des prix du gaz en Europe, une extraction massive du gaz fut amorcée aux Pays-Bas. En seulement cinq ans, la production de gaz naturel avait presque triplé.
Cependant, elle était principalement dirigée vers l’exportation, ce qui a permis aux devises étrangères d’affluer dans le pays. Cela a conduit à un renforcement du taux de change de la monnaie nationale par rapport aux autres devises, ce qui, à son tour, a entraîné une diminution de la compétitivité de l’export.
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En conséquence, le bénéfice en monnaie nationale a diminué, bien que le même volume ait été perçu en monnaie étrangère. Mais les impôts, salaires et autres frais se payaient en monnaie locale.
Il s’avère que pour percevoir le même montant en monnaie locale, l’Ouzbékistan serait forcé d’augmenter son prix à l’exportation, et ainsi la compétitivité de ses produits diminuerait par rapport aux autres, de telle sorte qu’au bout du compte toute l’économie en paierait les frais : non seulement l’exploitation minière, mais aussi le secteur manufacturier et enfin le secteur industriel.
Des régions minières épargnées par la crise
La principale entreprise d’exploitation de l’or en République d’Ouzbékistan est le Combinat minier et métallurgique de Navoï (CMMN), qui, avec le Combinat minier et métallurgique d’Almalyk (CMMA), contrôle toute la sphère de l’extraction de l’or. Le CMMN se situe dans la province de Navoï où il crée des emplois, paie des salaires et des impôts, etc.
En octobre 2020, le Comité d’État des statistiques a publié des estimations sur l’évolution des revenus réels de la population. Par exemple, dans la capitale, les revenus ont baissé de plus de 6 %, tandis que dans la province de Navoï, ils ont augmenté jusqu’à 3 %.
Dans l’ensemble du pays, les revenus réels ont baissé pour la première fois de 0,4 %, ce qui peut s’expliquer par une croissance minimale du PIB, de moins de 0,5 %.
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Comment expliquer le fait que les revenus réels baissent dans la capitale alors qu’ils augmentent dans la province de Navoï en temps de crise ? Tout est très simple. L’économie de Tachkent se concentre sur le secteur tertiaire, tandis que l’économie de la région de Navoï est entièrement dépendante de l’or. Le secteur tertiaire est celui qui a le plus souffert de la pandémie, alors que les ventes d’or ont augmenté dans ce contexte.
Si dans les années à venir le CMMN développe de plus en plus l’exploitation minière et les exportations, alors il y aura des investissements supplémentaires, du personnel qualifié et de mieux en mieux rémunéré ; des financements seront donc attribués.
Et tout cela peut se traduire par le fait que, tout en recevant des revenus supplémentaires de la vente d’or, les fonctionnaires ouzbeks et le président lui-même peuvent avoir le sentiment que le prix actuel sera toujours aussi élevé, que les volumes d’exportation ne feront qu’augmenter, que de nouveaux gisements seront découverts. Mais au moment venu, quelqu’un devra se manifester et révéler la réalité.
Ce que disent les statistiques sur l’exportation
Sans aller jusqu’à dire que l’Ouzbékistan subit déjà la malédiction des ressources naturelles, il va sans dire qu’il en prend la direction. La principale ressource naturelle de l’Ouzbékistan est l’or. Si les années précédentes, le coton était le principal produit d’exportation, la situation a radicalement changé, si bien que le pays est de plus en plus disposé à utiliser ses ressources naturelles, en particulier l’or, dans le cadre du commerce mondial.
Pour comprendre plus précisément l’ampleur de ce bouleversement du commerce extérieur ouzbek, il faut se référer aux statistiques que la Banque centrale et le Comité d’État des statistiques ont commencé à fournir.
Comme le montre le graphique n°1, le volume d’exportation d’or a augmenté d’année en année. Si en 2000, celui-ci s’élevait à un peu plus d’un demi-milliard de dollars, il avait déjà été multiplié par neuf en 2019. Et d’après les résultats des neuf premiers mois de 2020, il a au moins été multiplié par onze, même si en fin d’année le volume des ventes a possiblement baissé avec la deuxième vague de coronavirus.
Ainsi, une fois l’or déposé sur le marché fin août, les investisseurs pourront de nouveau l’acheter début septembre, ce qui entraînera une augmentation des prix jusqu’à ce que la Banque centrale d’Ouzbékistan reprenne les ventes d’or à l’étranger.
Par ailleurs, les élections américaines ont compliqué les choses. Les confusions et les incertitudes électorales à la fin de l’année 2020 ont laissé les États-Unis en marge. Or, les investisseurs n’aiment pas du tout l’incertitude.
Dans ces cas-là, il se peut qu’ils achètent de l’or par crainte que les bourses ne s’écroulent. Tout cela a pu stimuler les prix de l’or, ce qui oblige la Banque centrale à vendre en gros volumes. En somme, cette prévision pourrait être inférieure aux valeurs réelles de l’année.
Une production plutôt favorable
Le graphique n°2 montre que la production d’or en Ouzbékistan entre 2008 et 2019 a légèrement augmenté, de 20 à 25 %, mais que les exportations se sont accrues de manière significative. Cela s’explique en partie par la hausse des prix de l’or.
Ainsi, si jusqu’en 2019 le prix de l’or variait entre 1200 et 1300 dollars par once troy, ce chiffre a augmenté de plus de 50 % depuis début mai 2019 et a atteint son apogée en dépassant la barre des 2060 dollars. Fin 2020, le prix de l’or se situe entre 1850 et 1900 dollars, bien qu’il y ait eu à nouveau une augmentation modérée du prix dès fin octobre.
Indépendamment de la production, il faut également s’intéresser à la quantité d’or exportée, puisque l’Ouzbékistan ne vend pas 100 % de son or à l’étranger : il le vend sur le marché intérieur ou l’accumule dans des réserves d’or et de devises.
Ainsi, le pays a exporté jusqu’à 70 tonnes d’or en 2016, puis 80 tonnes en 2017, 70 tonnes en 2018, et en 2019 à nouveau 80 tonnes. Mais le président a demandé l’exportation de 150 tonnes d’or en 2020 et 300 tonnes en 2021.
Se demander s’il est réaliste d’appliquer cette consigne, communiquée en juillet 2019, est une chose, mais l’on constate que le président compte de plus en plus sur l’or comme principale source d’exportation, ce qui permet de percevoir une « rente de matière première ». L’or, bien sûr, n’est pas une matière première, mais il est souvent désigné de cette façon.
En consultant les dernières données de 2020, on se rend compte, par exemple, que l’Ouzbékistan est devenu le leader absolu de la vente d’or en juillet, après avoir exporté environ 11,6 tonnes, soit 14,5 % des exportations de 2019, et qu’au troisième trimestre la Banque centrale avait déjà vendu de l’or à hauteur de 35 tonnes, devançant même la Turquie, qui a bien du mal à maintenir sa monnaie nationale affaiblie et vend ses réserves d’or et de change.
Des réserves d’or croissantes dans les caisses de l’État
Tout va pour le mieux en ce qui concerne les réserves d’or et de change citées plus haut, puisque celles-ci augmentent d’année en année et couvrent déjà plus de 20 mois de financement des importations : en vendant l’or et la réserve de change, il est possible d’obtenir des devises pour rembourser les importations.
La réserve d’or et de devises de l’Ouzbékistan est une bonne sécurité qui inspire confiance aux investisseurs et aux organisations internationales comptant travailler avec le pays.
C’est aussi valable pour ceux qui, par exemple, rédigent les notes de crédit, car lors de l’évaluation, la valeur des réserves d’or et de change du pays est également prise en compte afin de déterminer s’il y a des avoirs à vendre afin de rembourser ces dettes ultérieurement.
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Les données de la Banque centrale montrent une tendance à la hausse des avoirs de réserve officiels. En 2020, en l’espace de neuf mois, les réserves d’or et de change de l’Ouzbékistan sont passées de 29,17 milliards de dollars à 34,77 milliards de dollars. En d’autres termes, la différence entre le début de l’année et le bilan huit mois plus tard était d’environ 5,6 milliards de dollars, soit d’environ 20 %, ce qui montre une augmentation nette des réserves.
Les réserves d’or et de change de l’Ouzbékistan soulèvent un problème qui est lié à un manque de diversité des avoirs. La réserve entière se compose en grande partie d’or en lingots et, dans une moindre mesure, de devises étrangères en dollars. Environ 54 % des réserves ouzbèkes sont en or. En comparaison, la Russie par exemple a également augmenté sa réserve d’or et de change ces dernières années, mais elle ne garde que 16 % de ses réserves en or et conserve le reste en devises diverses.
Un besoin de diversification des avoirs
La diversification des réserves permet de minimiser les pertes qui peuvent survenir en raison d’une baisse du taux de change d’une devise ou du prix de l’or. De nombreux pays préfèrent donc acheter des obligations d’État ou des actions de grandes entreprises afin de ne pas perdre d’argent à cause de l’inflation.
L’Ouzbékistan s’est simplement reposé sur 9,6 millions d’once troy d’or et a enfoui 15,44 milliards de dollars au lieu d’investir ces réserves dans des projets afin d’essayer de gagner de l’argent grâce à eux d’une manière ou d’une autre.
Une chose est sûre : il faut procéder à une diversification totale des réserves et aussi se débarrasser d’une énorme quantité d’or physique. Celui-ci n’étant pas en liquide, il sera assez difficile de le vendre rapidement sur le marché. Pour couronner le tout, proposer une offre énorme sur le marché est susceptible de faire baisser le prix d’un avoir, ce qui entraînera des pertes. Or, pour ne pas subir de pertes, il est nécessaire de vendre de l’or petit à petit, et non pas d’un seul coup. Par conséquent, il convient d’acheter plus de devises, ainsi que des obligations d’État et des actions de grandes entreprises.
Un regard sur le futur proche
C’est ici que revient le problème de la « maladie hollandaise ». Comme le montrent les chiffres, Chavkat Mirzioïev a décidé dès le début de miser sur l’or comme principal produit d’exportation, étant donné la hausse des prix de ce métal précieux et la demande croissante en période d’incertitude.
Cela ne fait que renforcer la volonté du dirigeant ouzbek de compter de plus en plus sur lui. L’essor de l’or dans la valeur du chiffre d’affaires du commerce extérieur, environ 50 % de toutes les exportations en 2020, s’explique notamment par le fait que l’Ouzbékistan a un solde négatif : les importations dépassent les exportations. Afin de corriger cette situation de quelque manière que ce soit, il est nécessaire de soit augmenter les exportations, soit de réduire les importations.
Il est difficile de réduire les importations, car l’Ouzbékistan achète activement du matériel à l’étranger, notamment à l’Allemagne et à la Corée du Sud, ce qui est important pour l’industrie. La seule possibilité est donc d’augmenter les exportations.
L’augmentation nécessaire de l’export
« Il reste trois mois avant la fin de l’année. Il nous faut de l’exportation. Il faut envoyer des marchandises à l’étranger par tous les moyens », a déclaré le président le 14 octobre 2020, décrivant parfaitement la situation dans son ensemble : il faut des actions de la Banque centrale vis-à-vis de la vente active de l’or, des projets de multiplication des volumes de production et de recherche de nouveaux gisements.
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Il est impossible d’être en désaccord avec le président : l’exportation est nécessaire. Mais il faut penser au long terme et se poser des questions : de quel type d’exportation a besoin l’Ouzbékistan ? Devrait-il se concentrer sur l’exportation des ressources naturelles comme l’or et le gaz, ou l’exportation de produits manufacturés ?
Il est clair que dans les années à venir, il sera difficile de relancer d’emblée le secteur agricole et l’industrie textile pour destiner leur production à l’exportation à la place de l’or. Mais consacrer beaucoup plus de temps à d’autres produits d’exportation potentielle à l’étranger, autre que l’or, vaudrait le détour.
L’Ouzbékistan a désespérément besoin d’exportations pour contribuer à la croissance économique, à l’afflux de devises dans le pays et à la stimulation de la demande intérieure ; en somme pour alimenter la prospérité de la population.
L’or n’est pas une solution à long terme
Mais l’industrie de l’extraction de l’or n’aura pas le même effet que d’autres industries qui emploient une main-d’œuvre plus importante, où des compétences plus importantes sont nécessaires, où il est possible d’augmenter la production au lieu de rechercher désespérément de nouveaux gisements. L’une des raisons de la baisse de la production de pétrole dans les années 80 en URSS était précisément le manque de nouveaux gisements, les anciens s’étant épuisés assez rapidement.
À court terme, l’or peut être la solution à de nombreux problèmes de l’Ouzbékistan liés au commerce extérieur. Mais pour une croissance économique durable, il faut exporter des produits manufacturés, et, pour cela, il est nécessaire de créer des conditions appropriées.
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Par exemple, l’industrie manufacturière a besoin de capital, c’est-à-dire de premiers investissements dans la production, et cela nécessite un programme gouvernemental d’attribution de prêts à un taux préférentiel pour acheter du matériel.
Mais pour cela, l’État devra se porter garant, c’est-à-dire qu’en cas de faillite, il remboursera lui-même le prêt contracté par l’industriel.
Diversifier les activités pour une économie plus durable
Il est également nécessaire d’exempter complètement la nouvelle production industrielle d’impôts, d’inspections et de bureaucratie. Il faut aider les nouvelles industries avec du personnel, car des connaissances spéciales sont nécessaires afin de travailler pour celles-ci.
En un mot, l’État devrait vendre activement de l’or à l’étranger dans les deux ou trois prochaines années afin d’aligner les exportations sur les importations.
Cependant, le produit de la vente de l’or ne doit pas être mis en réserve, comme c’est le cas actuellement, mais en circulation. Par exemple, il est possible d’acheter une part des titres d’entreprises étrangères et locales, d’en investir une autre dans diverses industries et prêts aux industriels, mais une troisième part pourra et devra être conservée essentiellement en devises étrangères, ainsi qu’une petite part seulement en or pur.
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Si à moyen terme l’Ouzbékistan ne parvient pas à sortir de cette dépendance excessive à l’or et que sa valeur continue de représenter un tiers ou la moitié de toutes les exportations alors que les prix restent élevés, le pays connaîtra une croissance plus lente que des pays qui lui sont similaires et, si les prix baissent, ce qui arrive souvent, il devra faire face à une baisse des exportations au même niveau des importations.
Et si les prix de l’or ne remontent pas la pente, la crise du commerce extérieur et ensuite de l’ensemble de l’économie se prolongera, ce qui affectera la stabilité sociale et politique.
Un avenir à prévoir
Pour finir, il est intéressant de citer l’exemple de l’Arabie saoudite, dont le PIB par habitant était presque le double de celui des États-Unis dans les années 1970, alors qu’il était passé dans les années 2000 en dessous du seuil du PIB américain des années 1960.
L’exemple montre parfaitement que l’enjeu des ressources naturelles comme principaux produits d’exportation et principale source de croissance du PIB et des recettes budgétaires sur le long terme ne fait qu’aggraver la situation.
Cela crée un « écran de fumée de stabilité » à travers lequel les fonctionnaires croient voir que le statu quo actuel sera maintenu, et donc que le pays ne développera pas d’autres industries s’il est possible de gagner de l’argent sur l’extraction quoi qu’il arrive.
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L’Ouzbékistan doit diversifier son économie, mais cela ne signifie pas qu’il doit cesser complètement d’exporter de l’or. Il peut et doit être exporté, mais en même temps, les exportations d’or ne devraient pas représenter la moitié des exportations totales de la République.
Le pays est capable de produire puis de vendre à l’étranger autre chose en plus de ses ressources naturelles, des produits qui dépendront moins de la conjoncture des prix mondiaux, qui sont en réalité arbitraires.
L’Ouzbékistan peut et devrait dans les années à venir augmenter la valeur de la production et des exportations d’or à l’étranger pour ne pas « gaspiller » l’argent reçu, mais pour au contraire investir dans la production, car c’est cela qui assure la prospérité du pays : créer quelque chose de nouveau.
Chakhriyor Ismaïlkhodjaïev
Journaliste pour Hook Report
Traduit du russe par Joris Elima
Edité par Paulinon Vanackère
Relu par Charlotte Bonin
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