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« Green Central Asia » : les ministres centrasiatiques des Affaires étrangères invités à Berlin

Les ministres des Affaires étrangères des cinq États d'Asie centrale ont assisté le 28 janvier à Berlin à la conférence ministérielle « Green Central Asia ». Cette rencontre a ouvert la voie à une nouvelle initiative, par laquelle le ministère allemand des Affaires étrangères montre son soutien aux pays centrasiatiques dans la lutte contre le changement climatique.

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Les cinq ministres des Affaires étrangères centrasiatiques se sont retrouvés à Berlin le 28 janvier 2020.

Les ministres des Affaires étrangères des cinq États d’Asie centrale ont assisté le 28 janvier à Berlin à la conférence ministérielle « Green Central Asia ». Cette rencontre a ouvert la voie à une nouvelle initiative, par laquelle le ministère allemand des Affaires étrangères montre son soutien aux pays centrasiatiques dans la lutte contre le changement climatique.

Novastan reprend et traduit ici un article initialement publié le 31 janvier 2020 dans notre édition allemande.

Le 28 janvier dernier, les ministres des Affaires étrangères de l’ensemble des cinq États d’Asie centrale et de l’Afghanistan se sont réunis aux côtés du ministre fédéral des Affaires étrangères Heiko Maas et du Haut représentant de l’Union européenne pour la politique extérieure et de sécurité commune, Josep Borrell. Cette nouvelle initiative vise à intensifier la coopération régionale, le partage d’informations et favorise un dialogue entre scientifiques et membres de la société civile.

« Le changement climatique ne connaît pas de frontière, la portée de nos réponses doit donc les dépasser. » Débutant ainsi son discours, le ministre fédéral des Affaires étrangères Heiko Maas a immédiatement pointé les motivations de la diplomatie allemande dans le lancement de la nouvelle initiative « Green Central Asia ». En revenant sur la disparition de la mer d’Aral, les conflits propres à la gestion de l’eau et des terres arables, Heiko Maas a réaffirmé que le changement climatique avait de fortes conséquences sur la sécurité des États d’Asie centrale.

Le changement climatique touche aussi l’Asie centrale

L’Allemagne a fait de la lutte contre ces conséquences l’un des grands axes de sa participation au Conseil de sécurité de l’ONU. « Nous sommes soutenus pour cela par un groupe d’amitié, auquel participent déjà 48 États, incluant l’Afghanistan. Et je serais très heureux si les États d’Asie centrale rejoignaient également ce groupe de coopération sur le climat et la sécurité. Leur expérience régionale constituerait un apport très enrichissant pour notre travail », a déclaré Heiko Maas.

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Avec le « Green Central Asia » le ministère souhaiterait s’arrimer au processus de Berlin – une initiative lancée en 2008 pour renforcer la coopération régionale sur la gestion des ressources en eau en Asie centrale. Heiko Maas a rappelé que l’eau, autrefois thème conflictuel délicat, faisait à présent l’objet de coopérations transfrontalières. Cela pourrait toutefois ne pas subsister. « Les expériences de ces dernières années dans le monde ont montré que nous devions nous impliquer plus globalement. L’eau n’est qu’une partie d’une réalité complexe devant laquelle nous place le changement climatique. Il en va de la fonte des glaciers, de la désertification et de la perte de terres arables. Et des conséquences de ces développements sur la sécurité alimentaire et les migrations », a affirmé le ministre.

Josep Borrell a indiqué dans son discours que la nouvelle initiative allait de pair avec la stratégie centrasiatique de l’Union européenne, actualisée en 2019. Joseph Borrell a de surcroît annoncé de nouveaux projets de l’Union européenne pour la région. « Nous espérons que nous pourrons encore démarrer cette année un nouveau projet européen, qui serait complémentaire à l’initiative allemande « Green Central Asia » et que nous évoquerons aujourd’hui. Nous nous concentrerons sur le renforcement de la capacité de l’Ouzbékistan, du Kirghizstan et du Tadjikistan à maîtriser les conséquences sécuritaires du changement climatique dans la vallée de Ferghana ».

L’eau, sujet central, encore et toujours

Malgré tous les succès diplomatiques de ces dernières années sur l’utilisation de l’eau, la ressource occupe toujours prioritairement les esprits. Ainsi, le ministre ouzbek des Affaires étrangères Abdoulaziz Kamilov a mis en exergue l’importance de la coopération internationale dans la région au sujet de la mer d’Aral. Dans un communiqué de presse de son ministère, Aboulaziz Komilov a rappelé que son pays avait proposé une initiative pour la conversion de la région éponyme en une zone d’innovation technologique et écologique.

Le Tadjikistan, voisin des cours d’eau d’altitude transfrontaliers d’Asie centrale, veut avant tout protéger ses glaciers domestiques. D’après le média tadjike Asia-Plus, le ministre des Affaires étrangères Sirojiddine Moukhriddine a renvoyé à une proposition du président tadjik Emomali Rahmon de créer un fonds international pour la protection des glaciers, qui aiderait les pays atteints par les conséquences du changement climatique.

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Le ministre des Affaires étrangères du Kazakhstan, Moukhtar Tileouberdi, a en revanche axé son discours sur le développement d’une économie verte. « Nous sommes intéressés par l’expérience allemande dans ce domaine car le gouvernement kazakh fait face à un besoin similaire de développer une économie verte. Les initiatives exposées par notre pays au niveau international montrent l’engagement du Kazakhstan pour lier économie et écologie, par une utilisation rationnelle des ressources et la minimisation des conséquences sur l’environnement », a déclaré le chef de la diplomatie kazakhe. L’EXPO 2017 organisée dans la capitale kazakhe Astana (aujourd’hui Nur-Sultan) était en effet dédiée au thème « énergie du futur ».

Déclaration commune

En clôture de la conférence de Berlin, les ministres des Affaires étrangères des États participants ont signé une déclaration commune pour la coopération dans les domaines du climat et de la sécurité. Celle-ci englobe les thématiques de l’eau et notamment la protection des glaciers, l’énergie, la biodiversité, la gestion des sols et l’agriculture pour une mise en œuvre à l’échelle nationale et régionale. En outre, les représentants de la société civile et des organisations citoyennes et économiques, ainsi que les institutions scientifiques, doivent y être associés. De plus, les pays participants ont affirmé leur souhait d’évaluer sa mise en œuvre avant la fin de l’année avec l’élaboration d’un plan d’action commun.

Dans le cadre de « Green Central Asia », la conférence de Berlin doit avant tout être vue comme une réunion de lancement. La déclaration commune des ministres prévoit que le dialogue politique se poursuive au plus haut niveau et une série de conférences sur le climat et la sécurité en Asie centrale devrait suivre.

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Mais les conférences et discussions ne seront pas suffisantes pour éradiquer les dangers du changement climatique pour l’Asie centrale, a précisé Heiko Maas dans son discours d’ouverture. « Au final, les résultats de notre initiative ne se mesureront pas au nombre de conférences que nous avons faites mais à ce que nous mettons en œuvre ensemble par-delà les frontières », a déclaré le ministre.

Rencontres bilatérales

Ayant déjà fait un long voyage pour rejoindre la capitale allemande, les diplomates centrasiatiques ont saisi cette occasion pour participer à une série de rencontres bilatérales. Le diplomate en chef du Kazakhstan Moukhtar Tileouberdi a ainsi échangé avec Heiko Maas sur une possible mise en œuvre des accords bilatéraux conclus lors d’une visite officielle du président kazakh Kassim-Jomart Tokaiev en Allemagne en décembre dernier.

Lors de cette visite officielle, le président avait en outre rencontré des représentants d’entreprises allemandes. Moukhtar Tileouberdi a été l’invité d’honneur de la réception du nouvel an de la commission « orient » des industriels allemands. « L’Allemagne est un partenaire important pour nous dans l’Union européenne, avec lequel les relations ont une haute priorité stratégique. Nous sommes heureux que l’Allemagne accorde également une attention très importante à la coopération avec le Kazakhstan », a souligné le ministre dans son discours. Dans le cadre de cet évènement, Moukhtar Tileouberdi s’est également entretenu avec le ministre de l’Économie Peter Altmeier, qui a exprimé sa volonté d’élargir la présence de l’Allemagne sur le marché kazakh.

Le ministre des Affaires étrangères ouzbek Abdoulaziz Kamilov a également été reçu par son homologue allemand pour aborder les perspectives de la coopération germano-ouzbèke. Abdoulaziz Kamilov s’est aussi entretenu au ministère fédéral pour la Coopération économique et le développement avec le Secrétaire d’État Norbert Barthle, notamment sur la mise en œuvre d’accords visant à développer la coopération bilatérale en matière technique et financière.

Enfin, le chef de la diplomatie tadjike s’est entretenu avec Heiko Maas sur les perspectives de la coopération bilatérale dans les domaines politique et économique. Puis, comme l’a rapporté Asia-Plus, les deux parties ont signé à la fin de la rencontre un traité bilatéral sur le travail des membres des familles des agents des représentations diplomatiques et consulaires des deux pays.

Robin Roth
Rédacteur en chef de Novastan

Traduit de l’allemand par J. G.

Edité par Amel-Amélie Karam

Relu par Anne Marvau

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