Déjà extrêmement dépendant du gaz pour son alimentation en énergie et pour ses exportations, l’Ouzbékistan compte développer encore plus sa production à l’avenir. Objectif : répondre à la demande gigantesque de la Chine.
Novastan reprend et traduit ici un article de Nuz.uz.
La principale ressource énergétique de l’Ouzbékistan dans les décennies à venir restera le gaz naturel. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la consommation par personne : l’Ouzbékistan occupe désormais la vingtième place dans le monde. Pour répondre aux besoins croissants de l’économie en ressources énergétiques depuis l’année dernière, le pays a décidé de se fixer des objectifs ambitieux de développement de son industrie gazière d’ici à 2021.
L’économie de l’Ouzbékistan est très énergivore. De fait, presque tout le complexe industriel fonctionne au gaz naturel ou à l’électricité, qui à son tour est produite à 85% dans les centrales thermiques. La part du gaz naturel dans ces centrales, en tant que ressource énergétique primaire dans la production d’électricité du pays, est de près de 95%.
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Plus largement, le gaz est nécessaire non seulement pour le secteur industriel mais aussi pour reconstituer la trésorerie de l’État ouzbek avec des devises par son exportation vers d’autres pays.
L’exportation de gaz : une source essentielle de devise pour l’Ouzbékistan
Les réserves prouvées de gaz naturel en Ouzbékistan sont de l’ordre de 1100 milliards de mètres cubes. Mais le niveau de production n’est pas comparable à ce potentiel. Ainsi, selon les résultats de 2017, il ne représentait que 56,4 milliards de mètres cubes. Bien que ce chiffre devrait augmenter pour atteindre 66 milliards en 2018, ces volumes restent relativement faibles compte tenus des possibilités d’augmenter l’exportation de cette ressource énergétique vers d’autres pays.
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Aujourd’hui, l’Ouzbékistan exporte en Russie, en Chine, au Kazakhstan et au Kirghizstan. Auparavant, le gaz naturel ouzbek était également fourni au Tadjikistan, mais au début de 2012, ses exportations ont été gelées en raison des relations bilatérales tendues.
Cependant, depuis 2017, avec l’arrivée au pouvoir de Chavkat Mirzioïev en tant que président de l’Ouzbékistan, pour qui l’amélioration des relations avec les pays voisins est devenue l’une des principales priorités de sa politique étrangère, l’approvisionnement pourrait reprendre dès 2018. Et à un prix beaucoup plus bas qu’auparavant. Il serait en effet question de 150 dollars par 1000 mètres cubes contre 350 dollars pour le même volume avant 2012. Cette année, le Tadjikistan aurait l’intention d’importer d’Ouzbékistan quelques 800 millions de mètres cubes.
La Russie, principal client de l’Ouzbékistan
Cependant, les volumes d’exportation de gaz ouzbek vers les pays frontaliers sont bien moindres que les volumes de gaz ouzbek exporté en Russie et en Chine, principaux clients pour le gaz ouzbek. L’exportation de gaz naturel vers la Russie a débuté en mai 2003 via le gazoduc « Central Asia-Centre ». Cette année-là, l’Ouzbékistan a vendu 1,7 milliard de mètres cubes à la Russie. Au cours des trois années suivantes, les exportations ont augmenté à 9 milliards de mètres cubes, mais ont ensuite commencé à chuter.
Au cours de ces premières années, la Russie achetait du gaz ouzbek à des prix extrêmement bas, entre 55 et 60 dollars par millier de mètres cubes. Dans les années suivantes, l’Ouzbékistan a augmenté à 150 dollars, et lorsqu’en août 2012, l’Ouzbékistan a commencé à exporter du pétrole vers la Chine, Gazprom a décidé dès décembre de la même année de signer un nouveau contrat pour la fourniture de 7,5 milliards de mètres cubes pour 253 dollars par 1000 mètres cubes. Une augmentation conséquente, mais dans le même temps, Gazprom a vendu à Gazprom Ukraine du gaz pour 400 dollars les 1000 mètres cubes.
L’Ouzbékistan, grand vainqueur des relations tendues entre Moscou et Achgabat
En 2015, l’Ouzbékistan a exporté au total 4 milliards de mètres cubes de gaz naturel vers la Russie et, en 2016, le volume des livraisons a augmenté en raison du refus de Gazprom d’acheter du gaz turkmène, dont le volume d’exportation a été entièrement réorienté vers la Chine.
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En effet, en 2016 Moscou et Achgabat ont eu des relations tendues. Le ministère de l’industrie pétrolière et gazière du Turkménistan a déclaré la compagnie russe Gazprom insolvable, et cette dernière, à son tour, a poursuivi la société turkmène de distribution de gaz et de gaz auprès du tribunal d’arbitrage de Stockholm. Ce conflit russo-turkmène a joué en faveur de l’Ouzbékistan, qui, en augmentant l’approvisionnement de la Russie, a porté le total des exportations de gaz naturel en Russie pour 2016 à 11,4 milliards de mètres cubes.
La Chine et ses perspectives d’exports alléchantes
En 2012, l’Ouzbékistan a commencé à fournir du gaz à l’empire du Milieu. La livraison de gaz en Chine est effectuée sur le gazoduc d’environ 7000 kilomètres « Asie centrale-Chine » qui traverse le territoire du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Kazakhstan. En décembre 2014, la co-entreprise « AsiaTransGaz », créée par la compagnie nationale ouzbèke Uzbekneftegaz avec la compagnie chinoise CNPC, a achevé la construction d’un troisième gazoduc. Par la suite, la capacité d’export vers la Chine depuis la région a augmenté à 55 milliards de mètres cubes par an.
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L’appétit chinois pour le gaz est très important. D’ici 2020, le volume de la consommation de gaz naturel dans ce pays augmentera selon les prévisions à 340 milliards de mètres cubes, dont 120 milliards seront importés. Cet hiver, la Chine a atteint des records d’importation de gaz, notamment en provenance d’Asie centrale, le Turkménistan étant la principale source de son gaz avec quelques 29 milliards de mètres cube fournit chaque année.
Cependant, alors que l’accord initial passé en 2012 entre la Chine et l’Ouzbékistan prévoyait une livraison d’environ 25 milliard de mètre cube en 2016, les livraisons de gaz à la Chine en 2017 se seraient limitées à 2,54 milliards de mètres cube selon les données des douanes chinoises. C’est que la production ouzbèke n’a pas atteint les prévisions optimistes de 2012.
En conséquence, l’Ouzbékistan a mis en place un programme d’investissement pour développer sa production, et pouvoir profiter de l’appétit chinois.
Objectif : développer la production pour répondre à la demande chinoise
Les principaux acteurs de la première phase du programme d’ici à 2019 sont la compagnie nationale Uzbekneftegaz, et la co-entreprise ouzbéko-suisse « Gaz naturel-STREAM ». Cependant, cette dernière est plus ouzbéko-russe qu’ouzbéko-suisse. C’est en fait une filiale de Gazprom pour ses projets en Asie centrale enregistrée en Suisse.
La compagnie russe Lukoil est également un des principaux investisseurs du pays dans le secteur du gaz et a mis en exploitation en 2017 une usine de traitement de gaz pour le champ de Gissar, dans l’ouest du pays. Le coût de la première partie du programme est estimé à près de deux milliards de dollars, dont 500 millions sur les fonds propres d’Uzbekneftegaz et environ 1,5 milliard sous la forme de prêts étrangers.
La construction de 248 forages gazier et le développement de ces champs gazier ont été attribués à une entreprise des Emirats Arabes Unis « ERIELL Oilfield Services Moyen-Orient DMCC ». La société de Singapour « Enter Engineering Pte. LT D » construira les installations de traitement du gaz naturel. De plusn la société émiratie en consortium avec la compagnie autrichienne « ERIELL Gmbh » moderniseront les 328 puits existants, ainsi que l’aménagement de l’équipement de la compagnie nationale ouzbèke chargé de la production de gaz, « Uzneftegazdobycha ».
Les ambitions du nouveau pouvoir ouzbek
La compagnie nationale ouzbèke avec la chinoise CNPC développent également des projets d’extractions, notamment dans la région de Boukhara, qui permettront d’alimenter les exports vers la Chine.
Ce programme de développement de l’industrie gazière montrent la volonté du nouveau pouvoir de réaliser le potentiel de production du pays, principalement pour l’export, tout en tentant de diversifier ses sources d’énergie, notamment à travers d’ambitieux programme de développement des énergies renouvelables, mais aussi d’extraction de charbon. La dépendance au gaz de l’économie ouzbèke devrait être là pour longtemps.
Traduit du russe par la Rédaction
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