Kenesary khan, aujourd’hui considéré comme un héros au Kazakhstan, continue de défrayer la chronique près de 200 ans après sa mort. Sa tête, théoriquement perdue dans un musée russe, est toujours réclamée par les Kazakhs. Fergana News retrace sa vie et la façon dont il a été perçu à travers l’histoire.
L’histoire des pays centrasiatiques regorge de figures complexes et contradictoires, ayant marqué la vie de la région de leur passage et continuant encore aujourd’hui de provoquer aussi bien de l’admiration que de l’indignation. La polarisation de ces réactions dépend habituellement de frontières tracées des dizaines voire des centaines d’années après la mort de ces figures mémorables. En d’autres termes, elle est en réalité le résultat des conjectures politiques contemporaines.
Kenesary Qasymuly est indubitablement un de ces héros du passé. Cet homme d’Etat kazakh de la première moitié du XIXème siècle, khan du Jüz moyen (les trois jüz sont les grandes associations de clans kazakhs, ndlr), s’est pendant de nombreuses années battu pour une réelle autonomie politique.
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Un sujet brûlant
En 2025, le sujet de la vie et de la mort de Kenesary a occupé au moins à deux reprises l’espace d’information du Kazakhstan et du Kirghizstan. En 2021, le chef de Roscosmos de l’époque, Dmitri Rogozine, s’est disputé au sujet du sort de la navette spatiale Bourane avec le directeur général de Baikonur JSC, Daouren Mousa, et ce dernier lui a proposé d’échanger le vaisseau contre la tête de Kenesary.
Plus tôt, c’était l’ancien président du Kazkhstan lui-même qui s’était personnellement adressé à Vladimir Poutine en lui demandant d’aider le retour des restes du khan au Kazakhstan, bien qu’il semble que les autorités russes ne sachent pas très bien où se trouve aujourd’hui cette tête, et si elle a même été conservée.
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Au début de l’année 2025, le chanteur kirghiz Kaïrat Primberdiev s’est exprimé ainsi au cours d’une interview : « Le fait est que notre khan Ormon n’a pas eu d’autre choix que de tuer le khan Kenesary. Je présente sincèrement au peuple kazakh mes excuses pour ce qu’il s’est passé. J’ai vraiment envie de pleurer là, pour de vrai. Nous devons recevoir la tête du khan Kenesayr et lire le Coran pour que l’offense soit dignement réparée. »
Un héritage douloureux
Bien que le chanteur n’ait parlé qu’en son nom propre et n’ait pas appelé l’ensemble du peuple kirghiz à se repentir auprès de ses voisins, le comité d’État local pour la sécurité nationale a engagé une procédure pénale contre Kaïrat Primberdiev, les agents de sécurité estimant que ses propos constituaient une violation de l’article 330 (incitation à la haine raciale, ethnique, nationale et religieuse) du code pénal du Kirghizstan. Le chanteur a dû payer une amende de 100 000 soms (environ 976 euros).
Au cours de l’année, des discussions ont fait rage sur l’héritage douloureux du tsarisme, du régime soviétique ou des « terribles années 90 ». Le média Fergana News propose de s’arrêter un peu plus en détails sur la vie du khan Kenesary : qui il fut, quelles étaient ses relations avec les pays voisins et l’évolution des jugements sur ses actions au cours des presque 200 dernières années.
Le dernier khan
Kenesary, né en 1802, était le petit-fils d’Abylaï khan, le dernier souverain dont le pouvoir était officiellement reconnu par tous les jüz kazakhs, qui à l’époque dépendaient déjà de l’Empire russe. En d’autres termes, il est issu de la famille la plus influente de la steppe.
Lorsqu’en 1822, l’empereur Alexandre Ier, avec sa loi « sur les Kirghiz de Sibérie », a liquidé le pouvoir du khan, cette famille a décidé de résister, parce qu’elle avait quelque chose à perdre. Les « Kirghiz de Sibérie » étaient alors les Kazakhs du Jüz moyen, fief d’Abylaï et de Kenesary, et les Kazakhs du petit Jüz, par exemple, étaient appelés « Kirghiz d’Orenbourg ».
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Au milieu des années 1820, Kenesary a pris part avec son père Kasymov et ses frères à la guerre contre les Russes. L’historien soviétique Mikhaïl Viatkine, dans son ouvrage Essais sur l’histoire de la République socialiste soviétique du Kazakhstan, publié en 1941, donne cette description de Kenesary : « un amoureux du pouvoir, énergique, doté d’un esprit exceptionnel, de grandes capacités d’organisation et d’une volonté infléchissable. »
Trouver refuge à Kokand et Khiva
Acculés au Nord par les armées du tsar, les Kasymov ont émigré vers un territoire alors contrôlé par le khanat de Kokand, qui avait à cette période atteint son expansion maximale, notamment grâce à la conquête de nombreux territoires dans les steppes kazakhes. Dans l’ensemble, jusqu’en 1836, c’est surtout le frère ainé de Kenesary, Sarjan, qui a mené la guerre contre les Russes.
Il avait déjà pris part à la guerre aux cotés des Kokandais. Cependant, lorsque le vice-roi de Tachkent ordonne de tuer Sarjan, et quelques années plus tard, son père, Kenesary est contraint de s’enfuir à Khiva, et de là, de rejoindre les nomades du Jüz moyen.
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En novembre 1837, Kenesary mène la première grande attaque indépendante contre un détachement de Cosaques escortant une caravane de marchandises. En réponse, les autorités tsaristes organisent une expédition punitive dans les villages kazakhs et, un an plus tard, Kenesary attaque la forteresse d’Akmola avec une armée de plusieurs milliers d’hommes. Après cela, comme l’écrit l’historien local Nikolaï Sereda, « les troubles dans les steppes prennent un caractère plus précis, plus alarmant et plus chronique ».
Acculé, Kenesary cherche la paix
Jouant habilement sur les désaccords entre les administrations des gouvernorats d’Orenbourg et de Sibérie occidentale – les terres du Jüz moyen étaient divisées entre ces régions de l’empire – et se révélant être un tacticien hors pair, Kenesary a longtemps lutté avec succès contre l’influence russe sur un territoire assez vaste. Ses détachements opéraient dans les montagnes de Kokchetaou, d’Oulytaou, dans les vallées des rivières Tourgaï et Irguiz, dans la région de la mer d’Aral, sur le Syr-Daria inférieur et moyen.
La rébellion s’étend à la quasi-totalité du Jüz moyen, ainsi qu’à une partie des terres du petit Jüz et du grand Jüz. Outre contre les troupes tsaristes, Kenesary Kasymov s’est également battu contre les membres de ses tribus qui avaient décidé de rester fidèles à la couronne russe : comme ses ennemis cosaques, il a ravagé les villages qui ne se soumettaient pas à lui.

A un moment donné, les mesures punitives prises par les autorités contraignent le futur khan à chercher refuge dans le khanat de Kokand. Cette fois, il se heurte à la trahison de l’élite locale : non seulement le père de la famille, Kasym, mais aussi les deux épouses de Kenesary, son fils et sa fille sont tués sur ordre du gouverneur de Tachkent.
Désespérant de recevoir un appui à Kokand et à Khiva – le souverain local avait refusé de devenir un ennemi de la Russie – Kenesary décide de rechercher la paix. Il demande à l’administration russe une amnistie, expliquant qu’il avait pris les armes uniquement à cause de la répression des nomades pacifiques par les militaires russes et kazakhs.
Sa tête mise à prix par les Russes
Cependant, ayant obtenu une amnistie, Kenesary ne s’empresse pas de s’adonner à une vie pacifique comme l’attendaient les fonctionnaires russes. Au contraire, sa révolte s’enhardit. Officiellement reconnu au Kurultai Khan de tous les Kazakhs (en réalité cet acte n’a pas reçu un soutien général au sein de l’élite locale), il entreprend d’agir au niveau international et de négocier avec l’émir de Boukhara à propos des mesures appropriées à appliquer contre le khan de Kokand.
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Seulement, à Saint-Pétersbourg, personne ne souhaite voir l’apparition d’une figure politique autonome dans les steppes. La crainte que le khan puisse passer de l’autorité russe à l’autorité boukhariote se fait de plus en plus forte. Les partisans de Kenesary commencent à nouveau à retourner les villages contre le pouvoir russe, leur interdisant de payer des impôts dus à l’empereur. Alors les rangs du khan commencent à pénétrer à l’Ouest, acculant le khan de Kokand jusqu’à Souzak et Turkestan. Les autorités russes reviennent à une politique expéditive. La commission frontalière proclame que le khan est un rebelle et met sa tête à prix pour 3 000 roubles.
Kenesary exigeait des autorités du tsar le retour des nomades faits prisonniers et la reconnaissance d’un Etat kazakh indépendant, non soumis à la Russie mais intégré dans une alliance avec elle. A Saint-Pétersbourg, personne n’était enclin aux compromis. Après avoir érigé une série de fortifications, les armées russes, avec des sultans kazakhs loyaux à l’empire russe, ont petit à petit fait pencher la balance à leur avantage et contraint Kenesary à se rendre au Sud, du coté des rivières Sarysou et Tchou.
Là étaient installés les nomades du grand Jüz, dont les sultans avaient aussi en 1846 prêté allégeance à l’empire russe. Une partie d’entre eux avait été mobilisée par Kenesary dans la guerre contre le khan de Kokand. Il leur avait promis de les rétribuer au moyen des terres conquises. Malgré la prise de plusieurs forteresses du khanat de Kokand, Kenesary, dont les troupes étaient atteintes du choléra, se retire loin au Sud-Ouest, au-delà de la rivière Ili. De là, il entreprend une campagne contre les Kirghiz, ou Kara-Kirghiz, comme les Russes les appelaient à l’époque.
Les Kirghiz sous la menace d’une invasion
Au début, Kenesary a vainement essayé de négocier une alliance avec les Chinois. Il comptait, après avoir assuré ses arrières, soumis tout le grand Jüz et les Kirghiz environnants, de nouveau engager la guerre contre Kokand – la pensée de se venger ne le quittait jamais. Avec lui, près de 100 000 personnes migraient. Le nombre de combattants aurait pu se situer entre 5 000 et 10 000, ce qui est moins qu’au plus fort de l’insurrection, quand l’armée de Kenesary avait atteint 20 000 combattants.
En réalité, même les Kirghiz n’étaient pas du tout désireux de s’allier à ce khan impétueux. Cette circonstance ne devrait pas étonner, étant donné que la majorité des Kazakhs avait refusé de le suivre à ce moment-là. Certaines tribus kirghizes étaient directement subordonnées à Kokand, tandis que d’autres reconnaissaient en 1842 Ormon Khan, le manapa (seigneur féodal) le plus influent.
Et bien qu’il n’y eût alors aucune unité à ce sujet entre les Kirghiz, la situation s’est retrouvée modifiée par l’apparition de la menace d’une invasion extérieure. Comme l’écrit l’historien soviétique Beguimaly Djalguertchinov : « Ce n’est qu’au moment de l’établissement du sultanat de Kenesary sur les Kirghiz que toutes les tribus kirghizes, hormis celles du Sud, se sont rassemblées autour d’Ormon khan, donnant ainsi un semblant d’autorité à son khanat. »
Après avoir obéi aux Kirghiz vivant à la frontière avec la Chine, Kenesary se dirige vers les « Kirghiz de la pierre sauvage » (c’est ainsi que les sources russes appelaient les tribus kirghizes vivant sur le Tian Shan en raison de leur « caractère belliqueux, leur bravoure et leur cruauté ») afin de les soumettre à son autorité, de se rendre à Kokand et de s’y autoproclamer khan.
La guerre devient inévitable
D’un autre côté, dans le manuscrit Les évènements kazakho-kirghiz que cite Beguimaly Djalguertchinov, il est dit que Kenesary khan avait préalablement envoyé à Ormon khan un ambassadeur avec la proposition d’accepter sa suprématie et, en s’alliant, de se retourner contre les Russes.
Mais quelles qu’aient été les intentions ultérieures de Kenesary, Ormon khan refuse de se soumettre à lui – il se considérait plus digne de détenir l’autorité du khan. De plus, il n’avait rien à voir avec les plans de Kenesary. Akhmet Kenesarine, fils de Kenesary, estime que ce refus est en grande partie dû aux souvenirs des guerres que le grand-père de Kenesary, Abylaï, avait mené contre les Kirghiz.
« Les chefs des kara-kirghiz, prenant conseil entre eux, refusèrent de se soumettre : ils se rappelaient encore ce qui avait eu lieu du temps d’Abylaï khan. Un proverbe kirghiz dit : les ennemis ancestraux ne peuvent pas se lier d’amitié, de même qu’un plancher coupé ne peut pas être remodelé en manche », raconte Akhmet Kenesarine dans ses mémoires.
Ayant compris que la guerre était inévitable, Ormon khan, qui avait si bien utilisé le soutien de Kokand dans le précédant conflit, établit alors des contacts avec les autorités russes. Dans les faits, Kenesary devait désormais affronter une coalition entière, bien que tout le poids de la guerre à cette étape reposât sur les Kirghiz, et, surtout, que toutes les décisions fussent alors prises par leurs chefs en toute indépendance.
Kenesary perd la tête
L’armée du khan s’est frayé un chemin à travers les terres kirghizes en massacrant la population et en détruisant des villages entiers. Nikolaï Sereda décrit comment les soldats de Kenesary ont jeté des habitants dans des chaudrons d’eau bouillante, ce qui peut être vrai, mais cela peut être aussi attribué à la « propagande ennemie ». Quoi qu’il en soit, la guerre menée par le khan fut effectivement très cruelle – la plupart des sources s’accordent sur ce point.
Au printemps 1847, alors que l’armée de Kenesary se dispersait pour ravager les villages locaux, le khan lui-même, avec quelques milliers de guerriers, se trouve encerclé par l’ennemi sur une colline de la région de Keklik-Senguir, sur la rive gauche de la rivière Tchou, à quatre kilomètres de la ville de Tokmok dans l’actuel Kirghizstan. Pendant plusieurs jours, le khan a tenu la défense, puis, abandonné par une partie de son armée, il est vaincu, capturé et exécuté.
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Nikolaï Sereda rapporte ces détails sanglants : « Ayant tué Kenesary, les Kirghiz à la pierre sauvage lui coupèrent la tête et l’enfoncèrent sur une pique, la menant d’aoul en aoul (village d’Asie centrale, ndlr) pour apaiser les habitants terrifiés ; le corps de Kenesary fut donné par vengeance aux femmes, qui le découpèrent en petits morceaux. »
D’autres sources parlent également d’une « exécution douloureuse », mais pour ce qui est de la tête du khan, des questions se posent : on ne sait pas si l’envoi de ce terrible trophée en Russie était une initiative des vainqueurs, ou si les autorités tsaristes voulaient simplement s’assurer que le rebelle qui leur avait causé tant d’ennuis était bel et bien mort. Le président kirghiz, Sadyr Japarov, insiste sur cette dernière version.
La vie après sa mort
Dans l’historiographie russe, soviétique et kazakhe moderne, la personnalité de Kenesary Kasymov a été maintes fois réévaluée. Si, à l’époque prérévolutionnaire, la rébellion du khan était considérée sans ambiguïté comme une révolte de « voleurs » traditionnelle pour la Russie, qui a toutefois retardé pendant longtemps l’expansion de l’empire vers le Sud, les bolcheviks ont tenté de lui donner un caractère à la fois de classe et anticolonial.

La version officielle disait alors que les pauvres kazakhs s’étaient soulevés contre les propriétaires terriens russes, les capitalistes et autres bourgeois. Dans le même temps, des allégations ont commencé à apparaître selon lesquelles les actions de la famille Kasymov étaient fondées sur des motifs égoïstes. Ils prétendaient que le khan et ses frères avaient pris les armes en raison de leur ressentiment à l’égard des autorités tsaristes qui ne les avaient pas nommés sultans-gouverneurs, et que Kenesary lui-même était principalement guidé par ses ambitions personnelles, et non par un quelconque souci pour le peuple kazakh.
Plus tard vint l’idée que l’image de Kenesary avait été trop idéalisée, et que la guerre qu’il a menée – l’attaque contre les Kirghiz en est la preuve – était une banale querelle féodale causée non pas tant par des facteurs externes qu’internes. A notre époque, de tels points de vue continuent d’etre relayés.
De multiples revirements
Dans l’après-guerre, les débats autour de la figure de Kenesary ont atteint un nouveau sommet. L’historien Ermoukhan Bekmakhanov, ayant essayé de prouver que l’expansion sous le commandement du khan avait joué un rôle dans l’histoire du Kazakhstan et avait retardé sa colonisation, il a été accusé de « nationalisme bourgeois » et a condamné à 25 ans de prison. Après la mort de Joseph Staline, ses collègues ont réussi à obtenir sa réhabilitation et la libération du scientifique qui, comme Kenesary, appartenait aux Gengiskhanides.
Selon un autre point de vue, la révolte de Kenesary était anticoloniale seulement à son premier stade, lors de la lutte pour la libération des Kazakhs contre la Russie et Kokand. Elle s’est par la suite transformée en querelle féodale au détriment des terres kirghizes.
Au cours des dernières années soviétiques, une évaluation négative générale a prévalu : la rébellion, bien que causée par l’oppression coloniale croissante de l’administration tsariste, était prétendument réactionnaire et monarchique par nature, et ses dirigeants ne représentaient en aucun cas les intérêts de leur propre peuple.
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Dans le Kazakhstan contemporain, Kenesary Kasymov, est univoquement perçu comme un héros national. En ce qui concerne les guerres, il les a menées contre les ennemis intérieurs et extérieurs sur fondement de solides justifications. L’accent est mis sur le fait que la révolte a été un soulèvement national, bien qu’une telle affirmation puisse sembler au minimum audacieuse. Il est noté que « la majorité de la population des trois jüz » a pris part au « mouvement de libération nationale et anticolonial » sous la direction du khan, et que seule la position d’une partie de la noblesse, flattée par les privilèges accordés par le tsarisme, a conduit à la défaite du soulèvement.
De mythes et de simulacres
Pourtant, la cruauté excessive de Kenesary à l’égard de ses compatriotes dissidents et des Kirghiz est également reconnue, bien que ces derniers aient encouru la colère du khan car ils ont agi « à l’instigation des Kokandais », et qu’en général, ils se soient laissés entraîner par ses nombreux opposants.
Néanmoins, la reconnaissance de certaines erreurs commises par Kenesary Kasymov permet d’espérer que cette personnalité réelle et certainement extraordinaire ne se transformera pas en un mythe sur un combattant de la liberté, et que toute tentative de le regarder d’un point de vue critique ne sera plus perçue comme une terrible insulte envers tous les Kazakhs. Après tout, plus les mythes et les simulacres s’empileront autour de ces événements, moins on connaitra réellement Kenesary.
Piotr Bologov
Journaliste pour Fergana News
Traduit du russe par Sophie Combaret
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Vie et mort de Kenesary, dernier khan du Kazakhstan
Vincent Gélinas, 2025-07-24
Pourquoi avoir écrit cette phrase? Elle ne semble pas lié au reste du texte: Au cours de l’année, des discussions ont fait rage sur l’héritage douloureux du tsarisme, du régime soviétique ou des « terribles années 90 ».
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