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Le président allemand en visite au Kazakhstan et au Kirghizstan

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier s'est rendu en visite officielle au Kazakhstan et au Kirghizstan. Les rencontres avec ses homologues ont notamment porté sur les relations économiques, mais l'accent a également été mis sur l'importance géopolitique croissante de l'Asie centrale.

Rédigé par :

Robin Roth 

Edité par : Paulinon Vanackère

Traduit par : Marc Gruber

Novastan Deutsch

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Les présidents kazakh et allemand à Astana. Photo: akorda.kz.

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier s’est rendu en visite officielle au Kazakhstan et au Kirghizstan. Les rencontres avec ses homologues ont notamment porté sur les relations économiques, mais l’accent a également été mis sur l’importance géopolitique croissante de l’Asie centrale.

Le 19 juin dernier, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a entamé un voyage de cinq jours en Asie centrale. Par ce voyage, le président a souligné l’importance géopolitique croissante de la région.

Selon les communications du cabinet présidentiel, il a également servi à envoyer un signal de partenariat et à souligner « l’intérêt de l’Allemagne à diversifier ses relations politiques, économiques et énergétiques ».

Kazakhstan : économie et écologie

Le 20 juin dernier, Frank-Walter Steinmeier était reçu par son homologue Kassym-Jomart Tokaïev à Astana, la capitale du Kazakhstan. Les discussions ont notamment porté sur le renforcement de la coopération pour le développement de la voie de transport internationale transcaspienne, le Corridor central, et sur les domaines du pétrole et du gaz, de l’énergie verte et de l’industrie. Des livraisons régulières de pétrole pour la raffinerie de Schwedt-sur-Oder, dans le Brandenbourg, ont également été convenues à cette occasion.

« Le Kazakhstan peut fournir de l’énergie et des matières premières nécessaires à l’économie de l’Allemagne, ce qui est particulièrement important dans la période géopolitique et géoéconomique complexe actuelle. La livraison de pétrole kazakh à une raffinerie dans la ville de Schwedt pour le compte de la partie allemande en est un exemple clair. La mise en œuvre effective des projets prévus nécessite la résolution d’une série de tâches, […] y compris le développement de liaisons de transport et de logistique. A l’heure actuelle, la route de transport internationale transcaspienne […] prend de plus en plus d’importance », a déclaré le président kazakh à l’issue de la réunion.

La rencontre a également permis de conclure des accords dans le domaine de la science et de l’enseignement supérieur, sur la création de l’Institut germano-kazakh d’ingénierie durable, le développement d’un partenariat dans le domaine du transport de passagers et de la logistique des transports, ainsi que d’autres accords économiques.

Les deux chefs d’État ont ensuite participé à un symposium réunissant les recteurs des universités allemandes et kazakhes, ainsi qu’au Forum économique germano-kazakh. À la fin de son séjour à Astana, Frank-Walter Steinmeier a visité le musée national du Kazakhstan et a rencontré des représentants de la société civile.

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Le lendemain, le président allemand s’est rendu à Aktaou, une ville située au bord de la mer Caspienne. Il y a assisté à la pose de la première pierre de l’Institut germano-kazakh d’ingénierie durable à l’université Yessenov, et ensuite visité un projet du groupe germano-suédois Svevind visant à produire de l’hydrogène vert à partir de l’énergie éolienne et solaire. Pour conclure sa visite au Kazakhstan, il a visité le port de Kouryk, situé au sud d’Aktaou, et s’est entretenu avec des experts sur les opportunités et les défis stratégiques du Corridor central.

Kirghizstan : l’accent sur l’économie verte

Arrivé la veille à Bichkek, la capitale kirghize, Frank-Walter Steinmeier était reçu le matin du 22 juin par le président du Kirghizstan, Sadyr Japarov. « Nous avons des relations stables et qui se développent de manière dynamique depuis plus de 30 ans. […] L’Allemagne est également prête à soutenir le Kirghizstan à tous égards et à partager son expérience dans le domaine des sources d’énergies renouvelables. Votre pays réunit de très bonnes conditions pour cela », a déclaré le président allemand.

Sadyr Japarov a aussi exprimé l’intérêt du Kirghizstan pour le développement de la coopération dans les domaines du commerce, de l’économie et de la technologie. Le pays dispose d’un potentiel considérable dans le domaine des sources d’énergies renouvelables et s’intéresse aux technologies allemandes de production d’hydrogène vert. Le Kirghizstan disposant d’importantes ressources en eau, il serait possible de produire ensemble de l’hydrogène vert.

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Sadyr Japarov a également fait la promotion des investissements au-delà de ces thématiques. « Actuellement, nous mettons en œuvre le programme de développement de l’économie verte, […] et des dizaines de projets de construction de moyennes et petites centrales hydroélectriques sont mis en œuvre. Dans ce contexte, nous proposons d’envisager la possibilité d’investir dans des projets verts au Kirghizstan. Leur mise en œuvre conjointe pourrait contribuer au développement économique du pays tout en atteignant les objectifs climatiques et environnementaux fixés dans le cadre de l’accord de Paris », a souligné le chef d’État kirghiz.

L’écologie a également joué un rôle important dans la suite de la visite de Frank-Walter Steinmeier au Kirghizstan. Le 23 juin, le président allemand s’était ainsi rendu au parc national d’Ala-Artcha, où il a discuté avec des scientifiques de l’influence du changement climatique sur les montagnes et les glaciers du Kirghizstan, ainsi que sur l’approvisionnement régional en eau.

L’Allemagne, un modèle à suivre ?

Lors de son entretien avec son homologue allemand, le président kirghiz a en outre souligné le rôle de modèle de l’Allemagne en matière de démocratisation. « Grâce à son autorité politique et à son potentiel économique, l’Allemagne est un modèle pour de nombreux pays dans le monde, y compris pour nous. Nous partageons le même point de vue sur les valeurs démocratiques, les libertés fondamentales et les droits de l’Homme, qui ont également une grande importance en Allemagne », a déclaré le président.

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Ces déclarations se heurtent toutefois à l’incompréhension de la presse kirghize. Le média kirghiz Kloop souligne ainsi que des organisations de défense des droits de l’Homme comme Human Rights Watch et Amnesty International indiquent dans leurs rapports que la liberté d’expression est progressivement restreinte au Kirghizstan.

La détention d’une trentaine d’activistes et d’hommes politiques dans le cadre de l’affaire Kempir-Abad, l’expulsion du journaliste d’investigation Bolot Temirov, le blocage du site du média Radio Azattyk et les interrogatoires réguliers de journalistes et de blogueurs en sont des exemples.

L’Asie centrale gagne en importance

Comme le rapporte Kloop, les deux présidents se sont également entretenus sur les sanctions occidentales contre la Russie. Frank-Walter Steinmeier a déclaré que les autorités kirghizes, en étroite collaboration avec l’Union européenne (UE), seront en mesure d’éviter le contournement des sanctions.

« Nous savons qu’il est difficile pour les pays de l’Union économique eurasiatique de tracer le transport et la circulation des biens et des marchandises, mais nous espérons néanmoins qu’en étroite collaboration avec les services compétents de l’UE, des possibilités seront trouvées pour éviter le contournement des sanctions », a déclaré le président allemand. Dernièrement, le Kirghizstan, comme d’autres pays d’Asie centrale, a subi des pressions occidentales parce qu’il servait de plaque tournante pour la revente à la Russie de marchandises sanctionnées.

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C’est notamment à cause de cette question des sanctions que l’Asie centrale est de plus en plus au centre de la politique européenne – un sommet UE-Asie centrale a eu lieu à Tcholpon-Ata, au Kirghizstan, auquel ont participé, outre les présidents d’Asie centrale, le président du Conseil de l’UE, Charles Michel. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, s’était rendue au Kazakhstan et en Ouzbékistan à l’automne. Frank-Walter Steinmeier lui-même avait reçu le président ouzbek Chavkat Mirzioïev lors d’une visite d’État à Berlin en mai. Et les échanges vont se poursuivre : comme le rapporte l’agence de presse kazakhe Kazinform, le président Kassym-Jomart Tokaïev est attendu à Berlin en septembre.

Robin Roth
Rédacteur en chef de Novastan Deutsch

Traduit de l’allemand par Marc Gruber

Edité par Paulinon Vanackère

Relu par Julien Goutay

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