Les études chinoises sur la région centrasiatique ont commencé bien avant que s’y forment des républiques indépendantes. Les étapes du développement des études sur la région sont expliquées dans un article du directeur de l’Institut Russie, Europe de l’Est et Asie centrale de l’Académie des Sciences sociales de la République populaire de Chine, Sun Zhuangzhi : 70 ans d’études centrasiatiques en Chine, succès et difficultés.Novastan reprend et traduit ici un article publié le 9 février 2021 par le Central Asian Analytical Network. Le professeur Sun Zhuangzhi propose dans un article un panorama des études chinoises sur l’Asie centrale. Le Central Asian Analytical Network se propose d’en faire un résumé. La reconnaissance d’une région centrasiatique dans la politique internationale commence au XIXème siècle, mais ses délimitations géographiques sont vagues. A l’époque soviétique, la division administrative de l’Asie centrale regroupe quatre républiques : l’Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et le Turkménistan, mais exclut le Kazakhstan. Depuis 1991, les cinq états de la région sont regroupés dans cet ensemble.
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A cause de sa proximité avec le Xinjiang, la région a attiré l’attention relativement tôt, mais les réelles études académiques systématiques de grande ampleur ont vraiment décollé au cours des 30 dernières années. Quelques instituts de recherche nationaux et des établissements d’études supérieures ont fondé des centres spécialisés dans l’étude de la région et ont des effectifs stables de chercheurs. Les études sur l’Asie centrale et chacun de ses pays s’approfondissent, et couvrent la plupart des domaines.
L’étape initiale
Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, les relations sino-soviétiques ont traversé une période de « lune de miel » de dix ans. La propagande intérieure chinoise envers l’Union soviétique et les contacts dans tous les domaines étaient relativement chaleureux. Ensuite, avec la dégradation des relations et les tensions frontalières, les échanges entre les deux pays ont été largement gelés. A cette époque, les études domestiques sur l’URSS n’étaient pas systématiques, et cet état de fait s’est poursuivi jusqu’à la période des réformes et de l’ouverture. Dans les années 1980, avec le réchauffement des relations, des chercheurs chinois ont commencé à conduire des recherches sur l’Histoire soviétique, les questions ethniques et les problèmes économiques, incluant les conditions de vie dans les régions frontalières de la Chine. Lire aussi sur Novastan : Les lettres sogdiennes, témoignage des liens entre la Chine et l’Asie centrale L’Institut de l’Asie centrale de l’Académie des sciences sociales du Xinjiang, fondé en 1980, en est représentatif. Il a rassemblé dans ses rangs des experts de l’Histoire régionale, de sa culture et des langues nationales. L’institut a publié et distribué le premier périodique trimestriel sur la région : Etudes soviétiques de l’Asie centrale. En 1983, la revue a été renommée Travaux de recherches centrasiatiques, et en 1986, Etudes centrasiatiques jusqu’à la fin de sa publication en 1998.
Des politiques régionales à l’économie, en passant par l’histoire
Au total, 60 numéros consacrés aux politiques régionales en Asie centrale ont été publiés. Bien qu’un nombre important soit dédié au Xinjiang, ils ont posé les fondations des études sur la zone. Lorsque les pays d’Asie centrale ont obtenu leur indépendance en 1991, l’Institut de l’Asie centrale de l’Académie des Sciences sociales du Xinjiang a pu s’appuyer sur ces travaux pour publier rapidement une Situation générale des quatre pays d’Asie centrale et une Situation générale de la République du Kazakhstan, et plus tard les deux ouvrages sous le titre Aperçu des cinq pays d’Asie centrale. Le rédacteur en chef était le chercheur Wang Pei, directeur de l’Institut à l’époque. Dans les années 1980, l’Académie chinoise des Sciences sociales et beaucoup d’écoles et d’universités ont étudié activement les problèmes soviétiques. Parmi eux, les études historiques, ethniques, mais aussi économiques et commerciales concernant l’Asie centrale étaient au centre de l’attention. C’est seulement après les indépendances que les chercheurs chinois ont commencé à étudier l’Asie centrale comme une part intégrante des questions internationales. Depuis cette époque, de plus en plus d’articles et de monographies ont été publiés, des séminaires ont été organisés et progressivement un groupe influent d’experts de la région s’est formé en Chine. Lire aussi sur Novastan : Pourquoi le premier journal de Chine est-il désormais disponible en kazakh ? L’une des structures les plus influentes était le Centre pour les études d’Asie centrale, fondé après que l’Institut soviétique et de l’Europe de l’Est de l’Académie chinoise des Sciences sociales soit renommé Institut de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale en 1992.
Indépendance et développements
Dans les années 1990, ces études ont atteint un niveau assez élevé. Cela était lié aux études soviétiques et à la connaissance de la langue russe par de nombreux experts. Les tout premiers spécialistes étaient des experts de l’Union soviétique. Pour beaucoup de documents, les sources étaient principalement russes, issus de journaux russes et de périodiques des pays d’Asie centrale, ainsi que des travaux de chercheurs russes. A cette époque, les cercles académiques se concentraient principalement sur le développement des nouveaux pays à travers leurs conditions nationales particulières et leur histoire, publiant des monographies comme Introduction aux cinq pays d’Asie centrale, Les relations extérieures des cinq pays d’Asie centrale, La Chine et l’Asie centrale ou encore Les privatisations en Europe de l’Est et en Asie centrale. Les résultats de ces recherches n’ont pas seulement permis à des personnes de tous horizons de comprendre l’Asie centrale, mais aussi de poser les fondations disciplinaires de l’étude des questions centrasiatiques dans l’analyse chinoise. Les premiers articles et rapports de recherche incluaient des analyses situationnelles, des résumés des situations régionales et nationales, et des développements économiques et politiques. La plupart d’entre eux se concentraient sur les contradictions du processus de transformation politique et la compréhension des problèmes ethniques. Les relations entre la Chine et l’Asie centrale étaient traitées séparément. A cette époque, les chercheurs du Xinjiang étaient avant tout inquiets des idées panislamistes et panturquistes.
La construction d’une discipline
A mesure que les recherches se sont approfondies, les sujets d’étude se sont répartis en deux catégories : régionale et nationale. La première examine les cinq pays comme un tout et souligne les évolutions à l’œuvre dans toute la région, les relations entre les pays et les relations extérieures. La seconde analyse les politiques de chaque pays séparément. Le contenu de ces études inclut la politique, l’économie, la sécurité, la politique intérieure et les sciences humaines. De nombreuses universités et instituts ont commencé à contribuer à la construction de cette discipline et au développement de talents. Par exemple, à l’Académie des Sciences sociales du Xinjiang, les études centrasiatiques sont devenues l’une des quatre disciplines fondamentales. Des chercheurs seniors ont commencé à participer aux travaux, comme le professeur Zhao Changqing de l’Académie chinoise des Sciences sociales, le professeur Yang Chu de l’Université de Lanzhou, le professeur Pang Zhiping de l’Académie des Sciences sociales du Xinjiang ou Hu Zhenhua de l’Université centrale des nationalités. Lire aussi sur Novastan : Les pays d’Asie centrale, dans le ventre mou du bonheur mondial Dans les années 1990, ces mêmes universités ont commencé à préparer des doctorants et des étudiants en Master aux problématiques de l’Asie centrale. Une grande quantité de dissertations ont contribué à combler les points faibles de la discipline.
Approfondissement des travaux
Après l’entrée dans le nouveau siècle sur fond de rapide développement de bonnes relations entre la Chine et les pays d’Asie centrale, les études ont donné des résultats intéressants. Les instituts, dotés d’une réelle autorité, ont démontré la force de leurs équipes en publiant des travaux comme Dix ans de grands changements : l’Asie centrale, Encyclopédie de l’Asie centrale et du Sud, et Précis des cinq pays d’Asie centrale, révélateurs de l’amélioration de la qualité des études. Quant aux études des pays pris séparément, une série de monographies a été éditée, dont les plus importantes restent Chroniques des cinq pays centrasiatiques et Développement politique et économique du Kazakhstan après l’indépendance (1991-2011), compilées par des chercheurs du Centre pour les études Russes, d’Europe de l’Est et d’Asie centrale de l’Académie chinoise des Sciences sociales. A cette époque, de plus en plus d’articles sur la politique, la sécurité et la diplomatie des pays d’Asie centrale sont publiés. Les experts chinois notent que les cinq pays, malgré un point de départ commun et des traditions culturelles proches, se sont distanciés les uns des autres au cours de la décennie d’indépendance. Les spécificités nationales sont de plus en plus visibles, et les trajectoires politiques, économiques et sociales varient grandement. En plus des questions diplomatiques et sécuritaires, l’étude des politiques sociales, économiques et démographiques se sont graduellement renforcées, et des études comparées des systèmes politiques des différents pays, incluant des systèmes parlementaires et présidentiels, sont apparues.
Une promotion plus importante des recherches
La création de l’Organisation de coopération de Shanghai en 2001 a permis aux scientifiques d’accéder à plus d’informations sur la situation régionale et la coopération stratégique entre la Chine et l’Asie centrale. Après 2011, le renforcement et la multiplication des visites entre les pays ont permis de vérifier de nombreuses conclusions et d’avoir une vision plus objective. Après que, en 2013, l’initiative chinoise des Nouvelles routes de la Soie ait été officiellement annoncée par Xi Jinping au Kazakhstan, cette nouvelle impulsion a grandement contribué à enrichir les perspectives des chercheurs. Les investissements dans différents instituts de recherche et d’universités ont augmenté, ainsi que le nombre de forums internationaux et de séminaires de haut niveau. De nombreux experts centrasiatiques ont été invités pour présenter leurs travaux. La diversification des méthodes de recherche et des réseaux ont permis l’accès à des sources de première main en langue originale, accélérant les recherches. L’année 2001 a vu une augmentation du nombre de travaux systématisant la comparaison des transformations institutionnelles. Il a été noté que la démocratisation contrôlée est une voie qui s’inscrit dans les conditions spécifiques de l’histoire de l’Asie centrale, un développement inséparable des éléments politiques, économiques, sociaux et culturels de la région. Quelques chercheurs chinois pensent que la question de la démocratie politique dans les pays d’Asie centrale ne relève pas seulement d’une question de controverse théorique, mais qu’il s’agit d’un sujet complexe et très actuel. Ces chercheurs expliquent, quant aux différences entre les cinq pays, que certaines s’expliquent par des situations pressantes, et d’autres ont été planifiées en avance.
D’abord une question de sécurité
L’intérêt pour ces questions est directement lié aux changements dans la situation régionale. Premièrement, l’influence de l’extrémisme et du terrorisme à la fin des années 1990 était directement influencée par la dégradation de la situation en Afghanistan et l’arrivée au pouvoir des talibans. A cette époque, les études étaient avant tout dirigées vers les questions de sécurité. Ces recherches ont montré que, avec les bouleversements géopolitiques, la question des nationalités dans les pays d’Asie centrale adoptait un caractère largement transnational. La convergence des facteurs ethniques et religieux, l’utilisation de la religion par les ultranationalistes ayant une grande influence dans les relations entre ethnies, freinaient la construction économique et faisaient peser une menace sur la sécurité régionale. A ce titre, les influences extérieures dans le contexte du terrorisme international étaient étudiées en profondeur.
Un vif intérêt parmi les chercheurs
Deuxièmement, la révolution des Tulipes de 2005 au Kirghizstan a provoqué un vif intérêt parmi les chercheurs. Ceux-ci ont comparé les manifestations avec les changements de régime en Ukraine et en Géorgie, analysant les causes, le processus et les conséquences pour en tirer leurs propres conclusions sur la spécificité de ce pays. A cette époque, de nombreux chercheurs chinois ont commencé à étudier les limites des politiques autoritaires en Asie centrale ainsi que leurs risques politiques et sociaux. Certains ont pensé que l’autoritarisme était le modèle démocratique formé pendant les périodes de transformation. L’économie stagnante, la montée du nationalisme, la légitimé des élites, l’héritage politique antérieur, la faiblesse de la société civile et les très faibles contraintes établies par les institutions démocratiques ont empêché le processus d’aboutir, donnant lieu à ces « politiques autoritaires » dans les cinq pays. Lire aussi sur Novastan : Kirghizstan : des journalistes dénoncent des tentatives de piratage de leurs comptes Troisièmement, à l’occasion des 20 ans des indépendances, les recherches ont fait le bilan des avancées dans tous les domaines : géopolitiques, historiques, économiques, sociaux… Quatrièmement, les travaux se sont penchés sur les relations entre la Chine et les pays d’Asie centrale dans le cadre du « jeu » entre les grandes puissances. Ainsi, des travaux sur la coopération et la concurrence entre Chine, Russie et Etats-Unis dans la région, ou sur la gestion des ressources énergétiques sont publiés. Après le lancement des Nouvelles routes de la Soie, les chercheurs ont montré en profondeur la contribution unique de ces pays pour le développement du projet.
Difficultés et défis rencontrés par les études centrasiatiques en Chine
Comme le souligne l’auteur, cette discipline est encore en développement, en Chine comme ailleurs. En une courte période, de grands efforts ont été réalisés pour assurer la pérennité des recherches. Par exemple, le Rapport sur le développement des pays d’Asie centrale, établi par le Centre pour les études sur la Russie, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale de l’Académie chinoise des Sciences sociales, est publié annuellement depuis 2011. Ce rapport fait un état des lieux objectif du développement de ces pays. Cependant, le processus de collecte de données se confronte souvent à des problèmes et au nombre limité d’experts. En raison de l’évolution rapide de la situation et de la faiblesse de la base de chercheurs régionaux, les recherches ne sont pas très développées localement. « A l’heure actuelle, de nombreuses questions concernant l’Asie centrale ne sont pas étudiées de manière suffisamment approfondie. De plus, à cause de l’influence d’évènements actuels de plus grande ampleur, les études nationales se concentrent davantage sur les perspectives macro, de sorte qu’il y a de moins en moins d’études détaillées sur tel ou tel sujet », indique Sun Zhuangzhi. Dans un tel contexte, il est nécessaire de restructurer le modèle académique.
Un contenu relativement uniforme
En premier lieu, selon l’auteur, le contenu des recherches est relativement uniforme. Les chercheurs s’intéressent davantage aux questions politiques, diplomatiques et sécuritaires, ou aux relations avec la Chine et à la concurrence entre grandes puissances dans la région. A cause du manque de données publiées par les pays d’Asie centrale, ainsi que des défis et obstacles à l’accumulation de données, peu d’attention est portée à des questions de fond comme les trajectoires économiques et sociales ou les traditions historico-culturelles. En deuxième lieu, les recherches sur l’Asie centrale occupent une place relativement mineure dans le champ des disciplines académiques. La région étant sous l’influence de puissances extérieures, le facteur des grandes puissances est prépondérant. Les chercheurs et les médias russes ont ainsi beaucoup d’informations sur la zone et les chercheurs chinois s’appuient donc souvent sur des données et des recherches russes et adoptent donc le point de vue russe. Quelques jeunes chercheurs se tournent vers des sources anglophones, mais de la même manière sont soumis aux informations incomplètes des chercheurs occidentaux. Lire aussi sur Novastan : Tensions États-Unis / Chine : « La diplomatie multi-vectorielle des pays d’Asie centrale est mise à l’épreuve » En troisième lieu, certains des pays de la région, en particulier le Turkménistan, sont très fermés. Les études se concentrent principalement sur les états puissants de la région, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Plusieurs études ont un caractère très théorique, et les sujets importants sont traités, mais pas en détail. En étudiant les changements politiques au Kirghizstan, des chercheurs ont ainsi avancé que les problèmes de ce pays dérivent du tribalisme de la culture politique traditionnelle, un point de vue novateur mais trop simplificateur. Plus encore, certains ont prédit que le système parlementaire pouvait aider à résoudre ces problèmes historiques, mais au même moment le Kirghizstan éprouve des difficultés à faire cohabiter en paix ses différentes forces politiques. Un des problèmes de la discipline tient à ce que très peu de chercheurs connaissent les langues nationales d’Asie centrale, ce qui rend difficile la collecte de nouveaux matériaux, plus encore avec la diminution des publications en langue russe.
Toujours les mêmes méthodes de recherche
Quatrièmement, il y a un manque d’innovation dans les méthodes de recherche. Aujourd’hui, les processus reposent sur des techniques traditionnelles d’étude de la littérature et des méthodes qualitatives, et il manque des analyses quantitatives pour former une base théorique plus solide. Quelques jeunes chercheurs chinois utilisent de nouvelles approches pour avancer leurs concepts, suivant le modèle occidental qui s’appuie sur l’économie, la sociologie ou la théorie des jeux, mais il est difficile de confirmer des données fiables. Cinquièmement, l’augmentation du nombre de spécialistes est lente. Les grands noms de la recherche sur les pays d’Asie centrale sont encore des experts qui se sont fait connaître dans les années 1990. Ceux-là vieillissent, et peu de jeunes chercheurs sont reconnus, que ce soit en Chine ou à l’étranger. Ils ont de plus des désavantages évidents. Par exemple, beaucoup manquent d’expérience de terrain. Aujourd’hui, il est difficile dans beaucoup d’universités de former des groupes de qualité de recherche sur la région. Souvent, les chercheurs n’ont pas de soutien extérieur et il y a peu de plateformes d’échange collaboratif.
Perspectives et orientations des futures recherches
Ces dernières années, des centres régionaux ont été fondés dans les universités chinoises, incluant des groupes sur les pays d’Asie centrale. Les universités ayant une bonne base de recherche sur les questions internationales et une longue tradition d’apprentissage des langues étrangères s’intéressent à ce modèle. Elles reçoivent un soutien sérieux de la part du ministère de l’Education et des autorités régionales. La société en général s’intéresse davantage à l’Asie centrale qu’auparavant. Ce champ de recherche est aujourd’hui considéré comme étant dans une période de prospérité, et est davantage intégré dans d’autres problématiques de politique internationale. Mais il est nécessaire d’approfondir les questions suivantes. Premièrement, l’intégration de l’Asie centrale. Le développement des cinq républiques est de plus en plus lié à l’environnement international. L’initiative de la Nouvelle route de la Soie, qui se développe sous l’impulsion chinoise, a rappelé le statut de l’Asie centrale comme un nœud de transport important en Eurasie. Les grandes puissances attachent une importance stratégique à la région, car beaucoup de plans de corridors de transports y sont liés. Les chercheurs chinois étudient les problèmes auxquels les Nouvelles routes de la Soie pourraient être confrontés, et dans ce contexte l’Asie centrale est un exemple à plusieurs niveaux. « Un nouveau facteur se forme progressivement, qui pourrait avoir une influence majeure sur les tendances sécuritaires des pays d’Asie centrale. Le lien entre la construction des Nouvelles routes de la Soie et les stratégies de développement de ces pays sera important dans le maintien de leur stabilité sociale et politique », explique Sun Zhuangzhi. Dans l’étude des relations entre puissances, les changements dans l’arène internationale et des questions importantes comme l’amélioration de la gouvernance globale et le dialogue entre civilisations, interdisent d’ignorer le rôle unique de l’Asie centrale.
Comprendre l’évolution future de l’Asie centrale, un enjeu important pour la Chine
Deuxièmement, la question de l’Asie centrale dans le cadre des perspectives régionales et internationales. Alors que les pays centrasiatiques entrent dans une période de transition du pouvoir, les problèmes issus des transformations économiques et politiques sont de plus en plus visibles, et beaucoup d’experts étudient et analysent en détail ces questions. La période de transformation est au centre de l’attention des chercheurs. Les principales caractéristiques de cette étape sont les suivantes : les structures politiques cherchent la stabilité et les luttes partisanes, les conflits ethniques et les comportements extrêmes sont limités dans une certaine mesure ; le nationalisme devient la base idéologique dominante, et ni la démocratisation à l’occidentale ni l’islam politique n’ont d’impact ; et enfin, le système parlementaire et partisan est régulé par les autorités au pouvoir, donnant place à un régime présidentiel fort. La stabilité de l’Asie centrale dans le futur sera limitée et conditionnelle. De nombreux facteurs soutenant la stabilité sont déjà soumis à des éléments perturbateurs. Si la situation est gérée incorrectement ou si des changements inattendus se produisent, les facteurs de déstabilisation pourront être plus visibles. L’asymétrie de la transition politique et économique affecte le processus de transformation. La dualité du pouvoir et de la démocratie met la transition économique face à un dilemme et la transformation est condamnée à être un processus de long terme. Lire aussi sur Novastan : Le président du Sénat kazakh s’insurge contre le système économique en place Troisièmement, l’étude des problèmes de l’Asie centrale dans le domaine de la culture. La particularité de la culture joue pour beaucoup dans la direction du développement des cinq pays. Certains chercheurs écrivent que les traditions politiques et culturelles en Asie centrale, qui se caractérisent par la fragilité et la variabilité, la division et la rupture, le despotisme et la subordination au pouvoir, sont des facteurs déterminants des changements dans les sphères de la politique, de l’économie et de la société. Après l’indépendance des pays d’Asie centrale, la position stratégique globale de la région a continué de se renforcer, devenant un enjeu de concurrence entre différentes puissances culturelles. Sous la pression de l’islam, de l’Occident et de la Chine, l’Asie centrale est devenue une zone « vide » d’imbrication de cultures sous l’influence de groupes culturels globaux. Différentes forces culturelles vont ainsi continuer à s’affronter, à coopérer et à cohabiter.
Des relations à construire
Quatrièmement, les perspectives de recherche sur l’évolution des relations entre la Chine et l’Asie centrale. Cette région est dans le voisinage proche de la Chine, et la coopération bilatérale est développée à tous les niveaux. Mais il y a encore de très nombreux sujets à creuser, comme l’Organisation de coopération de Shanghai, au sein de laquelle l’Asie centrale est au centre du dialogue multilatéral. La Chine a mis en avant de nouveaux concepts diplomatiques appliqués dans la région. Qu’il s’agisse de politiques de bon voisinage basés sur la proximité, la sincérité et l’ouverture, ou la construction conjointe d’un nouveau type de relation, il est nécessaire de développer et renforcer les études théoriques et d’offrir des options raisonnables dans tous les domaines.
La question de la sécurité
Enfin, l’étude de la région dans la sphère de la sécurité. L’Asie centrale est « la région la plus vulnérable » à l’extrémisme et à l’islamisme, et les recherches sur les impacts non traditionnels de la sécurité sont fondamentales. Le recrutement de membres de l’Etat islamique et la diffusion d’idées radicales peut devenir un catalyseur pour l’exacerbation des contradictions sociales dans la zone.
Ces dernières années, les pays d’Asie centrale ont réagi activement à la menace de l’extrémisme en améliorant leur appareil juridique, renforçant la gouvernance sociale, promouvant un mode de vie sain et la culture traditionnelle, améliorant la qualité de l’information de masse, et en créant des lignes de confiance. Depuis 2013, les principaux problèmes n’ont pas été résolus. Au contraire, ils sont cachés par la situation relativement calme dans la région et continuent de s’accumuler, ce qui peut avoir un effet cumulatif avec la situation politique chaotique en Afghanistan, au moment du retrait des troupes américaines. Plus d’attention doit donc être portée à l’impact des questions socio-économiques sur la stabilité régionale. Lire aussi sur Novastan : L’Afghanistan taliban, un faisceau de menaces sur les pays d’Asie centrale En conclusion, les études chinoises sur l’Asie centrale vont continuer à fleurir, avec des résultats plus qualitatifs. Ces recherches ont une influence heureuse sur le partenariat stratégique, et aident à construire un socle intellectuel aux relations bilatérales dans le contexte des Nouvelles routes de la Soie. Avec l’addition d’un grand nombre de jeunes chercheurs, ainsi que des méthodes scientifiques innovantes, il est possible d’accroître l’influence internationale de la Chine dans le futur.
La rédaction de Central Asian Analytical Network
Traduit du russe par Bertrand Gouarne
Édité par Anthony Vial
Relu par Emma Jerome
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