Quatre étudiants en langue persane à l’Inalco de Paris ont pu partir au Tadjikistan entre mars et juin 2022. Cet échange permet à la Fondation Inalco de s’impliquer davantage en Asie centrale. À la suite de l’obtention d’une bourse de mobilité de la Fondation Inalco, organisme chargé du financement des projets des « Langues O’ », quatre étudiants en langue persane à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) ont pu partir étudier à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan, entre mars et juin 2022.
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Bien qu’elle ait déjà organisé quelques projets depuis trois ans sous la forme d’une association, la Fondation Inalco n’existe officiellement que depuis octobre 2021. Cet échange avec l’Université de Douchanbé lance donc ses activités. Il s’agit de la première « promotion » de lauréats de ses bourses de mobilité internationale, mais également du premier échange entre l’Inalco et l’Université de Douchanbé.
Le Tadjikistan, un choix « naturel »
« Le choix du Tadjikistan s’est fait naturellement », explique à Novastan Arnaud Gennevois, délégué général de la Fondation Inalco. « La Fondation a souhaité prioriser le monde perse, le persan étant l’une des quatre langues originelles de l’Inalco (aux côtés du chinois, du hindi et du turc), et l’aire géographique concernée présentant des enjeux géopolitiques, culturels et civilisationnels majeurs », ajoute-t-il. Le persan est parlé par plus de cent vingt millions de locuteurs, majoritairement en Iran, en Afghanistan et au Tadjikistan. Les échanges avec l’Iran et l’Afghanistan étant compliqués, l’Institut a porté son choix sur le Tadjikistan. En outre, l’Institut a signé au début de l’année une convention avec l’Université nationale d’État du Tadjikistan. Lire aussi sur Novastan : « Nous investissons dans l’avenir du Tadjikistan » Pour ce qui est de la sélection des étudiants, les critères d’obtention de cette bourse sont variés. Cette opportunité a été offerte aux étudiants en deuxième et troisième année de Licence et en Master. La sélection porte sur l’excellence de leurs résultats, ou sur une progression et une réussite exceptionnelles. Enfin, les étudiants ayant un projet professionnel, social ou humanitaire particulièrement original ont été soutenus.
Des parcours divers
Parmi les premiers étudiants sélectionnés se trouvent Eve Garinat, étudiante en Licence 3 Relations internationales, spécialisée dans le monde iranien. « Étudier l’Asie centrale, espace au carrefour des mondes turc, iranien et russe est apparu comme un prolongement naturel de mon cursus », explique l’étudiante à l’Inalco. « En effet, si le Tadjikistan a vu son histoire liée à celle de l’Iran sous les Achéménides dans l’Antiquité et sous les Samanides au Moyen-Âge, où il a vu naître le poète Roudaki, il a été transformé par l’influence russe, impériale puis communiste, créant une histoire complexe et unique« , ajoute-t-elle. Sephora Valloton, étudiante en Master 2 Traduction littéraire en langue persane, est pour sa part très impliquée auprès des étudiants exilés iraniens et afghans accueillis par l’Institut dans le cadre de l’action « Urgence Afghanistan » menée après la chute de Kaboul en août 2021. Contactée par Novastan, elle voit dans cet échange une opportunité unique d’approfondir sa compréhension culturelle et linguistique, ce qui est nécessaire pour la pratique de la traduction littéraire. Elle pourra également échanger avec des étudiants et des professeurs spécialisés en littérature tadjike et profiter des ressources bibliographiques sur place. Lire aussi sur Novastan : La France et le Kazakhstan dévoilent une bourse étudiante « Abaï-Verne » Enfin, Alice Darb-Esfahani, étudiante en Licence 3 de persan, parcours Relations internationales, explique à Novastan que, outre un perfectionnement en persan, cet échange lui permettra de mieux comprendre un pays qui soulève en elle beaucoup d’interrogations. Elle donne des cours de français tout au long de son séjour en échange de son logement en dortoir, et se déclare ravie de l’accueil et des échanges avec les étudiants tadjiks.
Des projets en plein essor
L’Inalco n’a pas encore pu accueillir d’étudiants tadjiks, n’ayant pas de parcours universitaire adapté à leur proposer pour l’instant. Les cours de Français langue étrangère (FLE) existent mais à un volume trop restreint pour de grands débutants venus suivre un cursus en France, tandis que les cours de langue étrangère se font tout de même en grande partie à partir du français. « Nous travaillons sur deux chantiers pour pallier ces difficultés : tout d’abord, développer l’enseignement des langues à partir d’autres langues que le français, l’anglais notamment, mais pas que », explique Arnaud Gennevois. « Ensuite, développer la philanthropie pour permettre à nos étudiants de partir dans une mobilité « à sens unique », c’est-à-dire dans laquelle l’Inalco n’offre pas de réciprocité à l’établissement partenaire. Ou encore, partir avec une réciprocité différente, par exemple accueillir des enseignants ou doctorants en échange d’étudiants », ajoute le délégué général de la Fondation Inalco. Plus largement, la Fondation a pour objectif de favoriser la mobilité des étudiants, de leur permettre une immersion dans les pays de l’aire géographique et culturelle étudiée, et d’améliorer leur accès à la langue et à l’emploi. Dans la mesure où l’Inalco accueille plus de neuf mille étudiants et enseigne cent trois langues différentes, un soutien financier tel qu’apporté par la Fondation est nécessaire pour garantir un accès plus grand et plus égalitaire à la mobilité. Son objectif à court terme, courant année 2022, serait de créer une bourse de mobilité internationale similaire pour les mondes indien et berbère. La Fondation se déclare également vivement intéressée pour développer des partenariats académiques, scientifiques, culturels et philanthropiques en Asie centrale.
Annah Tiprez Rédactrice pour Novastan
Relu par Élise Piedfort
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