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Ouzbékistan : le nouveau président veut d’abord plaire à ses voisins

Les premières visites à l'étranger de Chavkat Mirzioïev l'ont clairement fait comprendre : des relations économiques solides avec les Etats voisins sont plus importantes pour le nouveau président ouzbek que les ambitions du pays sur l'arène internationale.

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Chavkat Mirzioïev (à droite) a réalisé une visite remarquée au Kazakhstan, en compagnie de Noursoultan Nazarbaïev (à gauche).

Les premières visites à l’étranger de Chavkat Mirzioïev l’ont clairement fait comprendre : des relations économiques solides avec les Etats voisins sont plus importantes pour le nouveau président ouzbek que les ambitions du pays sur l’arène internationale.

Novastan reprend ici un article original de Sputnik Tadjikistan, avec l’accord de la rédaction.

Le président ouzbek fraîchement élu, Chavkat Mirzioïev, a consacré ses premières visites diplomatiques à ses voisins d’Achgabat et d’Astana. Il a visité la capitale du Turkménistan les 6 et 7 mars, et s’est rendu au Kazakhstan les 22 et 23 mars.

« Pourquoi s’être rendu d’abord au Turkménistan ? S’il était allé tout de suite au Kazakhstan, cela aurait pu être interprété comme la reconnaissance d’une certaine domination du Kazakhstan dans la région. C’est pour cela que son choix s’est porté sur le Turkménistan », avance le politologue Andreï Grozin.

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Les sujets de discussions n’ont pas manqué, ni à Achgabat, ni à Astana : le nouveau président a ainsi discuté avec ses homologues turkmène et kazakh de l’insuffisance des ressources en eau dont souffrent les trois pays. A Astana, Chavkat Mirzioïev et Noursoultan Nazarbaïev ont aussi abordé la question de la délimitation de la frontière entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, et celle de la coopération économique des deux pays, dans le contexte de la libéralisation à venir de la politique nationale ouzbèke.

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Gourbangouly BerdimouhamedovRencontre entre les présidents Chavkat Mirzioïev et Gourbangouly Berdimouhamedov.

De nombreux observateurs s’attendaient à ce que le chef de l’Etat ouzbek effectue sa première visite à Moscou. Pourtant, la tournée actuelle du président correspond bien plus à la logique diplomatique des autorités ouzbèkes.

Achgabat et Astana avant Moscou

« Il n’y a là rien de sensationnel ni d’inattendu », affirme Andreï Grozin. « Il suffit de regarder les déclarations de Mirzioïev datant d’avant les élections. Il y est clairement dit qu’à moyen terme, les principaux efforts en matière de politique extérieure seront dirigés vers la consolidation des relations avec les voisins immédiats du pays. Tout le reste vient après. En définitive, Tachkent n’a jamais caché sa position. »

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Non seulement une première visite à Moscou n’aurait pas correspondu aux priorités de Chavkat Mirzioïev, mais elle aurait également pu être mal perçue. « Cela aurait été étrange si Mirzioïev était tout de suite allé à Moscou. Cela n’aurait pas du tout été compris à Pékin, et aurait froissé de nombreuses personnes à Washington et à Bruxelles. Pourquoi chercher les ennuis ? » poursuit le politologue.

Ouzbékistan et Tadjikistan tentent de rétablir des relations normales

D’après lui, si Chavkat Mirzioïev n’a choisi pour ses premières visites ni le Tadjikistan, ni le Kirghizistan, c’est tout simplement car cela aurait semblé pour le moins étrange, étant donné les difficultés qui entachent les relations entre Tachkent, Douchanbé et Bichkek. Malgré cela, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan tentent progressivement de surmonter leurs différends.

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« Désormais, les interactions entre les deux pays sont devenues possibles, au moins en principe. Avant, c’était complètement impossible du fait qu’Islam Karimov menait une politique assez dure, allant jusqu’à miner les zones frontalières », explique Vladimir Evseïev, directeur adjoint de l’Institut des pays de la Communauté des Etats indépendants. « Il y a des Tadjiks qui vivent en Ouzbékistan, et des Ouzbeks au Tadjikistan. Ils peuvent maintenant traverser la frontière plus facilement. De nouveaux points de passage ont commencé à s’ouvrir, et le commerce transfrontalier s’est réveillé. »

 Tadjikistan : une neutralité rapprochée

Les premiers pas vers un rapprochement de l’Ouzbékistan avec le Tadjikistan ont eu lieu quand Chavkat Mirzioïev est devenu chef de l’Etat par intérim, peu après la mort d’Islam Karimov en septembre 2016. Le ministère des Affaires étrangères ouzbek a ainsi déclaré que les deux Etats ont l’intention de relancer le processus de démarcation de leur frontière commune. Douchanbé et Tachkent poursuivent par ailleurs le rétablissement d’un trafic aérien et ferroviaire direct entre les deux pays. Même si tout ne se passe pas sans accroc.

Le président du Tadjikistan, Emomali Rahmon, sortant de son hélicopter.
Le président du Tadjikistan, Emomali Rahmon, sortant de son hélicoptère.

D’une manière générale, il semblerait que Chavkat Mirzioïev s’apprête à poursuivre la politique de son prédécesseur concernant la neutralité de l’Ouzbékistan vis-à-vis de son voisin. Mais cette nouvelle neutralité se fera sans la restriction des couloirs aériens, la suppression des lignes de chemins de fer et l’apparition de champs de mines à la frontière qui ont accompagné la présidence d’Islam Karimov.

L’Ouzbékistan restera assez loin de la communauté internationale

L’Etat ouzbek ne s’isolera pas complètement de l’arène internationale, à la manière du Turkménistan, mais ne participera pas de manière particulièrement active aux organisations internationales et aux alliances militaro-politiques, y compris l’Organisation du traité de sécurité collective.

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Dans ses discours, Chavkat Mirzioïev a souligné à plusieurs reprises que son pays n’entrera dans aucune alliance militaire, n’acceptera pas la présence d’installations militaires étrangères sur son territoires, et que l’armée ouzbèke ne participera pas à des opérations de combat en dehors des frontières du pays.

Traduit du russe par Félicie Kempf

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