A l’aune de la première visite européenne du président Chavkat Mirzioïev en Europe qu’il effectuera en France les 8 et 9 octobre prochains, le tourisme est un élément moteur de la relation entre la France et l’Ouzbékistan. Sur les 2 millions de visiteurs qui ont visité l’Ouzbékistan, l’année dernière, les Français constituaient le plus gros contingent. Décrivant avec ses mots les villes de légende de ce territoire contrasté de l’Asie centrale, Barthélémy Courmont, auteur du Petit Futé sur l’Ouzbékistan, nous livre un panorama général d’un pays encore méconnu et auquel chacun devrait s’intéresser.
Novastan propose ici un article d’opinion sur l’Ouzbékistan. Les opinions formulées ne reflètent pas nécessairement celles de la rédaction.
Carrefour des civilisations d’Asie centrale, l’Ouzbékistan évoque la route de la soie et les fééries de l’Orient. Villes mythiques – Samarcande, Boukhara, Khiva – et vestiges y témoignent d’une activité économique et culturelle d’une richesse inouïe. Mais l’Ouzbékistan a d’autres visages à proposer et est aujourd’hui une destination plurielle qui surprend autant qu’elle séduit le visiteur.
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Des déserts arides aux montagnes enneigées et aux fertiles vallées encaissées, des villes historiques aux vestiges de l’époque soviétique, des spécialités culinaires à la qualité exceptionnelle de l’artisanat, ce sont de multiples facettes que l’Ouzbékistan présente. Bénéficiant désormais d’un réseau de trains à grande vitesse et d’une offre hôtelière en plein développement, le pays se visite facilement et les Ouzbeks démontrent que l’hospitalité n’est pas chez eux un vain mot.
De Tachkent à Samarcande
Plus grande agglomération d’Asie centrale, Tachkent, la capitale, est un univers hétéroclite et cosmopolite qui mérite le détour. La reconstruction de style soviétique qui a suivi le tremblement de terre de 1966 côtoie les vieux quartiers historiques de Tchorsou avec son marché immanquable, les jolis quartiers de la période russe et les nouveaux édifices prestigieux, tout en marbre et en dorures, qui se veulent la vitrine de la richesse et de la dignité retrouvée du pays.
Carrefour légendaire de la route de la soie, Samarcande ne saurait laisser indifférent. Les imposants monuments hérités du règne de Timour (1336-1405) nous plongent dans l’âge d’or des Timourides. Mosquée Bibi Khanum, Place du Registan, Nécropole de Shah-i-Zinda et Gour Emir : autant de sites incontournables.
Avant d’être connue sous son nom, Samarcande s’appelait Afrosyab, l’une des plus anciennes cités du monde, capitale de la Sogdiane, centre du zoroastrisme et qu’Alexandre le Grand traversa. L’exceptionnelle fresque du VIIème siècle présentée au musée de la colline d’Afrosyab, restaurée depuis 2014 par une équipe française, est le témoin de cette période fastueuse, quand les ambassadeurs de toute l’Asie se rendaient dans la ville.
En passant par Boukhara et Khiva
Oasis au cœur du désert, Boukhara est la perle du Kyzyl Kum. Autour du Liab-i-Khaouz, dans les ruelles du quartier juif ou dans les bazars, on écoute, on regarde, on respire les épices et les travaux des artisans, et on oublie le temps. On le remonte aussi, au cœur de cette cité interdite aux infidèles pendant des siècles. C’était le temps des grands voyageurs comme Ibn Battuta, celui où Boukhara, rayonnante, était surnommée la « Perle de l’islam ». Avant d’être détruite par les hordes de Gengis khan, reconstruite, puis à nouveau rasée par Tamerlan, avant de renaître à nouveau et de présenter aujourd’hui ses trésors aux visiteurs.
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À l’ouest du pays, inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1990, la vieille-ville de Khiva, Inchan Kala, fut longtemps synonyme de réconfort pour les caravaniers qui s’y arrêtaient après des semaines de voyage dans le désert du Khorezm. On imagine quelle serait la vue depuis le Kalta Minor, le minaret inachevé qui devait culminer à 70 mètres et être le plus haut du monde. Véritable symbole de la ville, ce magnifique ouvrage n’est qu’un des multiples témoignages de la riche histoire de Khiva, encore éloignée des autres grandes étapes de la route de la soie, mais non moins incontournable.
Noukous, capitale administrative de la république du Karakalpakstan, renferme de son côté l’exceptionnel musée des Beaux-Arts, baptisé Igor Savitsky. C’est aussi à Noukous que passent les excursions en direction de la mer d’Aral et la ville sinistrée de Moynaq, symbole mondialement célèbres des dégâts de l’activité économique sur l’environnement.
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Véritable grenier de l’Ouzbékistan, la vallée de Ferghana est au cœur des projets chinois de nouvelles routes de la soie, et est désormais facilement accessible grâce au train à grande vitesse qui la relie à Tachkent et au reste du pays. Les férus d’histoire seront interpellés par l’importance de cette vallée dans les échanges et les confrontations des civilisations de la région. L’histoire de la vallée de Ferghana, c’est un peu celle de toute l’Asie centrale.
Plus qu’une destination touristique, l’Ouzbékistan est un univers à découvrir et surprend par sa diversité. L’écotourisme se développe par exemple à grande vitesse dans le pays, avec l’accent mis sur la découverte des immenses territoires peu densément peuplés que traversèrent à différentes époques les plus grands conquérants de l’histoire. Une autre manière d’explorer et retrouver la magie des routes de la soie.
Barthélémy Courmont
Directeur de recherche à l’IRIS
Auteur du Petit Futé Ouzbékistan
Édité par la rédaction
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