Le président ouzbek, Chavkat Mirzioïev a annoncé que les habitants du centre de la ville historique et touristique de Khiva devront déménager pour laisser place aux touristes. Cette décision montre la conception du patrimoine historique qui n'est bon qu'à être transformé en parc d'attractions pour faire de l'argent jusqu'au plus haut sommet de l'Etat.
Novastan reprend et traduit ici un article publié initialement par le média indépendant basé en Russie, Fergananews.
Les habitants du centre historique de Khiva ont été forcés à déménager pour s’installer dans des immeubles construits en périphérie de la ville. Il s’agit d’une directive donnée par le président ouzbek Chavkat Mirzioïev au cours d’une visite dans la province du Khorezm le 29 novembre dernier, selon un communiqué de presse officiel.
Le but selon le président ouzbek : valoriser la riche histoire du Khorezm
Le président a par ailleurs décidé de convertir les maisons situées à l’intérieur de la forteresse en infrastructures touristiques. Selon lui, la richesse de l’histoire de la province du Khorezm et de la ville de Khiva est susceptible d’attirer les touristes étrangers, mais le passé de la région est encore trop peu connu. Chavkat Mirzioïev a appelé à entamer des études approfondies sur le sujet, à en diffuser les résultats au plus grand nombre et à les rendre accessibles. « Nous devons organiser une exposition retraçant les étapes historiques et les événements majeurs de l’histoire de la région, la vie de chaque Khan. Il faut intéresser les touristes pour que chaque personne qui visite Khiva souhaite y prolonger son séjour et en reparte avec davantage de connaissances et des étoiles dans les yeux », a déclaré le président ouzbek.
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Chavkat Mirzioïev a désigné l’Académie des Sciences d’Ouzbékistan, l’Académie Mamun du Khorezm et le Département d’État au Tourisme comme responsables du projet.
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Au cours de sa visite, le président ouzbek a emprunté l’allée reliant la nouvelle gare de Khiva au complexe d’Itchan Kala. Le programme prévoit la mise en service de bâtiments à deux étages à l’usage des touristes de chaque côté de cette allée. Les premiers étages seraient dédiés aux ateliers d’artisan, aux magasins et aux services, tandis que les seconds se composeraient d’hôtels et de restaurants.
L'objectif affiché : tirer des bénéfices
Le président ouzbek a examiné d’autres projets de développement du potentiel touristique de la province du Khorezm et s’est entretenu avec des investisseurs étrangers. « L’objectif quand on fait des affaires, c’est d’en tirer un bénéfice. Or, le tourisme en Ouzbékistan a un potentiel énorme. Il est donc nécessaire d’attirer davantage d’entreprises et d’investisseurs et de leur laisser le champ libre », a encore souligné Chavkat Mirzioïev.
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Il s’est par ailleurs rendu à Ourguentch, la capitale administrative de la province, et a demandé à inaugurer un parc en hommage à Jalâl al-Dîn Mankobirti, dernier Shah du Khorezm (13e siècle), à l’intersection des rues Al-Khwarizma et Pahlavan Mahmoud. Le président souhaite que ce parc représente la carte de visite de la région et le miroir de l’histoire du pays.
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Les autorités ouzbèkes s’évertuent à souligner l’importance de développer le secteur du tourisme et à le réformer. Au cours des derniers mois, l’Ouzbékistan a supprimé les visas pour les ressortissants de neuf pays dont la France, a établi un régime sans visa pour les passagers en transit demeurant moins de cinq jours sur le territoire, a simplifié l’enregistrement pour les citoyens étrangers et a réduit le nombre de restrictions pour les gestionnaires d’hébergements. D’ici 2025, le pays projette d’augmenter les recettes dues au tourisme à 5 % de son PIB (contre 2,3 % en 2017).
Traduit du russe par Pierre-François Hubert