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Festival GoEast : le documentaire « 100 % coton » met en lumière la persistance du travail forcé en Ouzbékistan

Le documentaire 100 % coton, présenté en première européenne dans le cadre du 22ème festival du film GoEast de Wiesbaden, s’attache à souligner le quotidien difficile des producteurs de coton en Ouzbékistan.Novastan reprend et traduit ici un article publié le 27 avril 2022 par notre version allemande. Dans le cadre du 22ème festival du film GoEast, le nouveau documentaire du réalisateur Mikhaïl Borodine, intitulé 100 % coton, a été présenté pour la première fois à un public européen, deux jours seulement après sa première mondiale à Tachkent.

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Image du film 100 % coton.

Le documentaire 100 % coton, présenté en première européenne dans le cadre du 22ème festival du film GoEast de Wiesbaden, s’attache à souligner le quotidien difficile des producteurs de coton en Ouzbékistan.Novastan reprend et traduit ici un article publié le 27 avril 2022 par notre version allemande. Dans le cadre du 22ème festival du film GoEast, le nouveau documentaire du réalisateur Mikhaïl Borodine, intitulé 100 % coton, a été présenté pour la première fois à un public européen, deux jours seulement après sa première mondiale à Tachkent.

L’esclavage moderne était déjà au centre du premier long métrage de Mikhaïl Borodine, Produkty 24, présenté en avant-première lors de la Berlinale. Dans 100 % coton, l’artiste reste dans le thème du travail forcé qui plombe l’industrie du coton en Ouzbékistan.

Le travail forcé en point de mire

Pour ce film, le réalisateur et son caméraman, le photographe documentaire Timour Karpov, ont accompagné deux femmes pendant les trois mois de la saison des récoltes. Lire aussi sur Novastan : Où se situe l’Asie centrale sur la carte du cinéma mondial ? Makhabbat Madraïmova, une agricultrice du district de Khiva, loue des terres publiques et doit remplir chaque année un certain quota avec son coton qu’elle vend à bas coût à l’État. Elle travaille également pour l’Organisation internationale du travail (OIT) et s’engage pour que les cultivateurs de coton bénéficient de meilleures conditions de travail. La militante des droits de l’Homme Elena Ourlaïeva parcourt elle aussi le pays pour rappeler leurs droits aux travailleurs, souvent recrutés de force, vivant dans des dortoirs ou des salles de sport délabrés et ne recevant que rarement leur maigre salaire à temps. Elle n’hésite pas à se confronter aux politiciens locaux, même si ce combat inégal semble joué d’avance. Souvent, ses interlocuteurs lui expliquent que les travailleurs recrutés pour récolter le coton se sont portés volontaires.

Un portrait impressionnant

S’il met notamment en lumière le terrible problème du travail forcé, 100% coton parvient également à donner un aperçu de la vie rurale en Ouzbékistan, au moyen de scènes de la vie quotidienne de la famille de Makhabbat. Le film présente toutefois quelques longueurs, et le spectateur peut se demander si le détail d’une circoncision ou de l’abattage rituel d’un mouton ajoute réellement de la valeur au film. Lire aussi sur Novastan : L’Asie centrale derrière l’objectif de Timour Karpov Pourtant, dans l’ensemble, le documentaire réussit à brosser un portrait impressionnant des deux femmes et de leur lutte pour obtenir de meilleures conditions de travail dans l’industrie du coton en Ouzbékistan. Le talent de Timour Karpov, qui fait preuve, avec ses plans précis et ses images lentes, de l’œil exercé d’un photographe documentaire, y est assurément pour beaucoup. Une nouvelle ère ? Après la projection, Mikhaïl Borodine, Timour Karpov et la productrice Youlia Chaguinourova ont répondu aux questions du public de Wiesbaden. Timour Karpov a expliqué que les enregistrements avaient été réalisés pendant la saison des récoltes, durant l’automne 2018, une période «où l’ancienne dictature (celle d’Islam Karimov, nde) était terminée et où la nouvelle n’avait pas encore commencé ». Pour autant, le film semble avoir gardé toute sa pertinence.

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En mars dernier, la Cotton Campaign a annoncé la levée du boycott international du coton ouzbek, qui durait depuis plus d’une décennie, en raison de la fin du travail forcé dans le pays. « Notre organisation, mais aussi des représentants de la société civile et des organisations internationales, reconnaissent que le travail forcé n’est plus utilisé pour la récolte du coton brut et qu’il a été complètement éliminé», avait alors déclaré Bennett Freeman, président de la Cotton Campaign, au sénat ouzbek. Les auteurs du film estiment cependant que rien n’a changé. Interrogés sur le sort des protagonistes, ils ont expliqué que Makhabbat avait entre-temps renoncé à son engagement pour l’OIT. Elena Ourlaïeva, qui était présente lors de la première à Tachkent, poursuit en revanche son combat sans relâche. Elle serait sous la surveillance constante des services secrets.

Robin Roth Rédacteur pour Novastan

Traduit de l’allemand par Pierre-François Hubert

Édité par Judith Robert

Relu par Emma Jerome

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