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Saïkal Jounouchova, l’architecte écologiste qui déconstruit les stéréotypes de genre au Kirghizstan

Comme les autres pays d’Asie centrale, le Kirghizstan est en première ligne face aux changements climatiques. L’architecte Saïkal Jounouchova milite pour que son travail sur des maisons économes en énergie soit reconnu dans ce milieu très masculin et puisse aider à améliorer la qualité de l’air.Novastan reprend et traduit ici un article publié le 16 septembre 2021 par le média kirghiz Kloop.kg.  Cet article a été écrit dans le cadre du projet « Les femmes dans la science » en partenariat avec le Centre pour la protection des enfants et l’UNICEF.La fin de l’été à Bichkek annonce la période des grands froids, et, corrélativement, la saison du chauffage. À l’approche de l’hiver, la capitale se couvre déjà de brume et on verra bientôt la fumée sortir des cheminées des habitations. Saïkal Jounouchova est architecte, et il y a six mois, elle a commencé à construire une maison écologique à économie d'énergie pour sa famille.

Environnement Kirghizstan Société Genere
Saïkal Jounouchova fait des retouches sur le croquis de sa maison à haute performance énergétique.

Comme les autres pays d’Asie centrale, le Kirghizstan est en première ligne face aux changements climatiques. L’architecte Saïkal Jounouchova milite pour que son travail sur des maisons économes en énergie soit reconnu dans ce milieu très masculin et puisse aider à améliorer la qualité de l’air.Novastan reprend et traduit ici un article publié le 16 septembre 2021 par le média kirghiz Kloop.kg.  Cet article a été écrit dans le cadre du projet « Les femmes dans la science » en partenariat avec le Centre pour la protection des enfants et l’UNICEF.La fin de l’été à Bichkek annonce la période des grands froids, et, corrélativement, la saison du chauffage. À l’approche de l’hiver, la capitale se couvre déjà de brume et on verra bientôt la fumée sortir des cheminées des habitations. Saïkal Jounouchova est architecte, et il y a six mois, elle a commencé à construire une maison écologique à économie d’énergie pour sa famille.

En ballerines et vêtements blancs, Saïkal Jounouchova fait le tour de sa maison construite sur deux étages et nous montre avec précision les détails de la construction. Sa maison n’a ni chauffage électrique ni chaudière. Elle est chauffée grâce au soleil.

Des maisons écologiques pour réduire les dépenses énergétiques

« Une maison économe en énergie, c’est une maison qui ne requiert pas de consommation de ressources pour se chauffer, ou pour la climatisation en été », explique l’architecte. « Il n’y a pas de chauffages muraux standards ou de radiateurs. L’idée d’origine dans cette maison est de n’utiliser que l’énergie solaire. »Lire aussi sur Novastan: L’énergie solaire en plein boom en Asie centraleDans sa maison, la spécialiste a tout fait pour exploiter au maximum le soleil. Les trois étages du côté sud sont tous équipés de fenêtres panoramiques. En hiver, quand le soleil sera bas, il entrera entièrement dans la maison. En été, quand il sera haut, il fera frais, grâce à l’angle droit de l’auvent et aux balcons blancs. Sur le toit sont installés trois panneaux solaires, qui servent à chauffer l’eau et le sol de la maison.Lire aussi sur Novastan : L’air que l’on respire au KirghizstanL’idée de construire cette maison est venue à Saïkal Jounouchova en Suisse, où elle a étudié et travaille depuis 12 ans. Elle explique que le soleil y est souvent utilisé pour chauffer les maisons – c’est plus écologique et plus économique.Mais la créatrice est allée plus loin encore dans la réponse écologique. Elle a installé dans sa maison un système de recyclage des déchets alimentaires, grâce auquel sa famille pourra produire du compost à partir de pelures de pomme de terre ou de restes de pastèque.

Devenir architecte, un rêve d’enfant

Pour Saïkal Jounouchova, construire des bâtiments est un rêve d’enfant né du temps elle vivait dans le village de Vinogradnoye, au nord de Bichkek. L’architecte se souvient de l’inconfort de leur petite maison, où il faisait toujours très froid. Elle devait parfois s’habiller chaudement même en été.« Les problèmes de logement m’ont toujours intéressée. Je voulais trouver comment les résoudre. Mon père aussi était architecte, mais il est mort jeune. Ses journaux et ses ouvrages, que j’ai découverts par la suite, ont été pour moi une source d’inspiration. Comme je dessinais bien, j’étais faite pour devenir architecte ou designer », raconte-t-elle.

L’architecture, un domaine très masculin au Kirghizstan

Saïkal Jounouchova est partie étudier en Suisse en 2009. Elle y a ouvert un cabinet d’architecture et construit des bâtiments pour les habitants et les entrepreneurs locaux. Au Kirghizstan, elle donne des cours pour les apprentis architectes et leur parle de construction écologique et réfléchie.Malgré cela, Saïkal Jounouchova se heurte aux stéréotypes sur son rôle dans la profession. Selon elle, elle doit souvent démontrer son utilité et son professionnalisme, et il lui arrive régulièrement d’être confrontée au mansplaining.

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Du fait des stéréotypes et inégalités de genre au Kirghizstan, les femmes s’orientent rarement vers les sciences techniques. En 2020, il y avait 79 % d’étudiants hommes en architecture, contre seulement 21 % de femmes. La plupart des architectes dans le pays sont des hommes.Lire aussi sur Novastan : Asie centrale 2030 : l’égalité hommes-femmes jusque dans le travail ?« Au début, tu dois expliquer que tu n’es pas seulement une femme, mais une spécialiste dans ton domaine, que tu es l’auteure du projet, et que tu fais tout pour une raison. Que tu n’es pas là que pour regarder, mais aussi pour discuter avec eux des problèmes concrets. Tu dois le faire au départ, puis ils se rendent compte que tu as des arguments pertinents, que tu es forte, et ils ne peuvent plus se passer de toi », explique Saïkal Jounouchova.

Une solution pour améliorer la qualité de l’air

L’architecte pense que grâce aux maisons à haute performance énergétique, le Kirghizstan pourra trouver des solutions significatives au problème de la qualité de l’air. Saïkal ne veut pas travailler qu’en Suisse, mais également au Kirghizstan, pour construire des bâtiments plus écologiques.Lire aussi sur Novastan : La pollution de l’air de Bichkek, un problème insoluble ?« L’environnement au Kirghizstan se détériore. Chaque année Bichkek perd des espaces verts et des arbres. Nous avons beaucoup de soleil au Kirghizstan. Même en hiver, quand il fait froid et qu’il neige, nous avons tout le temps du soleil. D’où cette idée… Pourquoi ne pas exploiter cet atout ? », conclut Saïkal Jounouchova.

Aïzirek Imanalieva pour Kloop.kg

Vidéo par Alexandre Alexandrov 

Traduit du russe par Juliette Amiranoff

Édité par Frédérique Faucher

Relu par Anne Marvau

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