Selon le dernier classement de Marsh, une entreprise spécialisée en gestion des risques, l’Asie centrale est globalement instable. Pour autant, ces mouvements pourraient être favorables à plus d’ouverture à long terme.
Novastan reprend et traduit ici un article initialement publié par le média kirghiz indépendant Kaktakto.
La société internationale de gestion des risques Marsh a publié en février dernier son classement 2019 des États les plus exposés aux risques politiques et économiques, rapporte Kaktakto. Sur la base de cette liste, une carte a pu être dressée, selon laquelle les pays ayant obtenu moins de 49 points sont considérés comme instables. À l’inverse, au-delà de 70 points, l’État est jugé stable.
Au niveau mondial, Marsh estime que la détérioration des relations internationales empêche les pays à répondre à un nombre croissant de problèmes graves. Les prévisions économiques et les observations soulignent ainsi une diminution du potentiel de coopération internationale en 2019.
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La conjoncture économique et l’accroissement de la tension géopolitique entre les grandes puissances, notamment entre la Russie et les Etats-Unis, menacent la coopération internationale. Cette année, 85 % des personnes interrogées ont indiqué qu’elles s’attendaient à une augmentation du risque de « confrontation politique entre les grandes puissances ».
En Asie centrale et en 2019, les cinq pays de la région sont tous jugés instables par Marsh. Revue de détail.
Kazakhstan
Le pays le plus vaste d’Asie centrale enregistre un score de 59,2. Pour les experts, l’incertitude politique se maintiendra à un niveau élevé dans les années à venir en raison d’éventuelles spéculations autour du pouvoir. Le désormais ex-président kazakh, Noursoultan Nazarbaïev, qui a démissionné le 19 février dernier, n’avait pas encore désigné son successeur à la sortie du document. Selon Marsh, ce dernier bénéficiera d’un temps limité pour s’adapter à son nouveau poste. Entre-temps, Kassym-Jomart Tokaïev a été désigné comme président par intérim puis comme candidat du parti présidentiel Nour-Otan, s’assurant une victoire à l’élection présidentielle du 9 juin.
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Pour autant, la lutte pour la présidence ainsi que les manifestations visant à rendre le pays plus démocratique continuent de menacer la stabilité politique. Les risques à plus long terme sont liés à l’implication du Kazakhstan dans le renforcement du jeu géopolitique qui se joue en Asie centrale entre la Russie, la Chine, les États-Unis et l’Union européenne.
Kirghizstan
Avec un score de 45,3, le pays est considéré comme instable. Les experts estiment que les tensions politiques augmenteront au Kirghizstan dans les mois à venir en raison du conflit opposant le président Sooronbaï Jeenbekov à son prédécesseur, Almazbek Atambaïev.
En octobre 2018, la Cour suprême a jugé que l’immunité des anciens présidents était inconstitutionnelle et a appelé le gouvernement à adopter des mesures législatives pour lever cette immunité. En avril, le Parlement kirghiz a adopté à une large majorité une loi visant à supprimer l’immunité, qui a été ratifiée par le président kirghiz ce vendredi 17 mai, rapporte Fergana News.
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À long terme, le haut niveau de corruption, les différences entre le nord et le sud du pays et les conflits de frontières et de gestion de l’eau potentiels avec les pays voisins risquent de poser problème au Kirghizstan. Par ailleurs, Bichkek s’invite de plus en plus dans le grand jeu géopolitique en Asie centrale.
Ouzbékistan
L’Ouzbékistan obtient un score de 50,6. Les analystes soulignent la légère amélioration du pays depuis la mort de l’ex-président Islam Karimov en septembre 2016 après près de 30 années de règne.
Arrivé au pouvoir en décembre 2016, Chavkat Mirzioïev s’est escrimé à intensifier les relations diplomatiques, notamment avec les États voisins, et a quelque peu contribué à l’amélioration des libertés individuelles.
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Dans le même temps, il a maintenu un contrôle strict sur l’opposition. À l’heure actuelle, les risques pour Tachkent sont liés à la croissance de la dette du pays, aux affrontements entre factions au sein de l’élite dirigeante, à la montée potentielle de l’islamisme radical en provenance d’Afghanistan et aux conflits liés à l’eau, aux frontières et aux ethnies en Asie centrale.
Tadjikistan
Avec une note de 41,3, les perspectives politiques du Tadjikistan restent fragiles. Le pays se dirige lentement vers une transition du pouvoir entre le président Emomalii Rahmon et son fils Rustam Emomalii, probablement au cours de la prochaine décennie. Rustam Emomalii occupe déjà le poste de maire de Douchanbé, la capitale, depuis 2017.
Compte tenu de niveaux de pauvreté et de chômage élevés, l’instabilité sociale demeure un risque et le pays est de plus en plus endetté, toujours plus dépendant de Pékin.
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Le soutien et la présence militaire de la Russie au Tadjikistan et les liens étroits entretenus avec la Chine voisine réduisent le risque de guerre civile, mais le mécontentement généralisé peut mener à des troubles.
Les experts indiquent également que l’instabilité en Afghanistan et le retour des islamistes d’Irak et de Syrie s’ajoutent aux risques pour la stabilité intérieure du pays.
Turkménistan
Le Turkménistan obtient quant à lui la note de 46,7. Pour les experts, le régime est très rigide et les autorités conservent le contrôle sur la société.
Le statut international neutre du Turkménistan lui permet en outre de maintenir des relations cordiales avec ses voisins et les puissances mondiales. Au cours de l’année 2019, le gouvernement s’efforcera de se développer en libéralisant l’économie, ce qui aura notamment pour conséquence la réduction des subventions et la fin des services publics gratuits, ce qui ne manquera pas de bouleverser quelque peu les habitudes.
Par ailleurs, à l’instar des autres pays d’Asie centrale, les autorités craignent une montée de l’islamisme dans la région.
Traduit du russe par Pierre-François Hubert
Edité par Etienne Combier
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