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Qui construit Turkestan, la capitale spirituelle du Kazakhstan ?

Turkestan, dans le sud du Kazakhstan, est réputée être la capitale spirituelle du pays. La ville essaie d’attirer les visiteurs en s’aménageant. Quelles entreprises construisent Turkestan, avec quels projets et quel argent ?

Turkestan Kazakhstan Mausolée Khoja Ahmed Yasavi
Le mausolée du poète soufi Khoja Ahmed Yasavi à Turkestan.

Turkestan, dans le sud du Kazakhstan, est réputée être la capitale spirituelle du pays. La ville essaie d’attirer les visiteurs en s’aménageant. Quelles entreprises construisent Turkestan, avec quels projets et quel argent ?

Novastan reprend et traduit ici un article publié le 28 janvier 2021 par le média kazakh Kursiv.

En 2020, Turkestan a obtenu un montant d’investissement record : près de 566 milliards de tengués (1,1 milliard d’euros). C’est presque deux fois plus que l’année précédente. Environ la moitié de ces fonds sont publics. L’autre moitié est constituée d’investissements privés, attirés grâce à la création des zones économiques spéciales (ZES). Les participants des ZES sont exonérés d’impôts immobiliers et fonciers ainsi que d’impôts sur la société. Les investisseurs ne payent pas de loyer pour la terre, ni de droits de douane et de TVA sur les marchandises importées.

Sur les traces de Tamerlan

En novembre 2020, le gouvernement a approuvé le schéma directeur d’aménagement de Turkestan, qui divise la ville en plusieurs quartiers.

En effet, le centre de la ville a été construit par Tamerlan, empereur turco-mongol, à la fin du XIVème siècle, quand il a décidé de créer un mémorial en hommage à la victoire sur le khan Tokhtamych, sur la place du mausolée de Khoja Ahmed Yasavi. Poète soufi et prédicateur, Khoja Ahmed Yasavi est une personnalité très importante pour les musulmans. Cependant, Tamerlan n’a pas pris ces décisions seulement pour promouvoir la diffusion de l’islam, mais aussi pour répondre à des objectifs politiques. La construction sur une telle place symbolique lui permettait d’affirmer son pouvoir dans ces territoires. Selon les architectes, une telle structure avec un complexe plurifonctionnel sous un même toit n’a pas d’équivalent ni en Asie centrale, ni en Iran, ni au Moyen-Orient. De surcroît, le complexe a été conservé jusqu’à nos jours. L’architecte Almas Ordabaïev, qui s’est occupé de la restauration du mausolée, explique dans une interview accordée au média kazakh vlast.kz que d’autres constructions significatives exécutées sur ordre de Tamerlan dans l’actuel Ouzbékistan, à Samarcande et à Chakhrisabz, sont toutes tombées en ruines. Elles ont été construites assez rapidement : comme tout dirigeant totalitaire, Tamerlan voulait voir de ses propres yeux la mise en œuvre de ses ordres.

Un site inscrit sur la liste de l’UNESCO qui attire les touristes

Ce site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO devrait attirer les touristes du monde entier. L’Ouzbékistan a réussi à tirer bénéfice du patrimoine architectural légué par Tamerlan : en 2019, 3,1 millions de touristes ont visité Samarcande, selon les estimations de l’administration locale.

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À Turkestan, entre le centre historique, qui s’étend sur 188 hectares, et l’aéroport, un centre administratif et d’affaires (CAA) d’une superficie de 1 350 hectares est en construction. De même, il est prévu de construire un lieu pour accueillir l’administration de la région de Turkestan, des bâtiments pour les entreprises financières et des installations pour l’éducation, les loisirs et les activités sportives. Cette zone sera reliée au centre historique par une promenade : la route des caravanes. Des quartiers résidentiels se trouvent autour des centres administratifs et historico-culturels. La zone industrielle, deux parcelles d’une superficie totale de 400 hectares, est située à la frontière de la ville. Kursiv a constaté que les entreprises les plus actives dans le développement de Turkestan sont la holding BI Group et Bazis-A, les principales entreprises de construction du pays, ainsi que des entreprises étrangères.

Où BI Group créé son bonheur

La plupart des projets de BI Group sont concentrés dans le centre administratif et commercial de Turkestan. L’un des projets les plus coûteux, un complexe de bâtiments administratifs avec une façade ajourée décorative, ombrageant les bureaux des fonctionnaires du soleil du sud, a coûté 26,8 milliards de tengués (53,2 millions d’euros). Selon le site des marchés publics, BI Group a remporté ces contrats par l’intermédiaire de sa société BI Construction Turkestan. Le boulevard qui mène au bâtiment de l’administration locale est construit par la même entreprise. Le coût de la construction de la première phase est de 1,36 milliard de tengués (2,7 millions d’euros). La place Nur-Sultan, verdie et avec ses fontaines, est la création d’une autre entreprise filiale, BI Urban Construction. Le prix des travaux est monté à 3,95 milliards de tengués (7,84 millions d’euros) pour la place centrale de la capitale régionale.

Des constructions de toutes sortes

À 100 mètres de l’entrée du bâtiment administratif de la ville, BI Urban Construction a construit un centre des médias qui a coûté 5 milliards de tengués (9,9 millions d’euros). Le stade Turkestan Arena, qui est à 1,5 kilomètre de l’administration régionale, a également été construit par BI Group pour 12,6 milliards de tengués (25 millions d’euros), et financé par le Fonds national d’assistance Samrouk-Kazyna.

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En plus des bâtiments et des installations, BI Group construit des routes dans le centre administratif. Ainsi, huit contrats d’État pour un montant total de 9,57 milliards de tengués (19 millions d’euros) ont été conclus avec la société à responsabilité limitée Karatas Mining, une filiale de BI Infra Construction, pour la construction de cinq sections de route. Karatas Mining aménage un parc linéaire d’une superficie de 24 hectares, le long de la rue Sattarkhanov qui mène du centre administratif et des affaires au centre historico-culturel de Turkestan. La holding signale qu’elle y construira une route de la Soie et une piste de course à pied. Un canal, des fontaines piétonnes, des piscines, un étang de nénuphars ainsi que des arbustes et des arbres garantiront la fraîcheur et l’ombre pour les passants.

Le centre historique

Dans le centre historique, BI Group a moins de travaux : le complexe culturel et de loisirs Oula Dala Eli et le théâtre dramatique. Ici, le développeur a mis en œuvre son propre projet d’investissement, d’un montant de 3,8 milliards de tengués (7,6 millions d’euros) : l’hôtel Hampton by Hilton. En outre, le gouvernement a chargé la société à responsabilité limitée Karatas Mining de construire un canal navigable avec des complexes sportifs dans le centre administratif et d’affaires, partant du fleuve Syr-Daria pour alimenter le canal principal Arys Turkestan, ainsi que de mener des activités pour relancer le système de lacs de Chochkakol. 2,18 milliards de tengués (4,34 millions d’euros) seront investis dans le lac. Le plan du canal pour l’aviron n’a été approuvé qu’en novembre 2020. En plus du canal, un centre olympique sera construit avec un hôtel, une piste cyclable, une piscine, des hangars, des quais pour les kayaks, un écran d’affichage pour les spectateurs, des tribunes et un pont. La holding a également participé à la construction d’installations de santé. La filiale du groupe BI – KAZPACO a développé un hôpital infectieux modulaire de 200 lits. La société ATM Turkistan Hospital est devenue membre de la ZES Turkistan avec un projet de construction et d’exploitation d’un hôpital multidisciplinaire de 630 lits, où ont été investis plus de 110 milliards de tengués (219 millions d’euros).

Bazis-A veut « construire l’avenir »

Le promoteur immobilier Bazis-A, dont le slogan est « Nous construisons l’avenir ! », s’est concentré sur les installations du centre historique et culturel et sur la création d’infrastructures d’ingénierie. La société a ainsi construit le parc du Premier président, d’une valeur de 13,5 milliards de tengués (27,3 millions d’euros).

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Bazis-A a également la charge de construire la bibliothèque scientifique régionale, d’aménager le territoire du musée Azret Soultan et de reconstruire le centre des artisans. La société construit également le musée Khoja Ahmed Yasavi, pour laquelle la Fondation Samrouk-Kazyna a alloué 1,5 milliard de tengués (3 millions d’euros).

Un grand parc pour la ville

Dans le centre administratif, le promoteur crée un parc urbain avec des attractions. Il s’y trouve notamment trois œuvres d’architecture, un arc d’entrée et une « tente de la paix ». Au total, environ 8,5 milliards de tengués (17,2 millions d’euros) ont été alloués à la création du parc à partir des budgets des régions de Karaganda, d’Akmola et d’Almaty : c’était un cadeau à Turkestan de leur part. Le client – l’administration de la région d’Almaty – a signalé l’achèvement des principaux travaux sur le site en décembre 2020. Pour la création d’infrastructures pour la chaleur, l’eau, l’assainissement et la construction de routes dans le centre administratif et d’affaires, Bazis-A a conclu huit contrats d’un montant total de 8,56 milliards de tengués (17,3 millions d’euros). Le développeur construit des infrastructures d’ingénierie dans un nouveau quartier résidentiel sur la base de trois autres contrats. En outre, le développeur a remporté un contrat pour la construction d’infrastructures d’ingénierie dans le nouveau quartier de la ville de Turkestan, qui concerne 98 hectares aux alentours du complexe commémoratif aux khans kazakhs. L’infrastructure qui dessert le complexe commémoratif n’a pas été précisée.

Des investisseurs étrangers

La projet Karavan-Saraï compte parmi les plus grands projets d’investisseurs étrangers : c’est un complexe de loisirs d’une superficie de 12,5 hectares dans le centre historique de la ville avec des hôtels, des zones de restauration, des cinémas, des centres commerciaux, un théâtre suspendu et des bazars, où les visiteurs peuvent se déplacer le long des canaux en bateau. Il est construit par la société turque Turkistan Silkway Harbor, qui fait partie de la holding Sembol Construction. Karavan-Saraï coûtera à l’investisseur 88,5 milliards de tengués (179 millions d’euros). Au Kazakhstan, Sembol Construction n’est pas un débutant. Il a fait apparaître sur la carte de la République l’hôtel Rixos d’Aktaou et de nombreux objets emblématiques de la capitale Nur-Sultan : le stade de hockey Astana Arena, le centre commercial Khan-Chatyr, le palais de la paix et de la réconciliation en forme de pyramide, le palais de l’Indépendance et d’autres encore. Une autre société turque, YDA Holding, a investi plus de 68 milliards de tengués (137 millions d’euros) dans l’aéroport international Azret Soultan. YDA construit également la route d’accès à l’aéroport, de 15 kilomètres, la déviation par l’est de la ville de Turkestan, de 30 kilomètres, ainsi que l’hôpital multidisciplinaire déjà mentionné.

Des contrats dans tout le Kazakhstan

Dans le portefeuille de cette société au Kazakhstan, il y a l’aéroport d’Aktaou, le centre financier d’Almaty, l’usine pharmaceutique Nobel, la reconstruction du parc de la culture et des loisirs, les réseaux d’ingénierie de l’Expo 2017 et d’autres infrastructures.

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La société suisse Mabetex Group a construit une salle de concert multifonctionnelle pour 9,6 milliards de tengués (19,5 millions d’euros) et un Palais du mariage pour 1,16 milliard de tengués (2,35 millions d’euros). Cette société d’ingénierie et de construction a déjà construit dans la capitale du Kazakhstan la résidence du président, l’Ak orda, une piste cyclable, la salle de cinéma Kazakhstan et d’autres installations. Les deux plus grands développeurs nationaux, BI Group et Bazis-A, ont remporté à Turkestan des contrats dont le montant total s’élève à plus de 80 milliards de tengués (162 millions d’euros) et 60 milliards de tengués (121,5 millions d’euros) respectivement pour les années 2019 et 2020. En comparaison, le montant des contrats publics sur cette même période remportés par le troisième concurrent, Chymkent A.R.T – Kourylis, est d’environ 10 milliards de tengués (20,3 millions d’euros).

Natalia Katchalova
Journaliste pour Kursiv

Traduit du russe par Anastasia Ture Caballero

Édité par Paulinon Vanackère

Relu par Véronique Tapponnier

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