LES HEROS VERTS – En Ouzbékistan, des militants veulent protéger les forêts et les espaces verts pour lutter contre le changement climatique. Anhor.uz est allé à leur rencontre.
Novastan reprend et traduit ici un article publié en novembre 2020 par le média ouzbek Anhor.uz.
Cet article fait partie de la série « Les héros verts », un projet journalistique soutenu par le média allemand n-ost, le centre kazakh MediaNet International Centre for Journalism et le ministère allemand de la coopération économique.
Toutes les forêts d’Ouzbékistan prennent une part importante dans la protection et la conservation de l’environnement. Elles sont également le meilleur garant du maintien de la biodiversité et du captage de dioxyde de carbone.
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Le potentiel d’absorption des émissions de dioxyde de carbone des forêts d’Ouzbékistan est estimé à 2,53 millions de tonnes par an. Ces données figurent dans la troisième communication nationale sur le changement climatique.
Un moratoire inutile
Les auteurs du rapport notent que le pays le plus peuplé d’Asie centrale peut développer son potentiel de boisement grâce à l’établissement de plantations industrielles. Les journalistes d’Anhor.uz ont interrogé Tatiana Iougaï, directrice de Landshaft.uz et membre de l’Association d’art paysager d’Ouzbékistan.
Ils ont parlé de l’évolution de l’industrie forestière ainsi que de l’efficacité du moratoire sur l’exploitation forestière, initialement prévu par le président Chavkat Mirzioïev du premier novembre au 31 décembre 2020, puis prolongé jusqu’au 31 décembre 2021.
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« Ce moratoire est absolument formel. Même s’il s’arrête, nous n’en éprouverons pas de regret particulier. Cette mesure est tellement ridicule au regard de ce qu’il se passe dans notre pays ! Un tel moratoire devrait être permanent », pense Tatiana Iougaï. Cette dernière s’est exprimée au micro d’Anhor.uz (en russe) :
Reboiser : une nécessité
La principale solution pour atténuer le changement climatique est d’assurer une croissance continue des forêts. Cela peut être réalisé par exemple grâce au boisement de zones non-forestières. Il est possible aussi de reboiser des plantations dégradées, ou encore de rendre plus compacts les peuplements forestiers grâce à l’ensemencement artificiel.
Les journalistes se sont entretenus avec Pavel Volkov. Il est le fondateur d’Indigo, une société ouzbèke de protection de la faune et de la flore. La rédaction d’Anhor.uz a parlé avec lui de la nécessité de prendre correctement soin des semis durant leurs premières années.
« L’arrosage de l’arbre est une procédure obligatoire. Selon l’espèce, il faut s’en occuper les deux, trois ou cinq premières années. Puis les soins diminuent. Tout comme l’être humain, l’arbre grandit jusqu’à un certain âge et peut ensuite s’occuper de lui-même », explique l’expert. Son interview est également disponible en russe :
Les forêts, un frein au changement climatique
La conservation et l’utilisation durable de la biodiversité sont extrêmement importantes pour l’Ouzbékistan, dont le territoire est vulnérable aux variations climatiques et exposé aux phénomènes de sécheresse et de désertification.
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Le changement climatique est susceptible d’entraîner des modifications des écosystèmes. Il s’agit de températures anormales, d’avalanches, de glissements de terrain et de la détérioration de la santé publique.
Une protection pour les ressources en eau
Dans les montagnes, les forêts empêchent les processus d’érosion et améliorent la situation hydrologique des zones montagneuses. En effet, elles transforment les écoulements de surface en écoulements souterrains, augmentant ainsi le flux des rivières. Elles sont à la source d’autres fonctionnements écologiques.
Dans les déserts, les plantations d’arbres constituent également le principal facteur de formation de l’environnement. Elles fixent les sables mobiles et protègent les biens économiques nationaux d’être recouverts de sable. De plus, elles sont une source locale de combustible et augmentent la productivité des pâturages désertiques.
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Dans les plaines d’inondation des rivières, les forêts riveraines assurent la fonction de protection des berges et de l’eau. Sur les terrains plats irrigués, les forêts servent de protection contre les effets néfastes de l’érosion due à l’eau et au vent.
Reverdir l’espace public et les berges des rivières
Enfin, les journalistes se sont entretenus avec Abdousalom Normatov, chercheur principal à l’Institut de recherche forestière. Ils ont discuté du fait que le bord des routes devrait être plus vert, de la raison pour laquelle certains types d’herbe ne sont même pas utiles pour le bétail et de la manière dont Tachkent bénéficiera d’espaces verts à l’avenir.
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« Il y a des zones vides près des canaux de Bozssou et d’Ankhor, et un grand besoin d’aménagement paysager le long des berges. Ce ne doit pas être la même chose que dans les parcs où tout est strictement conforme à une ligne. Il faut reproduire une forêt sauvage. Les gens apprécient cela beaucoup plus que si les arbres étaient alignés comme des soldats », estime Abdousalom Normatov.
Le projet « Développement du journalisme : les problèmes du changement climatique » vise à montrer et résoudre les problèmes causés par le changement climatique, tout en développant et renforçant le secteur des médias indépendants en Asie centrale. Retrouvez tous les articles de cette série ici.
La rédaction d’Anhor.uz
Traduit du russe par Salomé De Baets
Édité par Paulinon Vanackère
Relu par Charlotte Bonin
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