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L’air que l’on respire en Ouzbékistan

RESPIRER OU SUFFOQUER - Alors que le monde lutte contre le coronavirus, des chercheurs ont conclu que la pollution de l'air augmentait le risque de complications et de décès dus à cette maladie. Or, l'Ouzbékistan fait partie des pays les plus pollués du monde.

Ouzbékistan Pollution Air
L'air en Ouzbékistan (illustration).

RESPIRER OU SUFFOQUER – Alors que le monde lutte contre le coronavirus, des chercheurs ont conclu que la pollution de l’air augmentait le risque de complications et de décès dus à cette maladie. Or, l’Ouzbékistan fait partie des pays les plus pollués du monde.

Novastan reprend et traduit ici un article publié en novembre 2020 par le projet Air of Central Asia.

Cet article fait partie de la série « Respirer ou Suffoquer », un projet journalistique soutenu par le média allemand n-ost, le centre kazakh MediaNet International Centre for Journalism et le ministère allemand de la coopération économique.

En 2019, la pollution de l’air en Ouzbékistan était l’une des plus élevées au monde. C’est ce qu’a communiqué IQ Air, une société suisse mesurant la qualité de l’air. Le pays occupait alors la 9ème place sur 98.

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En Ouzbékistan, durant cette période, la pollution de l’air était quatre fois plus élevée que ce que recommande l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le 30 octobre 2019, à Tachkent, la capitale, les mesures indiquaient une concentration de PM2.5 « dangereuse pour les groupes de personnes sensibles ».

Les principales causes de la pollution

Ces dernières années, l’Ouzbékistan était parmi les premiers pays en termes de pollution atmosphérique, selon le Centre de service hydrométéorologique de la République d’Ouzbékistan. Cette pollution s’observe notamment à Tachkent et dans d’autres villes industrielles du pays.

À Almalyk, une ville de la province de Tachkent, les principales causes de pollution sont les émissions d’une usine minière et métallurgique et d’une usine chimique. Elles sont à l’origine de gaz d’échappement et de combustions non autorisées de bois mort et de déchets. Les activités des établissements de restauration publique cuisinant au bois et au charbon font également partie du problème.

Le témoignage d’une Ouzbèke 

« Chaque jour est pour moi une épreuve d’endurance. Depuis l’enfance, j’ai une sensibilité accrue aux odeurs. Je ressens toutes les odeurs de ce monde. Je sais toujours exactement ce que mes voisins ou ceux qui vivent à côté cuisinent, depuis combien de temps les ordures ménagères traînent quand elles sont collectées, quels jours et à quelles heures les usines de produits chimiques de notre ville émettent. Oui, oui, c’est ainsi qu’est ma vision du monde », déclare Tamara Aïmatova, 64 ans, une habitante d’Almalyk.

Lire aussi sur Novastan : Tadjikistan : la pollution de l’air à Douchanbé s’aggrave

Les journalistes s’installent dans une petite pièce de son appartement, où elle vit avec son fils. Ils voient de leurs propres yeux comment elle lutte contre l’air pollué : des fenêtres hermétiquement fermées, un purificateur d’air et une propreté totale partout. Le nettoyage fait partie du quotidien de la maison : Tamara Aïmatova se sent mal en présence de poussière.

Une vie difficile pour les personnes allergiques

« J’avais sept ans lorsque j’ai développé mes premières allergies. Quand j’ai été testée, il s’est avéré que j’étais allergique à pratiquement tout : pollen, laine, poussière, produits chimiques, gaz. C’est particulièrement difficile à Almalyk, où le problème de la pollution atmosphérique est aussi aigu que dans toute autre ville industrielle », raconte l’habitante.

« Outre l’industrie, l’air est pollué par les gaz d’échappement des voitures, dont le nombre dans la ville augmente chaque année. Lorsque des feuilles ou, pire encore, des ordures ménagères sont brûlées à proximité, je suis probablement la première à le ressentir aussi », confie-t-elle dans cette vidéo (en russe):

https://youtu.be/BM0i0jLLzVo

Le seul espoir pour Tamara Aïtmanova est de partir à la campagne. Selon elle, l’air frais est la chose la plus précieuse dans la vie. Cela concerne aussi son fils, qui a la même prédisposition génétique.

Pourtant, les données officielles sur la pollution atmosphérique dans la ville d’Almalyk ne dépassent pas les concentrations maximales admissibles.

Comment est mesurée la pollution de l’air en Ouzbékistan ?

Des observations sont effectuées dans trois stations fixes à Almalyk, selon les données officielles du Centre du service hydrométéorologique de la République d’Ouzbékistan. L’échantillonnage est réalisé trois fois par jour et concerne dix composants.

La pollution atmosphérique est déterminée par les valeurs de concentration des impuretés. Puis, le degré de pollution est évalué en comparant les concentrations réelles aux normes d’hygiène et à la concentration maximale admissible d’impuretés dans l’air atmosphérique.

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D’après les statistiques officielles des trois dernières années, les principaux polluants sont le dioxyde de soufre, le monoxyde de carbone et le phénol.

« Tout d’abord, cela affecte négativement les poumons. Cela peut entraîner avec le temps une inflammation des voies respiratoires inférieures et un œdème bronchique. Pendant longtemps, la maladie peut être asymptomatique. Le plus souvent elle se manifeste après 40 ans », explique la pneumologue de l’association médicale de la ville d’Almalyk, Asiya Khaïdarova.

Comment remédier à la pollution de l’air ? 

La pneumologue estime qu’il est nécessaire de prendre des mesures au niveau de l’État pour améliorer la situation. Par exemple, lorsqu’il y a de la pollution dans la ville et sur le lieu de travail, les citoyens doivent porter des équipements de protection individuelle.

D’une manière générale, ils doivent mener un mode de vie sain et avoir une alimentation équilibrée. La pneumologue incite aussi à passer un examen médical au moins une fois par an et à être traité à temps si les premiers signes d’une maladie sont détectés.

De nouvelles mesures de surveillance 

Le Centre du service hydrométéorologique d’Ouzbékistan met en œuvre le projet Automatisation de la surveillance de la pollution atmosphérique, avec le soutien de la Fondation Zamin et du Programme des Nations unies pour l’environnement.

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À ce jour, la première phase du projet a été mise en œuvre : 63 points d’observation ont été regroupés en un seul centre d’analyse. Les résultats de la surveillance sont publiés sur une plateforme en ligne accessible au public et sur l’application mobile AirUz.

La qualité de l’air sera contrôlée toutes les heures, conformément aux normes internationales. Les citoyens pourront connaître le niveau de pollution de l’air dans leur zone de résidence.

L’adaptation aux normes internationales

La deuxième phase du projet prévoit l’installation de stations automatiques de surveillance de l’air dans tout le pays et l’adoption des normes internationales de surveillance de l’air. Puis les résultats de la surveillance seront intégrés dans la base de données informatique unifiée du pays et dans les systèmes d’information internationaux.

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Il est tentant de croire que ces contrôles seront soutenus par des mesures réelles pour prévenir la pollution de l’environnement et aider à prévenir les maladies.

Le projet « Développement du journalisme : les problèmes du changement climatique » vise à montrer et résoudre les problèmes causés par le changement climatique, tout en développant et renforçant le secteur des médias indépendants en Asie centrale. Retrouvez tous les articles de cette série ici.

La rédaction d’Air of Central Asia

Traduit du russe par Daria Smakhtina

Édité par Paulinon Vanackère

Relu par Charlotte Bonin

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