A cause du travail et des ressources qu’il demande, le safran est une épice qui se vend cher. Un entrepreneur pense que le développement de sa production peut permettre au Tadjikistan d’accroître son potentiel d’exportation.
Novastan reprend et traduit ici un article publié le 28 octobre 2022 par le média tadjik Asia-Plus.
En 2022, le Tadjikistan a à nouveau récolté du safran. C’est la deuxième année de récolte pour cette exploitation expérimentale.
Asim Hakimov, président du groupe Avas, et ses partenaires ouzbeks, travaillent sur l’idée de la culture du safran depuis 2020. Leur entreprise commune, BMB Avas Za’faron, située dans la province de Djizak en Ouzbékistan, possède une grande plantation de safran. L’entrepreneur tadjik prévoit de développer les plantations au Tadjikistan et de faire de ce produit un atout pour le pays.
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Selon lui, « toutes les conditions sont favorables au succès ».
Une coopération ouzbéko-tadjike
L’expérience ouzbèko-tadjike de culture du safran est déjà un succès. Les produits ont commencé à être promus sur le marché européen par leur partenaire italien, la marque Oro rosso, qui est d’ailleurs l’un des sponsors du club de football italien AC Milan.
Un projet de culture, de transformation et d’exportation de safran dans le district de Bakhmal, dans la province de Djizak, est en cours depuis 2019. Le groupe Avas met en œuvre avec ses partenaires italiens un projet d’investissement sur une superficie de 204,5 hectares, pour un montant total de 40,4 millions d’euros.
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La principale plantation, de 50 hectares, se trouve dans l’oblast de Djizak. Et au Tadjikistan, des bulbes sont plantés à titre expérimental dans les districts de Pendjikent et de Roudaki.
Un marché prêt à accueillir le safran tadjik
L’entrepreneur est optimiste quant à l’avenir du commerce du safran au Tadjikistan.
« Le projet a de grandes perspectives, et nous prévoyons d’augmenter notre plantation à 1 000 hectares. Il existe déjà des marchés comme l’Amérique, la Malaisie, l’Arabie Saoudite et l’Europe qui sont prêts à nous acheter de grandes quantités de safran », raconte-t-il. Selon lui, l’entrée sur le marché mondial du safran avec ces produits élargirait le potentiel d’exportation du Tadjikistan.
Actuellement, la culture du safran est sérieusement engagée en Ouzbékistan. Mais l’Iran reste le leader mondial de la production, représentant environ 90 % du marché mondial.
Elargir le potentiel d’exportation du pays
Le groupe Avas est géré par trois sociétés spécialisées dans des secteurs spécifiques : Avas Engineering, qui fournit des équipements dans le domaine du pétrole et du gaz, Avas Logistics pour les services de transport international et Avas Market, qui fournit des matériaux de rénovation et d’aménagement. Le groupe d’entreprises d’Asim Hakimov participe activement aux projets gouvernementaux et veut donner un élan au développement du Tadjikistan.
Afin de diversifier ses activités, le groupe a investi dans un nouveau projet en 2021 : la production et la culture du safran.
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Dans le cadre du projet relatif au safran, de nouvelles installations de production culinaire et pharmaceutique sont mises en place, ce qui permettra de créer de nouveaux emplois. Pour le chef d’entreprise, l’entrée sur le marché mondial du safran tadjik élargira le potentiel d’exportation du pays.
La reine des épices
Le safran est l’une des épices les plus chères : elle est surnommée la reine des épices. Le prix monte jusqu’à 6 000 dollars le kilogramme (5 669 euros), surtout pour celui utilisé à des fins médicinales. La culture du safran est un travail sérieux, car tous les processus sont réalisés à la main, de la plantation à la récolte du produit. Asim Hakimov raconte qu’il n’emploie que des femmes, pour contrer le grand nombre de chômeuses dans la région.
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L’épice est chère parce qu’elle demande beaucoup de travail. Il n’y a que trois stigmates par fleur : ainsi, plus de 200 000 fleurs sont nécessaires pour produire un kilo d’épice. Un hectare peut produire de 4 à 12 kilogrammes de safran.
« Les bulbes ont été achetés en Italie », raconte Asim Hakimov. « En octobre 2022, nous avons fait notre deuxième récolte. Chaque fleur a quatre ou cinq stigmates, dont deux ou trois sont rouges et deux sont jaunes. Les rouges sont les plus chers », poursuit-il.
A ne pas confondre avec le carthame
Le safran est un genre de plantes herbacées tubéreuses vivaces de la famille des iris. Les espèces ornementales du safran sont appelées crocus et ne font pas d’épices.
Un seul genre s’y prête, le safran à graines, dont les stigmates des fleurs séchées sont utilisées comme épices. Le safran moulu est souvent confondu avec des épices moins chères comme le curcuma et le carthame. Le carthame, qui est moins cher et dont l’arôme est beaucoup moins fort, est commercialisé sous le nom de safran dans de nombreux pays.
Trois à quatre stigmates suffisent pour faire un thé au safran fort.
Saïfiddine Karaïev Journaliste pour Asia-Plus
Traduit du russe par Alexei Vasselin
Edité par Paulinon Vanackère
Relu par Charlotte Bonin
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