À l’occasion des Jeux nomades mondiaux actuellement en cours au Kirghizstan, Novastan a rencontré des volontaires locaux mobilisés pour l’évènement. L’occasion de mieux comprendre l’engouement autour de ces Jeux, à chaque édition plus populaires, et les perspectives pour la promotion de la culture nomade dans les années à venir.
Cet article a été d’abord publié dans notre version allemande.
C’est un évènement sportif qui devient de plus en plus un rendez-vous pour toute l’Asie centrale. Le 2 septembre dernier, les troisièmes Jeux nomades mondiaux ont débuté à Tcholpon-Ata, au Kirghizstan.
Lors d’un spectacle spectaculaire avec plus de 1 500 artistes, le public a été embarqué dans un voyage à travers le passé nomade et le présent de la République d’Asie centrale. L’hippodrome surplombant le lac Issyk-Koul, joyau touristique de l’est du pays, était plein à craquer et la présence de nombreux chefs d’États a exigé d’importantes mesures de sécurité.
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En plus du Président kirghiz, Sooronbaï Jeenbekov, évidemment présent pour cette inauguration en grande pompe en son pays, la présence du Président turc Recep Tayyip Erdogan et du Premier ministre hongrois Viktor Orban a donné à l’évènement une saveur et une importance particulière.
Un engouement toujours plus important
Les Jeux se poursuivront jusqu’au 8 septembre prochain. En plus des activités sportives et des jeux traditionnels pratiqués de longue date par les populations nomades à travers le monde, les Jeux nomades mondiaux veulent également mettre à l’honneur la culture nomade. C’est dans ce but qu’a été mis en place, comme pour les éditions précédentes, un « ethno-village » dans la vallée de Kyrtchyn, située à quelques encablures du lac Issyk-Koul.
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L’organisation des Jeux au Kirghizstan a nécessité la présence de nombreux volontaires et un grand nombre de citoyens kirghiz se retrouvent mobilisés sur le théâtre des opérations pendant une semaine. Comment expliquer un tel engouement ? C’est la question que la rédaction a posée à plusieurs volontaires kirghiz – Toumar, Aïguerim et Altynaï – qui ont bien voulu nous éclairer sur le sujet.
Toumar, 32 ans, ouvrière dans une entreprise publique d’électricité
Novastan : Qu’est-ce qui vous a motivé à participer aux Jeux nomades cette année ?
Toumar : Je travaille pour une entreprise d’électricité basée dans la région. Et l’entreprise pour laquelle je travaille s’est intéressée à l’évènement. La yourte dans laquelle je travaille pendant les Jeux est un cadeau de l’entreprise. Nous préparons à manger et nous voulons montrer aux curieux comment les gens vivaient au Kirghizstan par le passé. D’habitude, je vis dans une maison. Mais, pour quelques jours, je replonge dans le mode de vie nomade.
Comment êtes-vous entrée en contact avec l’équipe organisatrice de l’évènement ?
C’est un évènement très important pour le Kirghizstan. Ici, dans la vallée de Kyrtchyn, il y a sept campements qui représentent les sept régions du pays. Les différents directeurs des compagnies d’État ont lancé des annonces et ont proposé à leurs employés de participer à l’organisation des Jeux nomades. Le temps que je passe ici compte comme du temps de travail.
Selon vous, quel effet les Jeux nomades peuvent-ils avoir sur le Kirghizstan ?
Le plus important, c’est la perpétuation des traditions nomades et des cultures du passé. Les Jeux nomades permettent aux visiteurs de mieux comprendre ces traditions et de se les approprier.
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C’est très important de comprendre qu’il faut respecter la nature. Cela ne concerne pas que le Kirghizstan, mais la culture nomade dans son ensemble.
Les prochains Jeux nomades devraient avoir lieu en Turquie. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous l’intention d’y participer ?
C’est un peu triste que les Jeux n’aient plus lieu au Kirghizstan. Je pense qu’il sera difficile pour les gens de voyager en Turquie et d’y participer.
Quelle place tient la culture nomade dans votre vie quotidienne ?
Pour moi, il est essentiel de ne pas oublier ces traditions dans notre monde moderne. Les Jeux nomades sont nécessaires parce qu’il permette de se souvenir de l’héritage légué par les populations nomades et de la préserver face à la mondialisation. C’est notre culture, nous avons ça dans le sang.
Aïguerim et Altynaï, étudiantes à Bichkek
Comment êtes-vous devenues volontaires pour les Jeux nomades 2018 ?
Aïguerim : J’ai entendu parler de la possibilité de travailler comme volontaire sur les réseaux sociaux. Le ministère des Sports kirghiz a mis une annonce en ligne et j’ai candidaté. Au bout de deux mois, j’ai été convoquée à un entretien pour vérifier mon niveau en langues étrangères.
Altynaï : J’en ai aussi entendu parler sur les réseaux sociaux. J’ai étudié en Europe et je souhaite utiliser les compétences acquises pour aider mon pays. J’ai donc postulé.
Comment vous êtes-vous préparées à l’évènement ?
Aïguerim : Nous avons assisté à cinq séminaires sur les premiers secours, l’histoire du Kirghizstan, les sports, la gestion du temps, etc.
Altynaï : J’ai manqué la préparation aux Jeux, j’étais en République tchèque.
Quel est, selon vous, l’effet des Jeux nomades sur le Kirghizstan ?
Aïguerim : Je pense que c’est important d’inviter des gens et de créer des contacts avec les habitants de différents pays.
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Altynaï : Et montrer aux visiteurs comment les gens vivaient il y a 1 000 ans, montrer la beauté de la nature ! Nous continuons d’utiliser les yourtes aujourd’hui, mais pas si souvent.
Les prochains Jeux nomades devraient avoir lieu en Turquie. Qu’en pensez-vous ? Y participerez-vous ?
Aïguerim : J’en ai parlé à ma famille et à mes amis. Je ne suis pas encore sûre. Ça coûte très cher. Et cet argent devrait être utilisé pour d’autres choses.
Altynaï : Je suis partagée aussi. Bien sûr, il faut donner à d’autres pays nomades leur chance. Je suis surtout heureuse de voir que le Kirghizstan a créé une sorte de marque qui se diffuse à travers le monde.
Arnaud Enderlin
Rédacteur en chef de Novastan
Maximilian Kathan
Rédacteur pour Novastan à Bichkek
Traduit de l’allemand par Jérémy Lonjon
Rédacteur en chef de Novastan
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