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Le Tadjikistan, bientôt un géant du tourisme ?

L’année 2018 a été décrétée comme étant l’« année du tourisme » par le président Emomalii Rahmon. Cette désignation  devrait stimuler la situation socio-économique du Tadjikistan. A  condition que le pays entame de véritables réformes dans ce secteur.

Rédigé par :

msampo Asia Plus 

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L’année 2018 a été décrétée comme étant l’« année du tourisme » par le président Emomalii Rahmon. Cette désignation  devrait stimuler la situation socio-économique du Tadjikistan. A  condition que le pays entame de véritables réformes dans ce secteur.

Novastan reprend et traduit ici un article initialement publié par Asia-Plus.

Comme chaque année, le président tadjik Emomalii Rahmon donne le « cap » pour l’année à venir. Alors que le discours était d’ordinaire délivré à la mi-avril, il l’a été cette fois à la fin de l’année 2017. Le message présidentiel est devenu un document d’Etat de poids, faisant office de manuel pour les gestionnaires étatiques de tous les niveaux. Pour 2018, l’année a été officiellement appelée « Année du Tourisme ».

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Dans ce discours, Emomalii Rahmon a montré implicitement une volonté politique de rompre avec la période post-guerre civile pour faire de la nation tadjike émergente l’un des pays les plus accueillants de l’époque.

Une image actuelle assez terne

Les sujets portant sur la guerre, terminée depuis plus de 20 ans, la division de la société, la traque des ennemis ou tout ce qui s’y rattache, n’attirent pas les touristes étrangers, les randonneurs, les grimpeurs et les autres, qui ont soif d’inconnu et de quelque chose de nouveau. Pour Asia-Plus, la société tadjike fait face à une tâche difficile : s’élever au-dessus des problèmes et des inquiétudes du quotidien en montrant au monde entier ses qualités originelles que sont l’hospitalité traditionnelle et l’esprit poétique.

Pour arriver à paraître attrayant, l’Etat doit également passer sous silence les questions socio-politiques qui nuisent à la stabilité et à l’harmonie de la société, divisant, au contraire, le pays en des groupes rivaux (et parfois hostiles). Autant de thèmes qui ne contribuent pas au développement de l’image et du statut du pays à l’échelle internationale.

Un leitmotiv : visiter le « Toit du monde » rend heureux

Comme l’explique Asia-Plus, la désignation de l’année 2018 comme Année du Tourisme impose à la société tadjike un devoir à la fois crucial et complexe : redonner vie au rêve de tous les marchands de l’Antiquité et du Moyen Âge, qui parcouraient la vaste Eurasie en caravanes « qui allaient dans le Pamir et s’y enrichissaient fabuleusement ».

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En ajoutant la conclusion de l’édition américaine du National Geographic Traveler qui affirme que la route du Pamir est l’une des plus belles routes de montagne du monde, le tourisme au Tadjikistan se développera comme une marque prometteuse, veut croire Asia-Plus. Et ce au sein du secteur touristique mondial actuellement en pleine expansion et générant un chiffre d’affaires de plusieurs milliards de dollars. Pour le média tadjik, il apparait ainsi nécessaire de développer ce nouveau slogan : « visiter le  « Toit du monde » rend heureux ». Une référence au fait que le Tadjikistan est essentiellement composé de montagnes, dont un grand nombre de pics à 6 000 ou 7 000 mètres.

Un fort potentiel naturel

Jusqu’à présent, les touristes ont été intéressés par le Tadjikistan du fait de sa nature unique, avec notamment le massif du Pamir, la rivière Zeravchan ou encore la vallée de Sari-Khosor, entre autres sites naturels. Cela s’explique par l’état déplorable des infrastructures touristiques et hôtelières dans tout le pays.

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Pour l’heure, aucune agence touristique internationale n’y a encore implanté de bureaux ou de succursales. Elles ont besoin qu’au moins quatre composantes de base répondent à leurs critères : le transport, l’hébergement, la restauration et les services bancaires. Actuellement, aucune de ces quatre composantes n’est présente de manière satisfaisante au Tadjikistan.

Des transports aériens peu développés

Au Tadjikistan, comme dans l’ensemble de l’Asie centrale, il n’y a pas assez de liaisons routières entre les Etats. Ainsi, les touristes choisissent essentiellement la voie aérienne, en voyageant de leur pays d’origine vers le pays de destination, pour se déplacer.

Problème : l’approvisionnement en carburant des aéroports est réalisé par des compagnies pétrolières qui en ont le monopole et placent leurs intérêts au-dessus des intérêts nationaux, regrette Asia-Plus. Cela constitue un des principaux exemples pour lequel le passage des mots aux actes est fondamental pour transformer le pays en une région touristique attrayante.

Le Tadjikistan est situé à un carrefour stratégique entre l’Asie du Sud et du Sud-Est et l’Europe, plus particulièrement du point de vue aérien. Par conséquent, au lieu de soutenir des compagnies aériennes privées, il serait nécessaire d’étudier la possibilité de construire un aéroport international moderne dans la vallée – à Dangara, dans l’ouest du pays, par exemple – en coopération avec des transporteurs aériens européens et asiatiques mondialement reconnus.

Des hébergements de qualité peu nombreux

Le Tadjikistan a récemment comblé le manque d’hôtels à Douchanbé, la capitale, en accueillant des groupes internationaux comme « Sheraton », « Marriott », « Hyatt » et d’autres. Cependant, une grave pénurie d’hôtels trois étoiles ou plus persiste dans les villes régionales et les districts.

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Le Tadjikistan peine à attirer un nombre suffisant de visiteurs.

Dans ce contexte, l’attribution gratuite de terrains par les autorités locales pour la construction d’hôtels, de maisons d’hôtes et d’attractions à proximité d’entreprises locales et étrangères au cœur des centres régionaux pourrait être un moyen de résoudre ce problème. Pour Asia-Plus, il apparait également important de créer un établissement d’enseignement dédié à la formation dans l’hôtellerie et la restauration.

Une restauration encore peu professionnelle

Comme l’explique le journaliste d’Asia-Plus, qui se réfère aux nombreuses années d’expérience des personnes travaillant dans les secteurs de la restauration et l’hôtellerie, Douchanbé est sans doute la seule capitale au monde où une jeune femme de banlieue peut arriver dans un établissement, mettre un tablier et commencer à travailler sans difficulté dans les restaurants de la ville.

Autrement dit,  les autorités tadjikes doivent accorder une plus grande attention, non seulement à l’application des normes sanitaires et épidémiologiques dans les restaurants, les cafés et les cantines, mais aussi, plus important encore, aux qualifications, aux compétences, aux savoirs-faire du personnel et des restaurateurs eux-mêmes, estime Asia-Plus. Maîtriser le menu et la carte des boissons est une tâche minutieuse qui demande plusieurs mois de travail à un serveur. Proposer des restaurants et des points de vente de nourriture avec des serveurs professionnels, à la place d’un personnel non-qualifié et changeant, pourrait considérablement améliorer leur image et leur attractivité.

Des services bancaires faibles

Pour transformer le Tadjikistan en un haut lieu du tourisme en Asie centrale, le domaine le plus sensible est sans doute le secteur bancaire. Si les banques tadjikes ne peuvent pas remplir leurs obligations vis-à-vis du personnel diplomatique, des hauts représentants des pays étrangers et des locaux, qu’en sera-il des touristes étrangers qui veulent obtenir rapidement leur argent et profiter de la vue depuis les monts tadjiks ?

Par conséquent, comme cela a été mentionné dans le message présidentiel, le temps est peut-être venu de s’inspirer de l’expérience de Singapour, d’ouvrir des bureaux et des succursales des principales banques mondiales et de les introduire dans la sphère bancaire nationale.

Des réformes ambitieuses sont à mener

De cette analyse du secteur touristique au Tadjikistan, Asia-Plus élabore plusieurs recommandations afin de véritablement transformer ce début d’ « Année du tourisme » en une année touristique.

Tout d’abord, il s’agit d’établir une communication terrestre moderne avec les pays voisins de la région, de créer des itinéraires attrayants pour le tourisme pédestre, équestre, automobile, aérien vers des lieux de repos ou encore faire disparaître le monopole des compagnies pétrolières vis-à-vis des aéroports du pays.

Le média tadjik estime également qu’il faut accorder une attention particulière à la formation de professionnels de la restauration et de l’hôtellerie, organiser des concours du « meilleur hôtel », du « meilleur restaurant », du « meilleur chef » et plus largement encourager la construction d’hôtels modernes dans les centres régionaux et les districts ainsi qu’à proximité des lieux d’intérêt touristique.

Enfin, Asia-Plus recommande d’attirer les principales banques mondiales afin de créer une infrastructure touristique et commerciale à part entière et développer le tourisme dans le pays à travers l’image du « Tadjikistan – caravane d’Asie centrale et palais de la Grande Route de la Soie », tout en stimulant sa popularité de toutes manières possibles. « Alors allons y, tentons le coup! », conclut le journaliste.

Abdougani Mamadazimov
Directeur du fond national Tadjik « Silk-Road, the way of consolidation”

Traduit du russe par Maud Sampo-du Cray

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