La société de production 180 degrés a publié une vidéo sur la vie éprouvante dans la campagne tadjike. Il s’agit du premier film en photos qui raconte les problèmes économiques des habitants d’Alitchour, devenus presque impossibles à résoudre suite à la pandémie de coronavirus.
Novastan reprend et traduit ici un article publié le 19 octobre 2020 par le média tadjik indépendant Asia-Plus.
Au Tadjikistan, la pandémie de coronavirus a largement touché les habitants des campagnes. Alors que ces derniers faisaient déjà face à des problèmes importants avant le Covid-19, comme se chauffer ou avoir de l’électricité, leur situation a empiré. Cela a notamment été le cas à Alitchour, un petit village situé dans le Haut-Badakhchan, dans l’est du Tadjikistan. Pour l’évoquer, la société de production 180 degrés a réalisé un film en photos, nommé d’après le village.
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Makhpora Kiromova, autrice et productrice du film Alitchour, a évoqué ce nouveau projet et d’autres films à venir auprès d’Asia-Plus. « L’idée de faire un film en photos m’est venue récemment, il y a six mois environ. C’est un format assez compliqué, mais très intéressant à exploiter où l’on cherche à atteindre l’effet de présence via la beauté des photos et le bruit de fond. Et avec cela, il faut raconter une histoire. Une histoire importante, une histoire entière », décrit Makhpora Kiromova.
Des habitants qui n’ont « jamais connu une vie facile »
Selon Makhpora Kiromova, le seul problème rencontré lors la réalisation de cette idée a été celui du financement du trajet. Pour le tournage du film, il fallait aller dans une des régions les plus éloignées de Douchanbé, la capitale tadjike. Le projet, décrit par la productrice comme « extrêmement lourd financièrement », a pu se réaliser grâce au soutien de l’Institut Société Ouverte, une fondation tadjike.
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« J’ai laissé mon cœur dans les montagnes de Pamir il y a cinq ans environ, et j’avais envie de retourner voir ces gens généreux et toujours prêts à aider qui, comme on le sait bien, n’ont jamais connu une vie facile et à l’ère de la pandémie ont davantage de problèmes », confie l’autrice. « Je suis revenue de là-bas avec deux histoires composées avec le photographe Nozim Kalandarov, dont les œuvres, j’en étais certaine, étaient capables d’embellir le projet : une histoire vient d’Alitchour, l’autre de Boulounkoul », ajoute Makhpora Kiromova.
La pandémie vécue différemment dans les montagnes et dans la capitale
« Les deux endroits se trouvent à plus de 4 000 mètres d’altitude, le chômage s’y élève d’habitude à 60 %. En 2020 cependant, suite à la pandémie qui a privé la population du tourisme, soit l’un des seuls moyens de gagner sa vie, le taux est passé à 90 % », décrit la productrice. « Et ne pas en parler serait un crime », lance-t-elle.
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« Ici, dans la capitale, nous continuons toujours malgré cette « catastrophe » à célébrer les fêtes autour de différents légumes et des baies, il y a eu récemment un concours de mangeurs de plov. Et là-haut, dans les montagnes, les gens peinent à joindre les deux bouts. Et ces conséquences économiques de la pandémie, comme on le suppose, vont nous ébranler encore et encore. Et nous vivons de façon peu sérieuse », considère Makhpora Karimova.
D’autres films à venir
Bientôt, selon la productrice, l’histoire de Boulounkoul sera publiée sur Internet. Celle-ci, avoue -t-elle, l’a particulièrement émue. « J’ai découvert qu’il existait, dans notre pays, des endroits où il n’y avait aucune trace de civilisation. Vous direz probablement que je suis naïve et stupide, mais vers mes 33 ans, je croyais honnêtement qu’il n’y avait plus d’endroit sauvage. Je me trompais », décrit Makhpora Kiromova. « Bientôt, on ira à Gornaya Matcha et Yaghnob, d’où nos médias rapportent également peu d’histoires. J’aimerais y parler de la mentalité et du mode de vie propres aux habitants de ces deux endroits que peu de Tadjiks connaissent d’ailleurs », décrit-elle.
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Le film en photos « Alitchour » est en tadjik avec sous-titres tadjiks. Les sous-titres en russe et anglais sont également accessibles.
Écrit par Chirine Rakhmanova
Journaliste pour Asia-Plus
Traduit du russe par Ariadna Goulevskaya
Édité par Christine Wystup
Relu par Anne Marvau
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