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A Tachkent, une exposition pour explorer les racines de la culture ouzbèke

L’exposition Chadjara, tenue à Tachkent fin 2020, invite à découvrir des lieux ouzbeks uniques loin de la capitale. Des œuvres d'artistes régionaux permettent de s’immerger autant dans la vie paisible des habitants des petits villages méconnus que dans les anciennes civilisations.

Ouzbékistan Tachkent Exposition Chadjara
L'exposition Chadjara cherche à montrer les racines culturelles de l'Ouzbékistan (illustration).

L’exposition Chadjara, tenue à Tachkent fin 2020, invite à découvrir des lieux ouzbeks uniques loin de la capitale. Des œuvres d’artistes régionaux permettent de s’immerger autant dans la vie paisible des habitants des petits villages méconnus que dans les anciennes civilisations.

Novastan reprend et traduit ici un article publié le 27 novembre 2020 par le média ouzbek Hook.report.

Les expositions d’art témoignent du développement culturel et sociétal de l’Ouzbékistan. La première participation du pays à la biennale d’architecture de Venise en 2021, par exemple, a contribué à faire découvrir plus amplement la culture ouzbèke en Europe.

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L’exposition photographique Chadjara, quant à elle, s’est donnée pour mission d’explorer la culture ouzbèke des petites villes, loin de la capitale et des guides touristiques. Elle ouvrait ses portes à la Bonum Factum Gallery de Tachkent entre novembre et décembre 2020. Elle fait suite à l’expédition ethnoculturelle qui a eu lieu du 5 au 12 octobre 2020. Le but était de comprendre la formation de l’identité culturelle des populations vivant dans les anciens villages ouzbeks.

Retrouver les racines de l’identité ouzbèke

Le mot chadjara provient de l’arabe et signifie « arbre ». Ce terme désigne également la lignée d’une famille. Il y a encore quelques décennies, chaque foyer avait sa propre chadjara. Ce n’est plus vraiment le cas car cette pratique est entrée en désuétude.

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Les participants de l’expédition cherchaient à montrer ce qui se cache derrière l’imaginaire touristique, à faire découvrir des endroits inconnus et l’Ouzbékistan authentique. Les réalisateurs de l’exposition sont Viktor Ane, photographe documentaire et membre de l’association des artistes de l’Ouzbékistan, et Ildar Sadykov, membre de l’Union des photographes d’art de Russie et photographe de rue.

Ouzbékistan Tachkent Exposition Chadjara
Les photographes ont cherché l’authenticité de Boukhara (illustration).

L’exposition parle de l’histoire de l’identité du peuple ouzbek, en commençant par Boukhara. La ville est considérée par les Ouzbeks comme la source des connaissances, bien qu’elle ait beaucoup changé. La ville est désormais envahie par des hôtels, tandis que la restauration des sites archéologiques décidée par les autorités est controversée. Certains considèrent que ces restaurations ont détruit la valeur historique des sites.

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Les membres de l’expédition se sont donc rendus dans le cœur de l’ancienne cité afin de la montrer telle que la connaissent les locaux, et non comme la voient les touristes et le monde entier.

Langar, un des berceaux de la culture ouzbèke

Après Boukhara, l’expédition a atteint la petite ville de Langar dans la province de Kachkadaria, une oasis entourée de collines entre les villes de Karchi et de Chakhrisabz. Selon la légende, la diffusion du Coran a commencé dans ces terres. L’exposition inclut également les photos réalisées par Victor Ane lors de sa première expédition à Langar en 2005, et cela dans le but de mettre l’accent sur l’évolution de la vie de cette région pendant les quinze dernières années.

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La troisième étape a été l’exotique kichlak de Guilan (un kichlak est un village où les semis-nomades passent l’hiver, ndlr), situé en haute montagne à la frontière avec le Tadjikistan. Selon les résidents, les descendants d’Alexandre le Grand y vivent encore.

Ouzbékistan Tachkent Exposition Chadjara
Langar est un des berceaux de la culture ouzbèke (illustration).

La route vers Guilan était semée d’embûches, selon les participants de l’expédition. Cependant, à leur arrivée, ils étaient enchantés par les paysages et surtout par les habitants aux beaux yeux verts. « Une merveille », selon Ildar Sadykov.

D’ailleurs, les habitants se targuent d’une particularité remarquable en Ouzbékistan : ils ne se marient que par amour. Cela va parfois à l’encontre de la coutume ouzbèke qui est d’envoyer les marieurs chez la famille de la jeune fille afin de négocier et de discuter d’un mariage potentiel.

De nombreux visiteurs

L’expédition a finalement poursuivi sa route jusqu’au village de Djeïnaou, qui est encore aujourd’hui peuplé par des Ouzbeks d’origine arabe, les descendants des premiers arrivants de la conquête musulmane aux VIIème et VIIIème siècles.

Ouzbékistan Tachkent Exposition Chadjara
L’exposition a rencontré un grand succès (illustration).

L’objectif de l’expédition est donc de montrer et de documenter le concept de la chadjara de l’Ouzbékistan afin d’en connaître les racines, les langues, les coutumes, et ce grâce à des photos et à des vidéos.

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Malgré la pandémie, l’exposition a été très visitée, ce qui n’a pas manqué de surprendre les organisateurs. Certains visiteurs ont eu un regain d’intérêt pour leur propre histoire et leurs propres racines. Les artistes et la commissaire de l’exposition, Chakhnoza Karimbabaïeva, comptent présenter l’exposition à Guilan pour remercier les habitants de leur aide.

L’exposition permet aux habitants de Tachkent de garder à l’esprit que l’Ouzbékistan ne se limite pas à la capitale. Le peuple ouzbek a une remarquable histoire qui lui permettra de se souvenir de ses racines.

Khaditcha Rakhmatoullaïeva
Journaliste pour Hook.report

Traduit du russe par Gulafiya Chatayeva

Édité par Gulafiya Chatayeva et Paulinon Vanackère

Relu par Robin Leterrier

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