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Voyage dans un élevage de chameaux dans les steppes de Ferghana

Au cœur des steppes du centre de Ferghana une tradition menée par un peuple entier subsiste : l’élevage de chameaux. Rencontre sur place avec un amoureux de ces animaux, à l’histoire particulière.

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Elevage de chameaux dans la région de Ferghana.

Au cœur des steppes du centre de Ferghana une tradition menée par un peuple entier subsiste : l’élevage de chameaux. Rencontre sur place avec un amoureux de ces animaux, à l’histoire particulière.

Novastan reprend et traduit ici un article publié le 28 février 2021 par le média ouzbek kun.uz.

Asrorjon Khikmatov, berger et patron d’une ferme, habite dans un kichlak, un village où lui et d’autres passent l’hiver. Tous ou presque y élèvent avec beaucoup d’amour et de soin des animaux. Là-bas, pas une seule maison ne dispose pas de bétail, toutes possèdent au moins des poules ; en effet, les animaux sont une source de revenu supplémentaire pour les familles.

La ville de Richton de la province de Ferghana abrite l’élevage de chameaux d’Asrorjon Khikmatov. Une visite sur place permet d’en capter toutes les spécificités et de suivre la vie quotidienne des travailleurs.

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Pour cela, il faut arriver à l’aube et être accueillis par les fermiers. Une traversée à dos de chameau permet de parcourir la bonne distance qui sépare le logis des travailleurs à l’étable, pour assister à la traite du matin. Celle-ci est réalisée trois fois par jour ; à l’aube, le midi puis le soir. Après le lavage consciencieux des pis, commence la traite et une partie est donnée aux chamelons, les petits de la chamelle.

Le lait de chamelle : des vertus insoupçonnées

Asrorjon Khikmatov, en accueillant les journalistes, raconte son histoire. « Il y a quelques années, mon père est tombé malade ; il a dû rester longtemps alité. Sur les conseils de mon entourage, j’ai commencé à lui donner du lait de chamelle et il a guéri. C’est de là qu’est né mon véritable attachement pour les chameaux. Mon père boit de ce lait encore aujourd’hui ! » dit-il.

« Le philosophe Avicenne, dans son encyclopédie médicale le Qanûn, écrivait que le lait de chamelle contient trois fois plus de vitamines que le lait de vache. Je lui donne raison, je pense que le lait de chamelle est capable de guérir de nombreuses maladies ; mon père en est l’exemple même » ajoute l’éleveur.

Pendant ce temps, les fermiers ont eu le temps de traire quatre chamelles chacun. Celles-ci sont ensuite conduites dans de larges pâturages et l’on donne aux chamelons du foin. Asrorjon Khikmatov continue son récit en se dirigeant vers les broussailles.

Lire aussi sur Novastan : Le chameau turkmène, un réservoir à lait

« En 2013, j’ai amené le premier chameau du district de Qo’ng’irot, au Karakalpakistan. Je ne les ai jamais quittés depuis et je ne peux d’ailleurs pas imaginer ma vie sans eux. J’en possède 31 en tout, dont 27 femelles et quatre mâles. Notre lait aux vertus curatives attire des personnes venues de très loin, que ce soit du Kirghizstan, du Tadjikistan voir même parfois de Russie. Elles cherchent un remède pour des problèmes de diabète ou de maladie du foie. Un litre de chamelle coûte actuellement 35 000 sums (2,7 euros), et il nous arrive d’offrir le lait aux personnes qui souffrent de maladies grave. Mais pour répondre à cette forte demande, nous prévoyons de signer un accord avec le Turkménistan afin d’augmenter de 100 têtes le troupeau » précise-t-il aux journalistes.


«
En fait, une chamelle peut produire jusqu’à dix litres de lait par jour. Les nôtres ne donnent que deux litres car nous les laissons paître sans rajouter de nourriture supplémentaire. Leur donner plus à manger reviendrait à certes augmenter la production de lait, mais nous perdrions les propriétés curatives de ce dernier. Et puis, les chameaux sont insatiables » affirme-t-il dans un sourire.

Le chameau blanc, un symbole de chance

La veille, une chamelle nommée Komila a donné naissance à un chamelon. Tous portent un nom bien précis, qu’ils reconnaissent lorsqu’ils sont appelés. Par ailleurs, lorsqu’une femme met bas un chamelon blanc, une fête entière est consacrée en son honneur ; en effet, leurs naissances sont très rares.

« Je possède un chameau blanc. Ces chameaux-là coûtent extrêmement cher. Il est très précieux pour moi, c’est pourquoi j’ai refusé de le vendre, même pour 50 000 dollars (41750 euros). » explique Asrorjon Khikmatov.

Une entreprise en croissance

Le patron de la ferme a encore beaucoup de travail. Avec neuf personnes qui travaillent pour lui et donc neuf salaires versés, il pourvoie aux besoins des familles de chacun.

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Il prévoit de se lancer par ailleurs dans l’export de la laine de chameau, car celle-ci a également une grande valeur. « Un kilo de laine coûte 50 dollars (41,7 euros). On la transforme en oreillers, en couverture ou encore en vêtements » précise-t-il.

La journée dans l’élevage de chameaux touche alors à sa fin. Puisse Asrorjon Khikmatov réussir dans son entreprise et porter encore beaucoup d’amour à ses chameaux !

Sarvar Ziyaïev, correspondant de Kun.uz

Traduit du russe par Paulinon Vanackère

Édité par Marianne Desportes

Relu par Robin Leterrier

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