Une réunion entre les dirigeants ouzbek et russe, Chavkat Mirzioïev et Vladimir Poutine, se tiendra à Tachkent les 18 et 19 octobre.
Novastan reprend et traduit ici un article publié par l’agence de presse Podrobno.uz
Beaucoup de sujets doivent être abordés, mais certaines questions spécifiques demeurent quelque peu cachées. Le correspondant de l’agence de presse Podrobno.uz a tenté de déterminer quels seront les thèmes et les problèmes qu’évoqueront les deux chefs d’États lors de cette rencontre.
« Une inspection des Etats voisins »
A l’heure actuelle, on sait qu’un premier forum russo-ouzbèk de coopération interrégionale sera organisé à l’occasion de la visite officielle du président russe. L’historien et politologue Oleg Kuznetsov dans une interview accordée à Podrobno.uz a déclaré que, même en n’appartenant pas au service protocolaire de l’administration russe, il était certain que le voyage de Vladimir Poutine à Tachkent n’était pas uniquement motivé par une visite diplomatique.
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Oleg Kuznetsov note que « le voyage en Ouzbékistan [de Vladimir Poutine] s’inscrit dans une séries de visites des capitales des anciens États soviétiques, qui a commencé à Bakou et s’est poursuivie à Douchanbé. Cela se déroule alors que la position de la Russie dans d’autres États post-soviétiques a considérablement évolué – comme en Arménie, en Géorgie et en Ukraine. Cela ressemble beaucoup à une inspection des États voisins dans le but de déterminer qui demeure un Etat ami et qui ne l’est plus. C’est la raison pour laquelle cette visite n’a pas de but politique clairement défini, et ne mentionne pas sa dimension géopolitique ».
De nouveaux alliés dans le monde turco-islamique
Selon le politologue, il semblerait que le président russe ait pris conscience de la nécessité de rejeter les stéréotypes du siècle passé, dans lesquels Moscou se voyait comme chef de file du monde chrétien orthodoxe et au centre de l’univers. Il explique qu’« après un revirement lent mais persistant des relations entre la Russie et l’Europe, le Président Poutine se voyait dans l’obligation de trouver de nouveaux alliés dans le monde turco-islamique. Après avoir commencé une politique de rapprochement avec la Turquie, il ne pouvait pas s’arrêter en chemin, et devait achever ce processus. C’est pour cela qu’il continue son tour des capitales turciques et centrasiatiques ».
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En même temps, Oleg Kuznetsov note que Moscou essaye de trouver de nouveaux moyens d’interagir avec les pays appartenant à la civilisation turque, alors que toute communication avait été unilatéralement rejetée par la Russie sous la présidence de Boris Yeltsin.
Oleg Kuznetsov conclut en disant que « Moscou cherche des moyens de retrouver la confiance perdue et le fait de la plus honnête des manières en passant par le développement de l’économie et du commerce ce qui est compréhensible et bénéfique pour l’ensemble des parties. Il n’y a de rapport d’adulte à enfant dans le commerce, seulement des parties égales. Le Kremlin l’a bien compris. C’est la raison pour laquelle cela fait déjà quelques temps qu’il a repris confiance en lui grâce à des moyens économiques et non pas politiques ».
La Russie, partenaire économique majeur
Il est important de noter que la Russie est aujourd’hui l’un des partenaires économiques principaux de l’Ouzbékistan. Le pays compte près de 960 entreprises dans lesquelles des capitaux russes sont investis. D’après les prévisions des experts de la Chambre ouzbèke de commerce et d’industrie ce nombre devrait dépasser les 1000 entreprises d’ici la fin de l’année. Quant aux entreprises ouzbèkes en Russie, elles sont très actives, près de 560 ont été ouvertes. L’Ouzbékistan est le quatrième État au sein de la Communauté des États indépendants (CEI) à échanger le plus avec la Russie. A la fin de l’année 2017, les échanges avaient atteint près de 3,6 milliards de dollars et augmenté de 33,9%.
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Au mois de janvier et février 2018, les échanges ont crû de 50,2% s’élevant à 600 millions de dollars. Les exportations russes ont augmenté de 59,7%, et les importations de 28,1%. A la même période, le volume des investissements russes en Ouzbékistan dépassait 8,5 milliards de dollars.
Traduit du russe par Maud Sampo-du Cray
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