La 44ème Olympiade d’échecs, qui a eu lieu l’été dernier en Inde, a été une franche réussite pour l’Ouzbékistan. Pour la première fois dans l’histoire des échecs, l’équipe masculine du pays a obtenu la première place. Les résultats de l’équipe féminine sont également très satisfaisants. Par ailleurs, il a été annoncé que l’Ouzbékistan accueillera la compétition en 2026.Novastan reprend et traduit ici un article publié le 16 août 2022 par le média ouzbek Hook.L’Olympiade d’échecs est une compétition entre des équipes de pays différents. Chaque équipe est constituée de quatre joueurs, plus un suppléant. Les compétiteurs sont installés sur des plateaux selon la force de leur jeu. À chaque tour, ils affrontent un adversaire de l’équipe d’un autre pays. Les Olympiades d’échecs existent depuis 1927 pour les hommes, 1957 pour les femmes, et se déroulent tous les deux ans.
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En 2022, l’Olympiade s’est déroulée en Inde, à Chennai, la ville natale de l’ancien champion du monde Viswanathan Anand. Sur décision de la Fédération internationale des échecs (FIDE) qui suit les règles imposées par le comité olympique, les équipes masculine et féminine russes n’ont pas eu le droit de participer. Pour des raisons intérieures au pays, les équipes masculine et féminine chinoises ont été écartées du tournoi également.
Les pronostics et les favoris
Ces absences n’ont pourtant pas empêché la composition de l’Olympiade d’être grandiose. Considérée comme favorite, l’équipe des États-Unis comportait trois des meilleurs joueurs du monde sur ses dix joueurs. L’Inde, en tant que pays organisateur de la compétition, était autorisée à présenter trois équipes. La première était présentée comme favorite du point de vue de la force des joueurs, tandis que la seconde, constituée de la jeunesse indienne, était vue comme l’outsider de l’Olympiade. Le champion du monde Magnus Carlsen, quant à lui, a pris la direction de l’équipe norvégienne. Enfin, les chances de l’Azerbaïdjan sont traditionnellement considérées comme élevées. Au total, 186 pays ont participé à l’Olympiade d’échecs de 2022. Lire aussi sur Novastan : Pourquoi les échecs sont-ils si populaires en Asie centrale ? Du côté de l’équipe d’Ouzbékistan, les quatre premiers plateaux ont été occupés par les Grands maîtres internationaux (GMI) Nodirbek Abdousattorov, Nodirbek Yakoubboïev, Javokhir Sindarov, Jakhonguir Vakhidov, avec en renfort le GMI Chamsiddine Vokhidov. Tous les cinq sont très jeunes, le plus âgé, Jakhonguir Vakhidov, ayant seulement 27 ans. En raison du succès récurrent de la jeunesse face à l’expérience, les organisateurs ont tout de suite considéré les chances de l’équipe comme relativement élevées. Ces pronostics se retrouvaient d’ailleurs dans la notation de départ puisque l’équipe occupait une très honnête 14ème place. Le GMI néerlandais Ivan Sokolov a entrainé les joueurs en tant que capitaine de l’équipe. Ce dernier, connu pour son efficacité en tant qu’entraineur, a travaillé auparavant avec les équipes des Émirats arabes unis et d’Iran.
Le déroulement du tournoi
En lien avec les spécificités du système suisse selon lesquelles se déroulent les Olympiades, dans les deux premiers tours les équipes les mieux classées jouent contre celles situées en fin de liste de notation. Les résultats sont donc généralement peu surprenants. Habituellement, les équipes favorites laissent leurs chefs d’équipe se préparer avant le tournoi d’importance en laissant jouer le renfort.
Mais le leader de l’équipe ouzbèke, Nodirbek Abdousattorov, s’est lancé dans la compétition dès le premier jour de jeu et n’a pas pris un seul jour de congé. Les équipes du Népal et des îles Féroé ont été battues dans les règles. Au troisième tour, le tirage au sort a donné la Slovénie comme concurrent à l’Ouzbékistan. L’équipe occupait une position relativement basse dans la liste de notation (41ème). Cependant, elle était constituée de plusieurs maîtres et grand maîtres internationaux d’échecs. Si deux équipes ont des niveaux équivalents, l’équipe adopte une tactique particulière. Les échéquistes jouant les noirs tentent de garder la position et d’obtenir une égalité. Ceux qui jouent les blancs quant à eux font tout pour remporter la partie. Nodirbek Yakoubboïev a réussi ce travail avec les noirs, tandis que Nodirbek Abdousattorov et Javokhir Sindarov sont sortis victorieux de leurs parties avec les blancs. Chamsiddine Vokhidov, quant à lui, a bien failli gagner avec les noirs, mais n’a pas su conserver son avantage et a finalement obtenu un match nul, permettant à l’équipe de se qualifier pour la suite.
Un premier vrai challenge
Les premières vraies difficultés se sont présentées au cours du quatrième round, face à l’équipe des Etats-Unis. Sa composition promettait un réel danger. Lors de l’Olympiade de 2018, les Américains avaient terminé deuxièmes, devancés seulement par les sportifs chinois. En 2020, ils étaient sur le podium. En 2022, l’équipe avait été renforcée de la présence du sixième joueur d’échecs mondial, ancien représentant de l’équipe arménienne, Levon Aronian. Au premier stade du jeu, Nodirbek Abdousattorov et Djakhongir Vakhidov ont obtenu un léger avantage non négligeable sur les résultats finaux. Nodirbek Yakoubboïev a terminé le jeu à égalité avec son adversaire. Wesley So a en revanche défait avec une relative aisance Javokhir Sindarov.
À ce stade, l’équipe ouzbèke se trouvait désavantagée. Mais c’était sans compter sur la suite du jeu. Démontrant une excellente technique, Javokhir Sindarov a largement devancé le GMI américain Samuel Shankland. De plus, suite à de nombreuses erreurs inattendues, Fabiano Caruana s’est retrouvé dans une situation compliquée. Ainsi, bien qu’une légère inattention ait coûté la victoire à Javokhir Sindarov, Nodirbek Abdousattorov a poussé son adversaire dans ses retranchements pour finalement décrocher la victoire.
Montée de la pression
L’équipe slovaque s’est présentée comme adversaire suivant. Furieux de leurs défaites face aux Etats-Unis, les joueurs ouzbeks ne leur ont laissé aucune chance. Sur les trois premières parties, les Ouzbeks ont assez rapidement vaincu leurs opposants. Dans la quatrième partie, Jakhongir Vakhidov a reçu des instructions de jeu plutôt floues face au GMI Christopher Repka. Il pouvait se limiter à une égalité pour que l’équipe remporte la victoire. Il aurait pour cela reçu l’accord du capitaine et de ses camarades de jeu. Mais Jakhongir Vakhidov, refusant de rester en arrière par rapport à ses coéquipiers, a finalement battu son adversaire 4-0 après 70 coups. Ce résultat a rendu évidente l’idée que les Ouzbeks se battaient sérieusement pour la médaille.
Une revanche face à l’Inde
Le sixième tour a opposé l’équipe ouzbèke à la première équipe indienne. Même si le majestueux Viswanathan Anand s’était éloigné des parties d’échecs d’envergure, le match promettait d’être acharné. Pour rappel, en 2014, la perte du match au dernier tour face à l’Inde avait privé l’Ouzbékistan de la médaille de bronze. Et bien que les compositions des équipes aient nettement changé depuis, ce match pouvait être une revanche. Lire aussi sur Novastan : L’Ouzbékistan au festival des Cultures du monde de Gannat Lors de la première partie, Nodirbek Abdousattorov, qui jouait avec les blancs et a entamé un jeu plutôt classique, s’est retrouvé en difficulté dès le début. Ses coéquipiers ont bien compris que la responsabilité de sauver le match reposait sur leurs épaules. Nodirbek Yakoubboïev, avec les noirs, a égalisé avec assurance. Chamsiddine Vokhidov s’est trouvé face à un jeu difficile. Jusqu’au bout, les trois résultats étaient possibles. En apparence, les meilleures chances de victoire revenaient à Javokhir Sindarov, qui a techniquement déjoué son adversaire, Arjun Erigaisi. Seulement, par manque de temps, il n’a pas réussi à proposer un véritable défi à son adversaire. C’est à ce moment-là que la chance a tourné en faveur de l’Ouzbékistan. L’adversaire de Chamsiddine Vokhidov, pressé par le temps, a dû effectuer un autre coup dans l’urgence, et s’est retrouvé bloqué. Le joueur ouzbek ne s’est pas précipité pour terminer son tour, mais la fin a néanmoins été intransigeante. Ce match des plus difficiles s’est à nouveau terminé sur une égalité.
Une volonté de fer pour la victoire
Après un match aussi tendu, la rencontre avec l’équipe du Pérou a semblé être une agréable promenade. D’autant plus que l’équipe s’est présentée sans son chef, qui avait joué contre Javokhir Sindarov lors de la coupe du monde 2021. Ce dernier a par ailleurs pris un jour de repos à l’occasion de ce match, mais le combat s’est tout de même déroulé de façon similaire à celui contre les Slovaques. Les plus jeunes joueurs de l’équipe ont obtenu trois rapides victoires. Quant à Jakhongir Vakhidov, il a dans un premier temps joué à jeu égal avec son adversaire. Mais comme plus tôt dans le tournoi, il a refusé de se contenter d’une égalité et a battu le maître international Brian Sebasti Escalante Ramirez. Lire aussi sur Novastan : L’Ouzbékistan au festival des Cultures du monde de Gannat Par la suite, les Ouzbeks ont fait face à l’équipe d’Allemagne, qui détenait la neuvième place. Son chef d’équipe, Vincent Keymer, est l’un des principaux concurrents de Nodirbek Abdousattorov dans sa catégorie d’âge. Mais face à la force de cette équipe, le GMI ouzbek ne s’est pas laissé déstabiliser. Au contraire, sa volonté de gagner en a été renforcée. Dès le début du jeu, il a entamé une suite inhabituelle, à laquelle son adversaire n’était pas préparé. Il a fermement obtenu un avantage et s’est peu à peu rapproché de la victoire. Mais une suite de petites erreurs a permis au joueur allemand de reprendre du terrain, et la partie s’est terminée sur une égalité. Nodirbek Yakoubboïev, pendant ce temps, s’est habilement servi d’un faux pas de son adversaire pour obtenir un avantage considérable, qu’il a gardé jusqu’à la fin du jeu. Les Allemands ont bien réussi à prendre le dessus, mais cela n’a pas suffi.
Une victoire décisive
Après le huitième tour, l’Arménie, l’Inde et l’Ouzbékistan occupaient respectivement les trois premières places. Les Arméniens ayant gagné contre la deuxième équipe indienne au sixième tour, les résultats de l’Olympiade allaient forcément se décider lors des confrontations entre ces trois pays. L’Arménie s’est présentée comme adversaire de l’Ouzbékistan au neuvième tour. Malgré la composition de cette équipe, moins forte que d’autres au regard du classement de ses joueurs, la sous-estimer aurait été une grave erreur. À toutes les Olympiades précédentes, l’Arménie s’est battue pour la médaille et est sortie trois fois victorieuse grâce à son esprit d’équipe sans faille. Ses joueurs jouent beaucoup mieux aux Olympiades que lors des compétitions individuelles.
En 2022, le chef d’équipe arménien, Levon Aronian, représentait les États-Unis. Pour cette raison, leurs chances de remporter l’Olympiade 2022 semblaient minces. Mais une nouvelle fois, les joueurs arméniens ont fait forte impression. Au moment de leur rencontre avec l’Ouzbékistan, ils étaient en tête du classement. Le GMI Gueorgui Castaneda a même prédit que si lors de la première partie Gabriel Sarguissian supportait la pression de Nodirbek Abdousattorov, les chances de l’équipe arménienne augmenteraient encore.
Un bon score contre l’Arménie
Dès le début du jeu, le joueur ouzbek a tablé sur des mouvements tactiques qui lui ont donné un avantage important. Mais quelques coups plus tard, une erreur de sa part a rétabli les chances de son adversaire. Plus le jeu avançait, plus l’issue de l’affrontement était incertaine, la plus probable étant l’égalité. Bien que Nodirbek Abdousattorov ait lutté encore sur 70 coups, il n’a pas réussi à reprendre la main et à changer ce résultat. Lire aussi sur Novastan : Splendeur des oasis : l’art ouzbek exposé au Louvre Lors de la troisième partie, Javokhir Sindarov a adopté un excellent style de jeu basé sur l’attaque et a remporté la victoire face au GMI Samvel Ter-Sahakian. Pendant la quatrième partie en revanche, Jakhongir Vakhidov s’est trouvé en difficulté face à Robert Hovhannissian. Mais ce dernier, comprenant que seule une victoire pouvait leur assurer une avance sur l’Ouzbékistan, a poursuivi sur une suite risquée de mouvements qui l’ont finalement mené à la défaite. Ainsi, l’équipe classée première jusque-là a été vaincue avec un score élevé de trois victoires à une.
La deuxième équipe indienne
L’heure n’était pourtant pas à la célébration de la victoire. Le jour suivant, un adversaire de taille attendait l’équipe ouzbèke : la deuxième équipe indienne. Sur leurs conceptions, les deux équipes se ressemblaient beaucoup. Les trois premières parties étaient jouées par de jeunes mais néanmoins très forts joueurs d’échecs. Le très expérimenté Baskaran Adhiban jouait la quatrième partie. Quant au GMI Dommaraju Gukesh, il avait remporté ses huit parties sans aucune défaite. Un tel score a créé une vraie fureur dans le monde des échecs. La partie s’avérait donc difficile dès le départ pour l’Ouzbékistan. D’entrée de jeu, les Indiens se sont appropriés un réel avantage. Dommaraju Gukesh a mis en place une stratégie qui lui a permis de devancer Nodirbek Abdousattorov. Nodirbek Yakoubboïev, qui jouait avec les blancs, n’a pas réussi à battre Nihal Sarin. Javokhir Sindarov a choisi un schéma de jeu imparfait qui l’a mené à une position défensive sur toute la partie. Jakhongir Vakhidov a quant à lui d’abord obtenu l’avantage avec les blancs, avant de faire une erreur tactique. Il a donc dû trouver les seuls mouvements permettant de sauver son jeu.
En route pour la finale
Peu à peu, l’équipe ouzbèke a réussi à égaliser. Mais Nodirbek Abdousattorov et Javokhir Sindarov ont quand même tenté de sauver leurs parties, bien que mal engagées. La chance a souri au premier, qui avait des comptes à rendre après ses défaites face aux États-Unis et à la première équipe indienne. Le joueur ouzbek a égalisé et a ainsi pu montrer sa ténacité et sa persévérance face à l’adversité. Javokhir Sindarov, pendant ce temps, poursuivait un jeu final au cours duquel il suffisait de suivre la marche du roi pour obtenir la victoire. Lire aussi sur Novastan : Deux expositions sur l’art ouzbek à Paris Dommaraju Gukesh a alors estimé que le destin du match dépendait de lui. Comptant sur le fait que son adversaire ne trouverait pas la posture nécessaire pour le battre, il a pris un risque, ce qui est déconseillé en fin de partie alors que le temps de réflexion arrive à son terme. Ainsi, face au champion du monde de jeu rapide qu’est Nodirbek Abdousattorov, rien d’étonnant à ce qu’une erreur de l’Indien l’ait mené à la défaite. Bien que Rameshbabu Praggnanandhaa ait de son côté obtenu la victoire, et malgré un engagement peu prometteur, l’équipe ouzbèke a ainsi remporté le match face aux Indiens. En parallèle, l’Arménie a vaincu l’équipe d’Azerbaïdjan, ce qui lui a procuré le même nombre de points que l’Ouzbékistan. Mais avec les coefficients supplémentaires que détenait l’équipe ouzbèke, il était certain qu’une victoire au dernier tour leur assurerait la médaille d’or.
Dernière ligne droite
Bien que les Ouzbeks aient déjà affronté les principaux prétendants à la médaille, ils ne pouvaient se permettre de sous-estimer l’équipe des Pays-Bas, leurs adversaires du dernier tour. Tous surpassaient les joueurs d’Ouzbékistan par leur classement, et leur leader, Anish Giri, est sans conteste l’un des meilleurs joueurs d’échecs du monde. D’un autre côté, en 2021, Nodirbek Abdousattorov avait sorti Anish Giri du jeu lors de la coupe du monde. Il était donc prêt à récidiver et consolider ce résultat. Lire aussi sur Novastan : Entretien avec le poète ouzbek Khourchid Davron D’entrée de jeu, l’équipe ouzbèke a pris la main. Nodirbek Abdousattorov s’est lancé dans un conflit ouvert contre un fin connaisseur de la théorie des ouvertures et a obtenu un réel avantage. Il en a d’ailleurs été largement complimenté par les commentateurs officiels de l’Olympiade durant la diffusion en direct. Nodirbek Yakoubboïev, quant à lui, a déstabilisé le GMI Jorden Van Foreest avec un jeu extravagant qui lui est propre, mettant en avant sa tour. Peu à peu cependant, les Néerlandais ont réussi à équilibrer le jeu et obtenir l’égalité sur les deux premiers jeux. Sur les troisième et quatrième, Javokhir Sindarov et Jakhongir Vakhidov ont tous deux commencé avantagés face à, respectivement, Benjamin Bok et Marc Warmerdam. Bien qu’il conserve l’avantage sur le troisième jeu, Javokhir Sindarov doit se montrer prudent pour ne pas se retrouver en position défensive. Jakhongir Vakhidov, en revanche, est à ce moment-là certain de sa victoire. Il réussit à contrer l’opposition de son adversaire et gagne le match 2,5 à 1,5. La partie de Javokhir Sindarov se termine finalement à égalité.
Un excellent bilan pour l’entraineur
Cette victoire a sans doute été la plus significative pour Jakhongir Vakhidov. Il cherchait à garder le même rythme que les plus jeunes et à se distinguer. La victoire manquée dans sa partie face aux États-Unis n’a fait que renforcer son esprit combatif. Lors de ses précédents matchs individuels, il s’est battu jusqu’au bout, refusant d’accepter une égalité ou une simple victoire d’équipe. Au dernier tour, cette volonté de fer a été récompensée, lui permettant de se distinguer et de devenir le véritable héros du match.
Son père, le GMI et entraîneur samarcandais Taïr Vakhidov, a de quoi être fier de son fils, dont les deux frères, Daler et Chakhzod Vakhidov, sont aussi des joueurs d’échecs expérimentés. Par ailleurs, Jakhongir Vakhidov était l’entraineur de Nodirbek Abdousattorov, Nodirbek Yakoubboïev, Javokhir Sindarov et Chamsiddine Vokhidov lors des Olympiades d’échecs dans la catégorie moins de 16 ans en 2018.
Les résultats encourageants de l’équipe féminine
L’équipe féminine ouzbèke a dû jouer sans son leader, Goulroukhbegim Tokhirjonova, obligée de se retirer à cause de problèmes avec la direction. Les joueuses n’espéraient donc pas de grand succès. Elles ont néanmoins réussi à décrocher une honorable 31ème place, alors que le classement les plaçait à la 46ème position au départ. Lire aussi sur Novastan : Nisso Mamedova, une tiktokeuse féministe en Ouzbékistan Un tel résultat est positif, d’autant plus que les joueuses de l’équipe sont très jeunes. Pour exemple, Afrouza Khamdamova a à peine 13 ans. De grands progrès sont donc sans aucun doute à venir dans cette équipe que de futurs exploits attendent.
Nodirbek Abdousattorov
Dès ses neuf ans, Nodirbek Abdousattorov a imposé sa présence en gagnant contre deux GMI d’un coup lors du tournoi international de Tachkent. À 13 ans, il est devenu le deuxième plus jeune GMI. De plus, si le record de Sergueï Kariakine pouvait laisser quelques doutes, la victoire de Nodirbek Abdousattorov était incontestable. D’ailleurs, tous ont été surpris, non seulement par les résultats, mais aussi par la qualité de jeu du jeune homme. La plupart des jeunes joueurs tendent vers un jeu d’attaque impressionnant, sacrifiant les pions dans l’espoir de mettre un mat. Nodirbek Abdousattorov, lui, battait ses adversaires grâce à un jeu bien plus mature, sérieux, réfléchi et stratégique. En 2021, il a obtenu le titre de champion du monde d’échecs rapides, en démontrant à nouveau sa force, sa ténacité et son inventivité, y compris dans des situations visiblement inextricables. Ces qualités ont d’ailleurs beaucoup apporté à son équipe lors de matchs décisifs de l’Olympiade.
Chamsiddine Vokhidov
Chamsiddine Vokhidov a été champion du monde des moins de 14 ans en 2015. Tout comme Nodirbek Abdousattorov, il a fait son entrée dans le monde des échecs auprès d’un entraîneur tachkentois expérimenté, Ravchan Choukourov. En 2018, lors du championnat du monde d’échecs rapides, l’un de ses adversaires a joué contre lui le coup du berger. Cette attaque facilement repérable et aisément battue est considérée dans les parties d’échecs de haut niveau comme un manque de respect. Chamsiddine Vokhidov n’a alors pas épargné son adversaire, et cette victoire est devenue virale, faisant le tour de tous les journaux spécialisés sur les échecs.
Nodirbek Yakoubboïev
Nodirbek Yakoubboïev est entré dans le monde des échecs de façon sensationnelle et fulgurante. En une seule année, il a gagné plusieurs championnats du pays, dans plusieurs catégories d’âges différentes. En 2016, à seulement 14 ans, il est devenu champion d’Ouzbékistan dans la catégorie adultes, surpassant des maîtres et même des GMI expérimentés. Outre ses nombreux succès, ce qui impressionne surtout chez lui, c’est son style de jeu peu standard, allant à l’encontre des règles implicites généralement acceptées. Il semble voir le jeu à sa manière. Par exemple, l’un de ses coups préférés consiste à poser son pion au centre du tableau, coup jugé comme trop risqué par la plupart des joueurs car il pourrait entrainer la perte d’un pion important. Mais Nodirbek Yakoubboïev semble savoir dans quelles situations ce coup est acceptable et peut même lui donner l’avantage.
Javokhir Sindarov
Javokhir Sindarov est devenu GMI en 2019, à seulement 12 ans, surpassant ainsi son camarade de jeu Nodirbek Abdousattorov. Ses jeunes frères, Islombek et Khoumoïoun Sindarov, ont commencé à jouer aux échecs en même temps que lui, mais n’ont pas eu le même succès.
Javokhir Sindarov a un jeu fin, basé sur l’attaque. Il est souvent prêt à céder des pions dans l’espoir d’obtenir un mat. Son style de jeu est à l’opposé de celui de Nodirbek Abdousattorov. Ce style, cependant, lui a permis de remporter à deux reprises la ligue supérieure d’Ouzbékistan. Il a même réussi, lors de la coupe du monde, à sortir l’un des meilleurs joueurs d’échecs du monde, Alireza Firouzja.
Gueorgui Chvanov Pour Hook
Traduit du russe par
Edité par Eléonore Bailly
Relu par Emma Jerome
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