Accueil      Dilshod Akhmedov, directeur de l’Alliance française de Tachkent : « Avec le français, j’ai découvert le monde »

Dilshod Akhmedov, directeur de l’Alliance française de Tachkent : « Avec le français, j’ai découvert le monde »

Cette année, l’Alliance française de Tachkent, en Ouzbékistan, fête ses dix ans d’existence. Les élèves de la classe 33-23 de l'école de Journalisme et de Communication à Tachkent sont allés à la rencontre de ceux qui font vivre cette Alliance, dont son directeur, Dilshod Akhmedov. En poste depuis près de huit ans, cet amoureux de la culture française a vu l'Alliance se transformer au fil du temps. Retour sur son parcours, avec pour fil conducteur : la passion pour la langue de Molière.

Dilshod Akhmedov, directeur de l'Alliance française.
Dilshod Akhmedov, directeur de l'Alliance française.

Cette année, l’Alliance française de Tachkent, en Ouzbékistan, fête ses dix ans d’existence. Les élèves de la classe 33-23 de l’école de Journalisme et de Communication à Tachkent sont allés à la rencontre de ceux qui font vivre cette Alliance, dont son directeur, Dilshod Akhmedov. En poste depuis près de huit ans, cet amoureux de la culture française a vu l’Alliance se transformer au fil du temps. Retour sur son parcours, avec pour fil conducteur : la passion pour la langue de Molière.

Elles sont posées comme des trophées sur les étagères. Lorsque l’on entre dans son bureau, c’est d’ailleurs la première chose que l’on remarque. Des photos bien alignées, ornées de cadres. Comme des trésors dans des écrins. « À chaque fois que je regarde ces photos, je vois tout ce que la langue française a apporté dans ma vie. Avec le français, j’ai découvert le monde », tient à souligner Dilshod Akhmedov, le directeur de l’Alliance française de Tachkent, en Ouzbékistan.

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Ces clichés, ils sont avant tout symboliques pour ce linguiste, spécialiste du français. Des souvenirs, aux côtés des présidents français et ouzbek à Paris. Des moments figés dans le temps, pour lui rappeler ce voyage en France. C’était il y a quelques semaines, en mars dernier. « C’est une fierté pour moi, bien sûr, mais aussi pour l’Alliance française et pour toute ma famille. J’ai les mêmes photos chez moi ! ».

Le traducteur officiel du président ouzbek

Sur l’un de ces clichés, on le voit à l’aéroport d’Orly, situé à quelques kilomètres de Paris. Il trône au centre, costume cintré, entre les deux présidents. Un homme de l’ombre. Car Dilshod Ahkmedov avait l’honneur de faire partie de la délégation officielle ouzbèke, lors de la dernière visite du président Chavkat Mirzioïev, en France. 

C’est en tant qu’interprète qu’il a été sollicité. Son rôle était bien défini : faire la traduction de son président, une mission qu’il exerce depuis 2022. Une routine pour lui : cet exercice, il l’a réalisé de nombreuses fois, comme lors de la dernière visite du président français, Emmanuel Macron, à Samarcande, en novembre 2023. 

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Et quand on lui demande s’il a une anecdote, il répond d’un air malicieux, tout en souriant : « quand il y a des présidents, il n’y a jamais d’anecdotes ! » Il se souvient pourtant d’un moment qui a marqué son dernier voyage parisien, lors du dîner d’État à l’Élysée. Le président français, pour honorer son invité, a alors prononcé quelques mots en ouzbek. « Cela m’a touché et m’a fait plaisir. À force d’effectuer plusieurs visites, il s’est mis à apprendre l’ouzbek et il a pu dire quelques mots ». Dilshod Akhmedov rajoute : « Normalement, il devrait revenir l’année prochaine en Ouzbékistan. Je crois qu’il aimerait beaucoup visiter Boukhara et Khiva. Il connaît très bien l’histoire de notre pays ». 

Un « coup de foudre pour le français »

Cette visite à Paris a été l’occasion pour Dilshod Akhmedov de se replonger dans ses souvenirs. Car c’est précisément dans la capitale française que tout a commencé. 

Il a 11 ans. Accompagné de sa mère et de sa sœur, il suit son père, alors diplomate, pour s’installer en France en 1998. Celui-ci est en poste comme conseiller économique et commercial à l’ambassade d’Ouzbékistan à Paris. Un beau bâtiment, situé à quelques pas de l’Élysée. « C’est à Paris que tout a commencé, que j’ai eu un véritable coup de foudre pour le français. Résultat : nous avons passé trois ans en France avec ma famille. C’est là que ma sœur et moi avons débuté l’apprentissage de cette langue ». Au collège Molière, dans le 16ème arrondissement de Paris, il y étudie de la 6ème à la 4ème. « Souvent le soir, je me rappelle qu’on se baladait en famille, après le dîner, le long de la Seine. C’était comme un rituel. J’aimais cette ambiance parisienne. » 

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Puis, retour en Ouzbékistan, ce pays au ciel azur et aux coupoles turquoises. Son pays. « À la fin de la mission de mon père, j’ai continué à apprendre la langue française, mais ici, à l’Alliance française de Tachkent ». Il passe alors de nombreuses heures à étudier les méandres de la grammaire, mais aussi toute la complexité de la conjugaison de la langue de Molière. On le trouve la plupart du temps assis dans la vaste bibliothèque où s’empilent une multitude de livres sur les étagères. Ici, Victor Hugo côtoie Amélie Nothomb et bien d’autres auteurs de renom. Une véritable fenêtre ouverte sur le monde : celui de la littérature française.

C’est ensuite à la faculté de philologie française de l’Université des langues du monde, en plein centre de la capitale ouzbèke, qu’il continue de perfectionner son niveau de français. Pour son master, il décide de retourner dans la « Ville Lumière ». C’est à l’Institut des langues et civilisations orientales (Inalco), non loin de la porte de Bercy, qu’il se passionne dorénavant pour les relations internationales. Puis direction le Nord de la France, pour un autre master.

L’aventure comme directeur de l’Alliance française

À la fin de ses études, il décide de revenir définitivement en Ouzbékistan. Il suit alors les traces de son père, et travaille pour la chambre de commerce de Tachkent. C’est à ce moment-là qu’il découvre par hasard une offre d’emploi sur le site de l’Ambassade de France en Ouzbékistan. « C’était pour le poste de directeur de l’Alliance française. Il y avait un délai d’un mois pour envoyer la candidature et je n’ai pas osé envoyer mon CV ». Finalement, il attendra le dernier jour pour postuler officiellement. Il passe dans la foulée un entretien. Il est pris. « C’est à partir de ce moment-là que l’aventure avec l’Alliance française a débuté ! »

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Cela fait maintenant huit ans qu’il coordonne une équipe d’une vingtaine de professeurs de français, dans ce lieu situé en plein cœur de la capitale ouzbèke. Et lorsque l’on y pénètre, on est d’abord happé par l’ambiance, une atmosphère un peu hors du temps. « On se sent comme en France ! », aime à préciser Dilshod Akhmedov. 

Dans le jardin parsemé de touches florales, une tour Eiffel miniature nous rappelle ce symbole de Paris. Ce parterre de fleurs précède une immense bâtisse, dont les murs ocre reflètent la lumière intense du soleil, dans ce pays aux étés brûlants. « C’était d’abord une maison. L’ancien propriétaire, un homme d’affaires du quartier, l’avait faite construire pour ses deux enfants. C’est pour cela qu’il y a deux portes d’entrée, cela devait être divisé en deux parties ». L’Ambassade de France a alors commencé à louer le bâtiment. « Ensuite, c’est devenu un Institut français, rattaché à l’Ambassade de France jusqu’en 2014, avant de devenir une Alliance française en 2015 ».

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De futurs projets plein la tête

« Ici, nous organisons des évènements autour de la culture et civilisation française. Il y a même quelquefois des gens de passage qui font une halte ici, avant de poursuivre leur périple en Ouzbékistan ». Un lieu de passage, d’apprentissage, d’échange. Un lieu ouvert à tous les amoureux de la langue française. Chaque année, près de 1 400 élèves poussent la porte de ce bâtiment. Mais ce n’est pas assez pour Dilshod Akhmedov, qui souhaite attirer encore plus de nouveaux apprenants. 

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Et il n’est pas avare de futurs projets. « J’aimerais qu’il y ait au moins une Alliance française dans chaque grande ville d’Ouzbékistan (Boukhara, Vallée de Ferghana…). Je souhaite que les personnes de ces régions-là aient aussi l’opportunité de découvrir la culture et la civilisation françaises ». Le directeur espère aussi faire venir sur le sol ouzbek des universités françaises, telles que la Sorbonne. « C’est comme ça que l’on pourra augmenter le nombre de personnes qui apprennent le français. » Car si le français a changé sa vie, il souhaite aussi donner cette chance à ces compatriotes : « Je vais faire le maximum pour que le français ait un rôle important dans la vie des jeunes ouzbeks ».

Par Louise Simondet et les élèves de la classe 33-23 de l’université de Journalisme et de Communication de Tachkent

Relu par Elise Medina

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Commentaire (1)

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Vincent Gélinas, 2025-05-10

Bravo à Dilshod Akhmedov pour son enthousiasme, toujours renouvelé après toutes ces années, pour la cause de la francophonie en Ouzbékistan! Une telle flamme suscite l’admiration.

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