Cinéma d’Asie centrale : le film L’ange blessé suit le parcours de quatre adolescents dans un petit village rural du Kazakhstan au milieu des années 1990. Face à l’injustice et au manque de perspectives, chacun tente de trouver le moyen d’avancer.Novastan reprend et traduit ici un article publié le 3 mars 2021 par notre version anglaise.Central Asian Cinema est une série d’articles collaboratifs créée par Novastan. Plusieurs membres de l’équipe partagent leurs moments cinématographiques préférés sur l’Asie centrale. Chaque article décrit un film produit ou tourné en Asie centrale et disponible sur Internet.
La vie dans les années 1990 au Kazakhstan
L’ange blessé est un film sobre et calme, sorti en 2016. L’action se déroule au Kazakhstan dans les années qui suivent la chute de l’URSS, alors que l’économie du pays s’enfonce profondément dans la crise. Le réalisateur, Emir Baïghazin, tisse le récit de la vie de quatre jeunes hommes victimes des circonstances.
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Ce long-métrage est magnifiquement tourné. Le réalisateur fait fréquemment usage de plans longs, dans des pièces vides et obscures ou dans les immensités de la steppe kazakhe. Cette indéniable qualité esthétique du film met ainsi en valeur les rebondissements de l’intrigue, la brièveté délibérée des dialogues et les scènes bouleversantes, par le contraste troublant avec le stoïcisme dont font preuve les personnages. Ces quatre jeunes hommes, soumis aux contraintes, entraînent les spectateurs dans leur désir d’affranchissement face à la vie monotone de leur village. Lire aussi sur Novastan : « Alitchour », un film en photos sur les difficultés des villages du Pamir touchés par la criseLeurs histoires personnelles sont toutes liées à leur volonté de liberté au sein de la société kazakhe après l’effondrement de l’Union soviétique. La petite criminalité, un ancien détenu stigmatisé pour son passé, les petits boulots pour survivre : chaque personnage apporte un nouvel éclairage sur ce tableau. Ces intrigues laissent apparaître un cycle générationnel de mauvaises décisions, souvent prises à la va-vite, comme pour lancer un appel au secours.
La réalité face aux rêves
Chaque tableau, à sa manière, incite à la réflexion et propose une sorte de leçon morale, sans toutefois suggérer de solutions concrètes. En privilégiant les plans rapprochés et les scènes de longue durée, L’ange blessé est saisissant de réalisme et donne un aperçu des conditions de vie réelles prévalant en Asie centrale à cette époque. En fin de compte, le film aborde la résilience, la détresse et les difficultés face à ses propres rêves.
Bien que parfois difficile à regarder en raison d’un développement lent, L’ange blessé n’en constitue pas moins une contribution intéressante au cinéma kazakh. Ce film apporte une nouvelle lumière sur cette tragédie humaine dans un contexte de stagnation historique.L’ange blessé est disponible sur MUBI en version originale sous-titrée anglais.
Tommy Hodgson Rédacteur pour Novastan
Traduit de l’anglais par Bruno Cazauran
Édité par Johanna Regnaud
Relu par Élise Piedfort
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