Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, croit dans la route internationale transcaspienne pour développer le commerce avec la Turquie. Cependant, celle-ci contourne la Russie, ce qui risque de ne pas plaire au Kremlin.

Lors d’une visite d’État débutée le 10 mai dernier à Ankara, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a signé avec son homologue turc une déclaration sur le « partenariat stratégique étendu » qui renforce la coopération entre les deux pays sur divers sujets, comme le rappelle Radio Azattyq, la branche kazakhe du média américain Radio Free Europe.

C’est dans ce cadre que le dirigeant kazakh a affirmé « le potentiel » de la route de transport internationale transcaspienne. Partant de Chine, cette infrastructure routière et ferroviaire contourne la Russie pour rejoindre l’Europe. Ankara et Nur-Sultan voient ce projet comme un moyen supplémentaire de développer le commerce entre les deux pays.

La guerre en Ukraine : une opportunité pour la Turquie ?

Sous le coup des sanctions internationales pour son intervention armée en Ukraine, la Russie souffre économiquement. Certains experts y voient le moment idéal pour la Turquie de renforcer son influence avec les États turcophones de la région, comme le rapporte Radio Azattyq.

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Si le Kazakhstan est un allié historique de Moscou, sa politique étrangère depuis l’intervention en Ukraine est plus nuancée. Bien qu’il ne condamne pas l’agression russe, Radio Azattyq rappelle que Nur-Sultan envoie du fret humanitaire à destination de Kiev, tout en ne reconnaissant pas les entités séparatistes du Donbass. Ce choix montre l’ambition kazakhe d’entretenir des relations cordiales avec l’ensemble des puissances qui impactent la région, comme la Chine, les États-Unis ou la Turquie.

Des relations commerciales en constante progression entre les deux pays 

Malgré la pandémie, les résultats économiques entre la Turquie et le Kazakhstan se sont considérablement améliorés. Selon l’Institut de recherche économique kazakh, le chiffre d’affaires commercial entre Ankara et Nur-Sultan aurait augmenté de 63 % durant les deux premiers mois de l’année 2022.

C’est en 2012, lors de la création du programme économique Nouvelle synergie, que la situation commerciale a connu une seconde vie. Comme le rapporte l’agence de presse kazakhe Kazinform, le chiffre d’affaires commercial entre 1991 et 2022 a été multiplié par 100, passant de 30 millions de dollars (28,7 millions d’euros) au début de l’indépendance du Kazakhstan à plus de 5 milliards de dollars (4,78 milliards d’euros) en 2021.

Cette très bonne relation se traduit aussi par les investissements directs à l’étranger de la Turquie. En atteignant un montant record de 680 millions de dollars (631 millions d’euros), Ankara est l’un des cinq principaux partenaires commerciaux du pays, selon le même article.

La route de transport internationale transcaspienne, un enjeu régional

Point de passage obligatoire pour relier la Chine à l’Europe, le Kazakhstan et plus globalement l’Asie centrale bénéficient des investissements chinois. Selon le bulletin statistique sur les investissements directs à l’étranger de la Chine, paru en 2019, Pékin aurait déboursé 120 milliards de dollars (114,8 milliards d’euros) entre 2013 et 2019 dans les pays concernés par ce projet.

Les Nouvelles routes de la Soie ont comme objectif de développer les réseaux de transport, afin d’accélérer et de diversifier les voies commerciales jusqu’en Europe. Cela se traduit par la construction de routes, mais aussi de chemins de fer et de ports.

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Pour gérer plus efficacement le transit des marchandises, la Turquie et le Kazakhstan ont décidé avec la Géorgie et l’Azerbaïdjan de créer une coentreprise, comme l’a déclaré Gaïdar Abdykarimov, secrétaire général de l’Association transcaspienne de la route internationale de transport (TMTM), sur le site néerlandais Railfreight.com.

Selon lui, « la coentreprise est officiellement en construction, mais nous devons attendre au moins jusqu’à la fin de l’année. Cependant, il est fort probable que la société deviendra officielle entre le début et le milieu de l’année 2023 ». Plus loin dans sa déclaration, le secrétaire général affirme que l’une des priorités est de développer l’avantage concurrentiel de la ligne de chemin de fer Bakou–Tbilissi–Kars, tout en accélérant les travaux portant sur l’augmentation des capacités de la ligne.

Paul Mougeot
Rédacteur pour Novastan

Relu par Emma Jerome

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