L’Asie centrale est particulièrement touchée par le changement climatique. Des problèmes écologiques majeurs rendent la situation encore plus compliquée.
L’Asie centrale fait face à un certain nombre de menaces pour sa sécurité environnementale et climatique. Ces problèmes ne peuvent être résolus qu’avec les efforts conjoints de tous les pays de la région et avec le soutien des organisations internationales.
Le PIB régional représente environ 300 milliards de dollars (276 milliards d’euros). La plupart des pays de la région ont l’agriculture pour principal moteur du développement économique : plus de 50 % de la population est employée dans le secteur agricole. Cependant, ce domaine et ses activités annexes sont particulièrement vulnérables. En effet, la majorité de la population de la région vit dans le bassin de la mer d’Aral.
La disparition de la mer d’Aral
La plus grande menace écologique touchant l’Asie centrale est l’assèchement de la mer d’Aral. Le niveau de l’eau diminue principalement en raison des facteurs climatiques et du prélèvement d’eau à des fins d’irrigation. Pour surmonter le problème de la mer d’Aral, une approche globale et multisectorielle est nécessaire. Cela implique la coopération de tous les États de la région.
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Selon les experts, pour sauver la mer d’Aral, il serait nécessaire d’y apporter un volume colossal d’eau. Cela représenterait environ 86 mètres cubes chaque seconde, ce qui est déjà impossible.
L’eau, un défi critique et une source de divisions
La réduction des ressources en eau due au changement climatique constitue un des problèmes environnementaux majeurs auxquels l’Asie centrale est confrontée.
Les priorités divergentes des pays de la région en matière de partage et d’échange des ressources en eau et en énergie aggravent la situation. Le retrait du Kirghizstan du Programme d‘action conjoint du fonds international pour le sauvetage de l’Aral, ainsi que la construction par l’Afghanistan du canal de Qoch-Tepa sans l’accord des autres États du bassin de l’Amou-Daria, en sont les parfaits exemples. L‘Afghanistan n’ayant pas participé aux négociations sur l’affectation des ressources en eau de la région, l’incertitude règne quant à l’utilisation future de l’eau par ce voisin.
À cela s’ajoutent des problèmes intrinsèques à la gestion de l’eau, tels que la faible disponibilité en eau potable pour la majorité de la population, sa pollution, le coût élevé de l’irrigation des terres agricoles, la faiblesse des moyens matériels et techniques des organismes de gestion de l’eau, et enfin l’incapacité des usagers à payer pour les services d’approvisionnement en eau.
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Environ 90 % de l’eau de la région est utilisée dans l’agriculture alors que l’efficacité du système d’irrigation dans la région ne dépasse pas 50 %. Ainsi, la pénurie d’eau menace la sécurité alimentaire des pays de la région. Afin de pouvoir faire face à cette situation, la micro-irrigation et d’autres technologies économes en eau doivent être adoptées par les gouvernements d’Asie centrale.
La fonte des glaciers, une menace pour l’agriculture
La fonte des glaciers est à l’origine d’une augmentation du nombre de coulées de boue et d’autres catastrophes naturelles, dont le préjudice économique pourrait, selon la Banque mondiale, représenter entre 0,4 % et 1,3 % du PIB annuel des pays de la région.
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Le Tadjikistan, pays possédant le plus grand nombre de glaciers en Asie centrale, est le réservoir d’eau régional. La « couronne de neige » de la République s’étend sur plus de 8 500 kilomètres carrés et alimente les systèmes fluviaux de l’Amou-Daria et du Zeravchan. En dépendent en grande partie l’Ouzbékistan, le Kazakhstan et le Turkménistan. Cependant, en raison de l’augmentation globale de la température de l’air, les glaciers de la République reculent et leur superficie totale diminue rapidement.
La situation des glaciers est tout aussi préoccupante au Kirghizstan voisin, où leur superficie dépasse 6 500 kilomètres carrés, mais diminue chaque année d’environ 1 %. La fonte des glaces et les prélèvements en eau pour les besoins agricoles ont un impact considérable sur le lac Issyk-Koul. Il est possible d’observer une réduction du littoral de 10 mètres par endroits.
Selon les experts, la fonte des glaciers tadjiks et kirghiz entraînera, à court terme, une forte augmentation du débit des fleuves. À plus long terme apparaîtra une grave pénurie d’eau. L’agriculture et l’hydroélectricité en souffriront, alors que le potentiel hydroélectrique du Tadjikistan représente près de 80 % de sa consommation actuelle d’électricité.
Un changement climatique drastique
En été, les pays d’Asie centrale font face à une augmentation anormale de la température de l’air pouvant atteindre jusqu’à 48°C au Tadjikistan et au Turkménistan et 45°C en Ouzbékistan. D’ici 2030-2050, la température devrait augmenter de 1 à 3°C en Asie centrale. Avec le réchauffement, l’intensité de l’évaporation de la surface de l’eau des mers, des lacs et des réservoirs augmentera inévitablement.
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Selon la Banque mondiale, au cours des 30 dernières années, il y a eu environ 500 inondations et tremblements de terre. Ils ont touché 25 millions de personnes et les dommages économiques se sont élevés à 80 milliards de dollars (74 milliards d’euros).
Plus de 90 % des dommages économiques imputables aux catastrophes naturelles ont été causés rien que par la sécheresse.
Le fléau de la dégradation des sols
L’aridité du climat centrasiatique contribue à la dégradation des sols et à la désertification. Les principaux facteurs de cette dégradation sont l’accroissement de la population dans les deltas des principaux bassins fluviaux et le changement climatique.
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Selon les organisations internationales, plus de 90 millions d’hectares de terres sont aujourd’hui dégradés en Asie centrale. La plupart se trouvent au Kazakhstan avec 80 millions d’hectares, soit 36 % de toutes les terres agricoles du pays, et au Tadjikistan avec 3,9 millions d’hectares, soit plus de 70 %.
L’érosion hydrique des sols s’élève à plus de 30 millions d’hectares et touche également cette zone. En Ouzbékistan, jusqu’à 80 % des terres agricoles sont touchées par cela.
Le climat aride et les sécheresses aggravent également le processus de salinisation des sols qui concerne non seulement les terres arables mais également les pâturages et les terres non cultivées. Aujourd’hui, la superficie totale des terres irriguées dans la région représente 8 millions d’hectares et plus de 60 % de ces terres sont affectées par un processus de salinisation.
La rédaction d’Asia-Plus
Traduit du russe par Alexis Salé
Edité par Ella Boulage
Relu par Léna Marin
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Vincent Gélinas, 2024-04-13
En plus de tous les problèmes évoqués, ne manquons pas de mentionner l’incurie des utilisateurs de l’eau. Il y a un gaspillage énorme d’eau à la fois par les gouvernements et par les individus, lesquels ne sont pas sanctionnés pour sa mauvaise disposition.
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