Cette conférence climatique a été l’occasion pour les pays d’Asie centrale de renforcer leur coopération régionale avec le pays hôte de la COP, l’Azerbaïdjan. Les projets énergétiques et la gestion des ressources en eau ont animé les discussions. Néanmoins, ces échanges ne semblent pas témoigner d’engagements concrets en faveur du climat.
Organisée à Bakou en Azerbaïdjan du 11 au 24 novembre dernier, la COP 29 avait pour principal sujet la finance climatique. Cette conférence s’est notamment achevée avec deux jours de retard pour fixer l’engagement financier visant un minimum de 300 milliards de dollars (285 milliards d’euros) par an d’ici 2035 par les pays développés pour soutenir les actions climatiques.
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La coopération transrégionale favorisée en marge de la COP 29
Il n’est pas inhabituel de voir émerger des accords régionaux en marge des discussions officielles d’une COP. Le principal sujet entre l’Asie centrale et l’Azerbaïdjan a été la promotion de l’accord transrégional du Corridor central – ou Middle Corridor – selon le média Eurasianet.
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Le Corridor central est une route commerciale reliant l’Asie du Sud-Est et la Chine à l’Europe via l’Asie centrale et le Caucase. Depuis le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la route voit émerger le développement de projets d’infrastructures et de numérisation des systèmes commerciaux. Elle constitue également un lieu propice aux investissements étrangers, éléments favorables aux économies locales. La Banque mondiale souligne notamment que les échanges commerciaux le long de ce corridor devraient tripler d’ici 2030.
Ce n’est que deux jours après le début de la COP que les présidents ouzbek, kazakh et azerbaïdjanais ont signé un Partenariat stratégique pour le développement de l’énergie verte et la transition vers celle-ci, comme l’indique le média azerbaidjanais Azertag.
Des échanges animés autour des énergies
Ce partenariat, outre le renforcement géopolitique de cette alliance transrégionale, permet d’ajouter une nouvelle composante relative aux énergies vertes. Une aubaine pour le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, qui cherchent à verdir leur économie. Cette ambition est poussée par l’objectif commun de ces deux pays d’atteindre la neutralité carbone, d’ici à 2060 pour le premier et 2050 pour le deuxième, selon le rapport du Climate Action Network.
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L’Agence internationale de l’énergie rapporte que le mix énergétique du Kazakhstan est tiré à 51 % par le charbon et 22 % par le pétrole, contre 83 % par le gaz, 9 % par le pétrole et 6 % par le charbon pour l’Ouzbékistan. Ces sources d’énergie sont la principale source d’émissions de gaz à effet de serre dans la région. Le développement des énergies vertes est donc prioritaire pour ces pays. Toutefois, les énergies vertes ne se cantonnent pas aux énergies renouvelables : le gaz et le nucléaire occupent une place importante dans cette transition énergétique.
En plus de ce partenariat, des engagements en faveur des énergies à basses émissions ont été pris. D’après le média kazakh The Astana Times, le Kazakhstan s’est ainsi engagé à tripler ses capacités en énergie nucléaire d’ici à 2050. Le président Chavkat Mirzioïev a déclaré que l’Ouzbékistan allait augmenter de 40 % sa part des énergies renouvelables d’ici 2030. Le Kirghizstan s’allie à l’Azerbaïdjan dans une coopération dans le domaine du pétrole, du gaz et des énergies renouvelables, comme indiqué par le média azerbaidjanais Azertag. Le Turkménistan a quant à lui peu communiqué sur cet événement, bien qu’il ait pris part aux discussions.
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Le Tadjikistan et le Kirghizstan ont communément appelé à renforcer les infrastructures hydroélectriques, qui représentent 90 % de la production de l’électricité. Ces deux pays dépendent fortement de l’énergie hydraulique et doivent recourir à l’importation d’énergie lors des saisons sèches, ce qui met en péril l’indépendance énergétique, rapporte le Climate Action Network.
L’adaptation aux changements climatiques par l’amélioration de la gestion de l’eau
Les pénuries croissantes d’eau fragilisent l’Asie centrale. Les pays ont plaidé pour une coopération accrue en matière d’adaptation et de meilleure gestion des ressources hydriques, rapporte le média azerbaijanais Trend. En effet, 39 % de l’Asie centrale est régulièrement frappée par des épisodes de sécheresse, explique Eurasianet.
Initiée par la Banque asiatique de développement et le Fonds vert pour climat, une table ronde sur le thème de la gestion collective de l’eau et l’impact des changements climatiques sur les glaciers a permis la signature d’une déclaration de partenariat sur cette problématique, communique Azertag.
Les glaciers jouent un rôle de réservoirs naturels en eau douce, notamment lors des mois secs. A cause de la hausse de température dans la région, environ 30 % de la surface des glaciers a fondu ces 50 dernières années, selon la Banque eurasiatique de développement.
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Toujours selon la Banque eurasiatique de développement, la modernisation du système d’irrigation soviétique devient urgente puisque 80 % de l’eau utilisable en Asie centrale est dirigée vers l’irrigation. Chaque année, 40 % de cette eau est perdue à cause notamment de mauvaises infrastructures. Cela a des conséquences sur la sécurité alimentaire, la santé et l’agriculture, d’autant que ce dernier secteur représente une grande partie des emplois – à titre d’exemple, 65 % des emplois au Kirghizstan – d’après le Climate Action Network.
Peu d’actions gouvernementales climatiques concrètes à court terme
Malgré ces initiatives et la présence des présidents, les actions gouvernementales se sont concentrées sur le développement économique. Des acteurs de la société civile, comme Aliya Wedelich dans le podcast The Eurasian Climate Brief, mentionnaient ce risque avant même la tenue de la COP. Les accords de coopération signés ont une portée long-termiste avec des retombées économiques et environnementales peu concrètes, témoigne le Climate Action Network.
Toujours selon cette ONG, les délégations officielles des pays d’Asie centrale n’ont pas suffisamment porté la promotion des pratiques agricoles, des infrastructures résilientes, de l’adaptation aux changements climatiques et des énergies renouvelables. L’action climatique en Asie centrale semble ainsi passer au second plan après le développement économique et politique.
Malaurie Le Bail
Rédactrice pour Novastan
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