Un quartier de Bichkek a été construit dans les années 1920 par des volontaires communistes venant de Tchécoslovaquie. 100 ans plus tard, cette partie de la capitale kirghize se distingue par son architecture atypique, parfois masquée par des réalisations contemporaines.
La rédaction de Novastan traduit ici un article de Karina Ditkovskaya paru sur Kloop.kg.
Une coopérative des communistes tchécoslovaques s’est installée à Bichkek dans les années 1920. Elle s’appelait « Interhelpo », ce qui signifie « coopération » en espéranto. Ils sont arrivées dans la capitale kirghize (alors appelée Pichpek) en avril 1925 à l’appel de Lénine.
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L’objectif était d’aider au développement du tout jeune empire soviétique. Indépendamment de l’opinion que l’on peut avoir des communistes et de leurs actions aujourd’hui, il est impossible de ne pas reconnaître l’incroyable apport qu’a constitué le collectif Interhelpo au développement de Pichpek/Frounzé/Bichkek.
Une population disparue
Cependant, les Tchèques et Slovaques d’Interhelpo arrivés au Kirghizstan n’ont pas réussi à laisser leur marque dans la culture du pays. Après avoir construit plusieurs usines majeures et un quartier entier de la ville, beaucoup d’entre eux ont quitté Frounzé au début des années 1950.
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Certains ont été victimes de répressions, d’autres sont morts pendant la Seconde Guerre mondiale, d’autres encore sont retournés dans leur patrie.
C’est pourquoi personne n’imagine aujourd’hui que, durant les années 1920 et 1930, une importante partie de la population (près de deux milliers) parlait tchèque ou slovaque. Et les enfants des membres d’Interhelpo étaient scolarisés dans une école où l’enseignement se faisait en tchèque. Staline arrivé au pouvoir, l’école a été fermée par la suite en raison de l’entrée en vigueur de nouvelles normes linguistiques.
La mémoire de l’architecture
Seule l’architecture témoigne encore de l’héritage des volontaires tchécoslovaques dans la capitale kirghize aujourd’hui.
Il reste aujourd’hui à Bichkek une rue avec plusieurs bâtiments d’époque, nommée, en toute logique, en l’honneur de la coopérative Interhelpo.
La majeure partie des bâtiments « tchécoslovaques » ont conservé leur curieuse façade d’apparence quelque peu « écailleuse ». Dans certains cas, les volontaires n’ont pas lésiné sur la décoration extérieure des bâtiments qu’ils ont construits.
L’historien Vyatcheslav Khamissov affirme que de nombreux bâtiments sont dans un état déplorable, bien qu’ils aient gardé une apparence extérieure convenable.
Le quartier de l’Interhelpo ne ressemble à aucun autre quartier de Bichkek : il donne l’impression que le temps s’est tout simplement arrêté. Mais la civilisation actuelle progresse.
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Tout le monde ne mesure pas forcément à leur juste valeur les idées architecturales à l’origine de ces constructions. Certains ont remplacé l’encadrement en bois des fenêtres originales par du PVC, sans même prendre la peine de retirer le film plastique de protection.
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Depuis le début du siècle dernier, le quartier a changé. Sa population a évolué et son architecture a été modifiée de bien des manières. Mais les rues de l’Interhelpo perdurent, témoignages d’une époque et d’un idéal aujourd’hui évanouis.
Traduit du russe par la rédaction