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Zarragoul Iskandarova, gardienne des danses du Badakhchan

Si vous demandez aux habitants de Khorog qui interprétait le mieux les danses populaires, il ne fait pas l’ombre d’un doute que la majorité répondra Zarragoul Iskandarova. Née le 27 avril 1938 à Emts dans la province tadjike autonome du Haut-Badakhchan, l’artiste Zarragoul Iskandarova a consacré toute sa vie aux danses traditionnelles de cette région.

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Zarragoul Iskandarova a été l'une des figures les plus emblématiques des danses traditionnelles du Haut-Badakhchan.

Si vous demandez aux habitants de Khorog qui interprétait le mieux les danses populaires, il ne fait pas l’ombre d’un doute que la majorité répondra Zarragoul Iskandarova. Née le 27 avril 1938 à Emts dans la province tadjike autonome du Haut-Badakhchan, l’artiste Zarragoul Iskandarova a consacré toute sa vie aux danses traditionnelles de cette région.

Novastan reprend et traduit ici un article initialement publié le 27 avril 2020 par le média tadjik Asia-Plus.

Au milieu des années 1950, la jeune Zarragoul Iskandarova rencontre le poète populaire tadjik Mirsaïd Mirchakar qui lui dit : « L’art tadjik place énormément d’espoir en toi, à toi de les confirmer. » Elle s’attelle à cette tâche et toute sa vie y consacre son interprétation et sa créativité, tout en transmettant son talent et son savoir à ses contemporains.

Pendant des années, aucune représentation théâtrale, aucun concert, aucune fête n’était possible sans les sublimes danses traditionnelles de Zarragoul Iskandarova et de ses élèves. Lorsqu’elle dansait, elle se démarquait toujours par sa grâce unique et son style inimitable. Chaque prestation, seule ou accompagnée, était une nouvelle histoire riche en spiritualité, en secrets et en mystères. Le 27 avril 2020, la danseuse emblématique du Haut-Badakhchan, dans l’est du Tadjikistan, aurait eu 82 ans.

Grâce à Zarragoul Iskandarova, le monde du théâtre et les foyers culturels régionaux ont été les témoins de l’émergence d’une farandole de bonnes danseuses. Inspirées par le talent de leur aïeule, de nombreuses jeunes filles choisissent leur école de musique pour la qualité de ses groupes de danses. A contrario, les spécialistes de cet art estiment toutefois que, pour leurs homologues masculins, la situation laisse à désirer. En effet, le nombre de professeurs et de danseurs se réduit comme peau de chagrin.

Revivification et emprunts

Lors d’une représentation de Zarragoul Iskandarova au stade municipal de Khorog, capitale de la région autonome du Gorno-Badakhchan, un des acteurs du théâtre local a affirmé, sans détour : « C’est une chance immense d’avoir des interprètes de danses traditionnelles du calibre de Zarragoul et de ses élèves. Elles nous permettent d’admirer les véritables danses traditionnelles du Badakhchan. » De fait, son implication, ses efforts et ceux de ses consœurs ont permis la renaissance de plusieurs danses. Ces performances sont toujours prisées de nos jours et sont régulièrement recréées lors des représentations théâtrales. À ce titre, le public ne manquait  d’ailleurs jamais de lui réserver une ovation, impressionnée par sa maîtrise.

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École de danse: Zarragoul Iskandarova et la nouvelle génération prenant la relève.

Djobir Khoubonchoïev, personnage incontournable dans le secteur de l’art, l’affirme : Zarragoul Iskandarova vivait par la danse et s’efforçait à chaque instant de présenter les danses traditionnelles dans toute leur splendeur. Celles-ci s’illustrent non seulement lors des spectacles du printemps pour la fête de Norouz et lors des mariages, mais aussi lors de certaines occasions durant lesquelles elles s’exécutent avec des cuillères et des bols de bois.

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Aujourd’hui, beaucoup sont d’avis que les danseurs populaires se font de plus en plus rares. Par le passé, les magnifiques danses du Pamir n’étaient pas que l’apanage des professionnels, la majorité de la population savait les danser. De nos jours, les danses qu’exécutent les plus jeunes sont influencées par des éléments de chorégraphies originaires d’autres régions et/ou exécutées par d’autres groupes ethniques.

À titre d’exemple, certains mouvements imitent partiellement les danses de populations vivant dans le nord du Caucase. Ces emprunts sont particulièrement visibles lors des danses réalisées à l’occasion des mariages. Il est évidemment inutile de marteler que tout va mal. Après tout, la lumière reste mise sur la beauté des danses du Pamir à chaque fois que l’occasion se présente, lors de manifestations ou à la télévision.

Une artiste polyvalente

Zarragoul Iskandarova n’était pas qu’une danseuse professionnelle. Elle s’est notamment fait connaître pour son interprétation des chansons populaires, domaine dans lequel elle a aussi excellé. Les chansons « Dargilik », « Lalaik », « Douvdouvik » et « Pouboïyot » étaient ainsi magistralement interprétées. Ce faisant, elle a remis au goût du jour le costume folklorique féminin du Pamir, mais aussi ses ornements et ses bijoux.

Parallèlement à la danse et au chant, cette artiste polyvalente a aussi été, de longues années durant, actrice dans un théâtre local, endossant de nombreux rôles dans divers spectacles. Actrice de théâtre, chorégraphe et artiste tadjike, Zarragoul Iskandarova a ainsi fait renaître les danses du Pamir de leurs cendres et les a enrichies de nouveaux éléments. Par là même, elle a élargi leurs gammes de mouvements et de chorégraphies. Toutefois, sa vraie vocation était bien sûr la danse. Même à l’heure de la retraite, cette artiste émérite du Tadjikistan n’a eu de cesse de transmettre son savoir-faire à la jeune génération.

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Le travail doit toujours être une source de joie. Cette devise était la ligne de conduite exigeante que Zarragoul Iskandarova s’appliquait à tenir jour après jour, année après année. On peut aujourd’hui affirmer sans crainte que Zarragoul Iskandarova est parvenue à confirmer l’espoir porté en elle. L’art traditionnel lui doit beaucoup. En effet, elle a non seulement réussi à ravir le public de ses chorégraphies mais elle s’est aussi muée en une vraie gardienne des danses traditionnelles. L’artiste est décédée en 2016.

Amon Mardonov
Journaliste pour  Asia-Plus

Traduit du russe par Thomas Rondeaux

Édité par Geoffrey Schollaert

Relu par Anne Marvau

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