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L’Union européenne en Asie centrale : un (grand) jeu qui n’en vaut pas la chandelle ?

Selon le chercheur kazakh Janibek Aryn, doctorant à l’université de St Andrews en Grande Bretagne, l'Asie centrale reste relativement périphérique pour l'Union européenne, qui y exerce néanmoins un fort soft power. Entretien. 

Une photo du drapeau européen
Drapeau européen

Selon le chercheur kazakh Janibek Aryn, doctorant à l’université de St Andrews en Grande Bretagne, l'Asie centrale reste relativement périphérique pour l'Union européenne, qui y exerce néanmoins un fort soft power. Entretien. 

Novastan reprend et traduit ici un article du Central Asian Analytical Network

Dans cet entretien réalisé par Daniar Kosnazarov, analyste à l’université Narxoz d'Almaty et co-fondateur de la plateforme Bilig Brains, le chercheur kazakh Janibek Aryn raconte les difficultés de l’implantation du modèle européen dans les pays de la région.

Dans leurs analyses des diplomaties culturelles et politiques des acteurs traditionnels en Asie centrale, comme la Russie, les États-Unis, la Chine, la Turquie, le Japon ou la Corée du Sud, les experts les voient-ils comme parties prenantes d'un "Grand jeu" ? Et ne reproduisent-ils pas le discours dominant au sujet de la compétition pour la domination en Asie Centrale en se basant sur la logique de "jeu à somme nulle" ?

En effet, le discours sur le "Grand Jeu"en Asie centrale se répète encore et encore, malgré les critiques. Le vieux cliché qui soutient que tous les principaux joueurs mondiaux rivalisent pour la domination de la région était jusqu’à présent la seule grille de lecture pour l’Asie centrale. Il me semble que tout cela est exagéré. Bien sûr, chaque joueur étranger fixe ses propres intérêts en Asie centrale : certains en ont plus, d’autres moins. Parfois, leurs intérêts se croisent, les mettant en concurrence. C’est naturel. Mais cela ne suffit pas pour parler d’un "Grand Jeu".

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L’Asie centrale n’est la priorité absolue d'aucun des joueurs extérieurs, la Russie y comprise. On peut, par exemple, supposer que pour la Russie l’Ukraine et la Biélorussie sont bien plus importantes que le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. C'est pareil pour la Chine : l’Asie centrale a une importance de second, voire de troisième plan dans les intérêts chinois. Les États-Unis y ont encore moins d’intérêts.

Dans le cadre de vos recherches, vous vous occupez ou vous vous êtes occupés d’études de la politique de l’Union européenne (UE) en Asie centrale. Peut-t-on parler de "Grand jeu" dans les domaines culturels et humanitaires dans cette région ?

Même si l’on admet que la troïka Russie - Chine - États-Unis conduit un tel jeu d’influence en Asie centrale, il n'en est pas de même pour l'Union européenne. L’UE n’a pas l’ambition ni même la possibilité de rivaliser en Asie centrale. C’est pourquoi je suis surpris quand certains de nos collègues affirment que l’UE a un programme secret ayant pour objectif de dominer en Asie centrale. 

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Commentaire (1)

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Adrienne Seveilhac, 2017-12-4

Très intéressant et extrêmement bien écrit. Merci

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