Lors de la dernière « La Nuit des musées » le 20 mai dernier à Bichkek, le tableau de l’artiste Nastar Mamaïev, daté de 2016, a beaucoup fait parler. Il représente les deux anciens présidents du Kirghizstan, Askar Akaïev et Kourmanbek Bakiev, à genoux devant les présidents de la Biélorussie et de la Russie. Entre eux se trouvent deux autres silhouettes, non identifiées.
Novastan, sur la base d’un article publié sur Zanoza.kg, vous en dit plus sur cette œuvre.
C’est l’une des œuvres polémiques de la dernière « Nuit des musées » organisée à Bichkek le 20 mai dernier. Le tableau de Nastar Mamaïev, présenté dans le cadre de l’exposition au Musée national des Beaux-Arts Gapar Aitiev, a été au cœur de l’attention. Dans cette œuvre, deux anciens présidents du Kirghizstan, Askar Akaïev et Kourmanbek Bakiev, sont à genoux devant Alexandre Loukachenko et Vladimir Poutine, respectivement président de la Biélorussie et de la Russie.
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Nastar Mamaïev a participé aux deux révolutions kirghizes, en 2005 et 2010, et raconte à Zanoza.kg pourquoi il a décidé de réaliser une telle œuvre.
« Il est regrettable qu’après tant de souffrances et de sang versé, nos autorités ne puissent pas extrader les anciens présidents. Nous sommes entrés dans l’Union économique eurasiatique. Je pense que l’une des conditions d’entrée aurait dû être l’extradition des ex-présidents », affirme Nastar Mamaïev.
Une dénonciation de l’impuissance politique
Askar Akaïev a été renversé lors de la Révolution des Tulipes en 2005 ; il a trouvé refuge en Russie. Quant à Kourmanbek Bakiev, il vit depuis les évènements d’avril 2010 en Biélorussie avec sa famille. Bien que les autorités kirghizes actuelles aient réclamé l’extradition de son frère, elles n’ont jamais demandé l’extradition de l’ancien président.
D’après l’artiste, le pouvoir actuel trouve aussi un intérêt dans le non-retour des présidents déchus, car si extradition et procès il y avait, des questions seraient posées au tribunal et l’on commencerait à parler. « Les anciens présidents ont signé ces documents et vendu le Kirghizstan, mais le gouvernement actuel était aussi proche d’eux et a également vu ces mêmes documents, mais cela ne l’a pas arrêté. C’est pourquoi il n’en est pas moins à blâmer », a-t-il-ajouté.
Libérer la parole des artistes
Ce tableau est dessiné dans le style d’avant-garde et l’artiste y montre ce qui l’inquiète et ce qui se passe en ce moment dans le monde. L’homme se plaint de la peur présente chez les artistes de raconter à travers l’art ce qu’ils ont dans la tête, peur qui les pousserait à se préoccuper uniquement de la meilleure façon de se protéger. « Ils ne peignent que des fleurs et des chevaux », se désole Nastar Mamaïev.
Concernant les deux silhouettes au centre du tableau, Nastar Mamaïev l’explique ainsi : « L’homme debout avec le drapeau du Kirghizstan, c’est notre président. Celui agenouillé, c’est probablement un ancien président. Peut-être que ça pourrait aussi être à sa place Poutine ou Loukachenko. Cela dépendra du fait qu’on accepte la situation ou bien que l’on exige une extradition », explique l’artiste.
Traduit du russe par Léa André
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