Un petit village de 200 habitants dans la région de Moscou porte le nom de « Turkmène ». Exemple typique d’une vie rurale tranquille, il est aussi le témoin de la présence passée des ouvriers et usines turkmènes en Russie.
Novastan reprend ici et traduit un article du 7 avril 2020 publié par le média turkmène Orient.tm
Sur le territoire du district de Klinsky, dans la région de Moscou, se trouve un petit village au nom inhabituel : Turkmène. Fondé en 1926, il a été peuplé par les ouvriers de l’entreprise d’extraction de tourbe qui fournissait l’usine de textiles de Reutov. L’usine « Turkmenfaktura » relevait de la République soviétique du Turkménistan, d’où le nom du village.
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Dans ces années lointaines, l’usine était la seule entreprise du village de Reutov, et c’est ici que de jeunes apprentis venaient du Turkménistan pour maîtriser la fabrication de produits textiles.
Une coopération industrielle et des liens d’amitié de 1926 à 1929
Les nouveaux arrivants étaient logés dans un immeuble d’habitations construit à cet effet, et qui, vu de dessus, ressemblait à une fleur de coton ouverte. Les revenus de l’entreprise textile étaient ensuite alloués à la construction de la plus grande usine de fil de coton d’Achgabat, la capitale turkmène.
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La construction de l’usine d’Achgabat s’est achevée en 1929 et les jeunes spécialistes sont retournés dans leur pays d’origine. Les équipes des deux entreprises avaient tissé des liens d’amitié, si bien qu’elles se sont toujours souvenues avec beaucoup de chaleur des années de travail commun. En 1972, la « rue de la gare » a été rebaptisée « rue d’Achgabad ».
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Malheureusement, le bâtiment historique dans lequel avaient vécu les ressortissants turkmènes a été démoli, tout comme sa plaque commémorative, en 2005. Mais la rue d’Achgabad a conservé son nom jusqu’à aujourd’hui.
Le village « Turkmène » aujourd’hui
Le village de Turkmène est désormais un endroit idéal pour les amateurs de nature. On y trouve forêts, baies, champignons et silence. Les cueilleurs des villages voisins viennent souvent à Turkmène et partagent leurs abondantes récoltes sur les réseaux sociaux, selon le média officiel turkmène. La majeure partie du territoire est occupée par des étangs et des marais.
« Qui es-tu ? Minerai, ou simple talus,
Ou bien une pépite d’or,
Plantée dans un coteau de pierre,
Campé dans le marais ? »
Ces lignes sont celles du poète et écrivain Varlam Chalamov, qui a vécu dans le village de Turkmène pendant deux ans. Il y a travaillé comme agent de maintenance technique dans les tourbières tout en s’adonnant à la littérature. C’est ici que le poète a achevé son travail sur un recueil de poèmes et a commencé l’œuvre principale de sa vie : Récits de la Kolyma.
Varlam Chalamov se souvenait souvent de Turkmène et de ses habitants. « J’ai trouvé dans ce village un accueil plus cordial et plus amical que celui rencontré à la Kolyma ou à Moscou », a-t-il affirmé à Orient.tm. Aujourd’hui, le village de Turkmène compte environ 200 habitants, qui mènent une vie rurale paisible et autonome.
Selbi Tcharieva
Journaliste pour Orient.tm
Traduit du russe par Simon Gallo
Édité par Christine Wystup
Corrigé par Anne Marvau
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Seb, 2020-04-20
Intéressant ! En fouillant un peu, j’ai vu qu’il y avait aussi un Tyurkmen (Тюркмен) de 320 habitants en Bulgarie, vers Plovdiv, ainsi que deux sommets du même nom en Turquie et en Syrie (en Syrie le nom vient de la minorité turkmène mais en Turquie je n’ai pas trouvé – c’est probablement ça aussi).
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