Donald Trump a signé un document interdisant totalement l’entrée aux États-Unis aux citoyens de 12 pays. Selon lui, cette mesure vise à protéger le pays des « terroristes étrangers » et d’autres menaces. Le Turkménistan figure sur la liste.
Le soir du 4 juin, le président Trump a signé un décret imposant une interdiction totale de voyager aux Etats-Unis à 12 pays : l’Afghanistan, le Myanmar, le Tchad, la République du Congo, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, Haïti, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen. De plus, les ressortissants de sept autres pays ont également été partiellement interdits de voyager : le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan et le Venezuela.
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Pourquoi le Turkménistan ?
L’interdiction partielle de voyager à pour cible ceux qui possèdent les visas temporaires de types suivants : B-1, B-2, B-1/B-2, F, M et J. Cela signifie que les personnes, en l’occurrence les Turkmènes, qui souhaitent entrer aux États-Unis pour affaires, tourisme, études ou stages ne peuvent plus le faire. Même interdiction pour les immigrants.
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Pourquoi le Turkménistan ? Selon le texte du décret, entre le 1er octobre 2022 et le 20 septembre 2023, 15,35 % des citoyens turkmènes titulaires d’un visa touristique ou d’affaires n’ont pas quitté les États-Unis à temps. De plus, 21,74 % des étudiants, étudiants en échange et chercheurs ont dépassé la durée de séjour autorisée. L’administration américaine considère ce chiffre comme un taux élevé de violations des visas.
Des dépassements de séjour autorisé relatifs
Cependant, une analyse plus approfondie du rapport de 2023 du département de la sécurité intérieure américain sur les séjours hors-limite montre que le Turkménistan pourrait bien être simplement victime des statistiques. Sur 925 Turkmènes admis pour affaires ou loisirs, 142 ont dépassé la durée de séjour autorisée. Pour le Kazakhstan, ce chiffre était de 865 sur 20 240 admis ; 128 sur 1 587 pour le Tadjikistan ; 513 sur 4 640 pour le Kirghizistan et 540 sur 9 141 pour l’Ouzbékistan.
Trois des quatre pays restants (hors Turkménistan) ont donc eu un plus grand nombre de leurs citoyens séjournant aux États-Unis après la date limite de séjour autorisée. Mais comme ils ont également eu davantage de citoyens accueillis, le taux global de séjour prolongé s’est avéré plus faible.

La tendance est encore plus marquée pour les admissions par visa étudiant : l’Ouzbékistan arrive en première position avec 318 étudiants ayant séjourné après la date limite autorisée ; le Kazakhstan est deuxième avec 227 ; Le Tadjikistan arrive en troisième position avec 224 et le Kirghizistan en quatrième position avec 221 étudiants. Le Turkménistan n’a enregistré que 45 étudiants ayant dépassé la durée de séjour.
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Finalement, si l’on considère les autres types de visas d’admission, le Turkménistan est encore loin de ses voisins : le Kazakhstan, le Kirghizistan et l’Ouzbékistan ont tous enregistré un plus grand nombre de citoyens ayant dépassé la durée de séjour indiquée sur leurs documents sur le territoire américain.
Make America Great Again, avec moins d’immigrants
Trump avait déjà imposé des interdictions similaires aux citoyens du Venezuela, d’Iran, du Yémen, de Libye, de Corée du Nord, de Cuba, de Syrie, de Somalie, du Soudan et du Tchad lors de son premier mandat. Joe Biden, qui lui a succédé en 2021, avait abrogé ces interdictions. Pourtant, cette fois, la mesure n’a pas affecté la Corée du Nord ni la Syrie.
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La politique anti-immigration était l’un des points clés du programme électoral de Trump, qu’il met activement en œuvre depuis son nouveau mandat. A partir du mois de février, le service américain de l’Immigration et des Douanes (ICE) a expulsé plus de 40 000 migrants sans papiers et détient environ 50 000 personnes. Des touristes ordinaires, et même des Amérindiens, figurent régulièrement parmi les personnes arrêtées, tandis que des personnes menacées de torture et de mort dans leur pays d’origine figurent parmi les personnes expulsées.
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L’administration Trump prépare également la mesure sur les visas depuis son investiture en janvier 2025. Selon le président, l’interdiction concernait les citoyens des régions « à haut risque ».
Il a attiré l’attention sur la récente attaque perpétrée à Boulder, dans le Colorado, par un citoyen égyptien aux papiers d’identité expirés lors d’une manifestation pro-israélienne. L’homme a lancé un cocktail Molotov sur la foule, blessant plusieurs personnes. Il convient de noter que l’Égypte ne figure pas sur la liste des pays concernés par l’interdiction totale ou partielle de visa.
Samad Alizade
Rédacteur pour Novastan
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