Le Medjlis (Parlement) du Turkménistan a élu pour la première fois de son histoire un Défenseur des Droits. C’est la députée Yazdoursoun Gourbannazarov qui a été désignée, comme l’a annoncé la télévision turkmène le 20 mars dernier. Dans un régime politique considéré comme l’un des plus fermés au monde, on peut se demander quel rôle exact va jouer le Défenseur des Droits.
Novastan reprend ici un article d’Amangeldy Nourmouradov initialement paru sur Ria Novosti.
L’étendue des fonctions du Défenseur des Droits (ou Ombudsman) turkmène est régie par une loi spéciale qui répond aux obligations internationales du pays dans la sphère humanitaire et crée des garanties durables de défense par l’Ombudsman des droits et libertés de l’Homme et du citoyen, selon un communiqué officiel paru le 20 mars 2017.
En accord avec la loi, 3 candidatures ont été présentées par le Parlement, dont celle de la députée Yazdoursoun Gourbannazarov, élue suite à un scrutin secret. Le Medjlis a donc pris la décision de mettre fin, de manière anticipée, à ses mandats parlementaires.
De février 2010 à janvier 2014, la députée a été directrice de l’Institut national turkmène pour la Démocratie et les Droits de l’Homme. Rattaché à la présidence, cet institut, fondé en 1996, a pour mission officielle « le développement des principes démocratiques dans la vie étatique et sociale ».
Selon la loi, le Défenseur des Droits doit être un citoyen turkmène de plus de 40 ans, possédant une expérience dans le domaine de la défense des droits de l’Homme et disposant de hautes qualités morales. Il doit également être diplômé de l’enseignement supérieur, maîtriser la langue officielle de l’État (le turkmène) et avoir résidé et travaillé dans le pays au cours des 10 dernières années.
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Pendant son mandat de 5 ans, l’Ombudsman et son adjoint ne pourront être députés du Medjlis ou membres des organes représentatifs du pouvoir et des autorités locales. Ils n’auront pas le droit de se livrer à des activités politiques. Une fois par an, il devra présenter un rapport au président du Turkménistan sur ses activités et la situation des droits de l’Homme dans le pays. Ce rapport doit ensuite être communiqué aux médias.
Une autre fonction du Défenseur des Droits est le développement de la coopération internationale dans le domaine des droits de l’Homme, l’étude et l’introduction des standards internationaux, ainsi que la mise en œuvre des engagements internationaux du Turkménistan pour protéger les droits de l’Homme et libertés individuelles.
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Bien que cette nomination représente une première avancée dans la protection des droits de l’Homme sur le papier, on peut s’interroger sur la liberté d’action effective de Yazdoursoun Gourbannazarov dans un pays contrôlé d’une main de fer par le président Gourbangouly Berdimouhamedov depuis 2006. Ainsi, quel rapport sera communiqué par le Défenseur des Droits à la presse et au public dans un pays où la vie politique est totalement contrôlée et où la censure rend l’accès à des médias indépendants presque impossible ?
Amangeldy Nourmouradov
Traduit du russe par Léa André pour Novastan