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La mystérieuse Nisa, première capitale de l’Empire parthe

Nisa a été la capitale de l’Empire parthe (IIIe siècle av. J.-C. – IIIe siècle ap. J.-C.) qui à son apogée s’étendait du sud-est de la Turquie à l’est de l’Iran. Elle fut un rempart contre l’expansion de l’empire romain tout en étant un carrefour commercial important, à la croisée des cultures de l’Asie centrale et de la Méditerranée. Les vestiges qui y subsistent dans l'actuel Turkménistan témoignent de sa puissance économique et politique. 

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Vue extérieure sur l'ancienne cité de Nisa, ancienne capitale de l'empire parthe, dans l'actuel Turkménistan.

Nisa a été la capitale de l’Empire parthe (IIIe siècle av. J.-C. – IIIe siècle ap. J.-C.) qui à son apogée s’étendait du sud-est de la Turquie à l’est de l’Iran. Elle fut un rempart contre l’expansion de l’empire romain tout en étant un carrefour commercial important, à la croisée des cultures de l’Asie centrale et de la Méditerranée. Les vestiges qui y subsistent dans l’actuel Turkménistan témoignent de sa puissance économique et politique. 

Novastan reprend et traduit ici un article publié le 16 septembre 2019 par le média turkmène Orient.tm.

Le site archéologique de Nisa est l’un des plus célèbres du Turkménistan. Pour rejoindre la capitale de l’ancien Empire parthe, adversaire du puissant empire romain, il faut quitter Achgabat, la capitale du Turkménistan et parcourir une vingtaine de kilomètres vers le sud.

Turkménistan Nisa cité antique
Vue extérieure de Nisa

L’Empire parthe (247 av. J.-C. – 224 ap. J.-C.) a été l’une des civilisations les plus puissantes du monde antique et s’est révélé être un brillant rival de l’empire romain qui empêcha son expansion vers l’est. L’Empire parthe a connu un essor exceptionnel sous le roi Mithridate Ier, de 174 à 136 avant notre ère. C’est à cette époque qu’une forteresse imprenable, ceinte de 43 tours de guet, a été érigée à Nisa. Les brillantes campagnes militaires du souverain ont permis d’annexer de vastes territoires, de sorte que l’Empire parthe est devenu la plus grande puissance du Proche et du Moyen-Orient, s’étendant de la Mésopotamie à l’Inde. En 141 av. J.-C., Mithridate Ier est même proclamé roi de Babylone.

Les relations entre les empires parthe, puissance en devenir, et romain, considéré comme maître du monde, ont déterminé pendant plusieurs siècles le destin des peuples du Moyen-Orient et de l’est de la Méditerranée.

La bataille de Carrhes ou la confrontation entre l’Empire romain et l’Empire parthe

En 53 av. J.-C., le général romain Marcus Licinius Crassus (115 av. J.-C. – 53 av. J.-C) célèbre pour avoir réprimé une révolte d’esclaves emmenée par Spartacus, envahit l’empire parthe, alors dirigé par Orodès II. Les deux armées s’affrontent dans la plus grande bataille de l’époque, près de la ville fortifiée de Carrhes (l’actuelle ville turque de Harran).

Pas moins de 42 000 soldats composent les légions romaines, contre 10 000 côté parthe. Ceux-ci peuvent toutefois compter sur un millier de cavaliers en armure et des chevaux forts et rapides. Malgré la nette supériorité numérique des Romains, l’astuce et la pression psychologique des Parthes leur permettent d’écraser l’armée de Crassus.

Plutarque, l’un des pères de l’histoire, écrit : « Les cavaliers parthes ont d’abord caché leurs cuirasses avec des manteaux. Lorsqu’ils furent assez près, ils dévoilèrent leurs armures, qui reflétaient les rayons du soleil comme s’ils étaient en flammes. Au signal, ils font gronder des tambours à sonnailles. Toute la plaine n’est plus qu’un bourdonnement assourdissant. Ce son effrayant ressemblait à un rugissement de bête ou des coups de tonnerre. »

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La bataille de Carrhes (illustration)

La bataille fait long feu, les pertes sont énormes. L’armée romaine est en déroute. Quelque 12 à 14 000 légionnaires traversent l’Euphrate pour y trouver refuge, tandis que près de 10 000 sont faits prisonniers. Pas moins de 20 000 soldats romains, dont le général Crassus, gisent sans vie dans la plaine de Carrhes.

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Après cette bataille épique, Trogue Pompée écrira dans ses Histoires que « l’Empire parthe, en se partageant le monde avec Rome, a maintenant étendu son pouvoir sur tout l’Orient ».

Un site qui n’a pas livré tous ses secrets

L’antique Nisa était divisée en deux villes, l’ancienne et la nouvelle. Les habitants, artisans et commerçants vivaient dans la seconde tandis que, selon de nombreux érudits, la première abritait un complexe de culte où se trouvaient les temples sacrés des rois divins de Parthe. Comme l’affirme le média turkmène Orient.tm, tous ceux qui ont visité les ruines de la vieille ville sont ébranlés par le silence et le magnétisme mystique qui en émanent et forcent le respect pour cette époque révolue.

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Vue intérieure de Nisa

Le site antique est inscrit sur la liste des cent monuments prioritaires du monde et est l’un des monuments les plus grandioses de l’époque parthe. Il témoigne que cet empire a écrit quelques-unes des plus brillantes pages de l’histoire du monde. En 2007, l’ancienne et la nouvelle ville de Nisa ont été inscrits sur la liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO.

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Dans ses notes de voyage intitulées « Itinéraires », le géographe et voyageur grec Isidore de Charax mentionne Nisa comme une nécropole pour les grands rois. Pourtant, aucune sépulture de roi parthe n’a encore été découverte, malgré les recherches de sommités du monde scientifique comme Vadim Masson, Galina Pougatchenkova ou encore Victor Pilipko.

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L’archéologue Carlo Lippolis lors de fouilles à Nisa

Depuis le début des années 1990, des scientifiques italiens ont investi le site archéologique. En 1993, Carlo, un jeune étudiant de 22 ans, intégrait l’équipe d’archéologues. Aujourd’hui, 26 ans plus tard, c’est bien lui, le Dr Carlo Lippolis, professeur à l’Université de Turin, qui dirige le groupe et ne cesse d’aller et venir au Turkménistan pour poursuivre ses recherches.

Alexander Baïriev
Journaliste pour Orient.tm

Traduit du russe par Pierre-François Hubert

Edité par Louise Duplenne

Relu par Guilhem Sarraute

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