Chaque samedi, des Afghans viennent au marché de Khorog, situé à la frontière tadjiko-afghane pour s’y procurer des produits de première nécessité. Le média tadjik Asia-Plus s’est rendu à ce bazar et y a observé qui vend quoi.
Novastan reprend et traduit ici un article publié le 26 février 2020 par le média tadjik Asia-Plus.
Dans la République du Haut-Badakhchan, trois marchés à la frontière tadjiko-afghane, à Khorog, à Darvaz et à Ichkachim, permettent aux Afghans d’y acheter des produits essentiels. La frontière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan n’ouvre qu’une seule fois par semaine. Le commerce s’y fait en monnaie tadjike, le somoni. Le média tadjik Asia-Plus s’est rendu à celui de Khorog.
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A Khorog, il est plus pratique pour les Afghans d’attendre le samedi et d’acheter des produits sur le marché transfrontalier que de se rendre au centre du district de leur province, puisque le marché de Khorog est plus proche et meilleur marché.
Les Afghans n’ont pas tous des passeports, et la majorité d’entre eux viennent dans la zone frontalière du Tadjikistan avec leur carte d’identité. Ils passent alors trois contrôles différents, d’abord les gardes-frontières, puis les services douaniers et la police anti-narcotique, avant d’être autorisés à entrer sur le marché tadjik.
Lorsque s’amassaient sur le territoire afghan voisin des combattants du mouvement taliban ou de l’État islamique, le marché a été fermé à plusieurs reprises. Les Afghans ont demandé à leurs responsables ainsi qu’aux autorités tadjikes de rouvrir le marché, car ils étaient alors pratiquement sans nourriture.
De l’huile aux chaussures
Le commerce a ses propres règles dans ce marché tadjiko-afghan : chacun achète ce qu’il n’y a pas dans son territoire respectif. Par exemple, il y a des pommes en abondance dans le Pamir tadjik, tandis qu’il n’y a pas, en principe, de fruits sur le territoire afghan. Le kilogramme de pommes est vendu sur le marché à un prix entre 2 et 4 somonis (entre 0,2 et 0,4 euro).
Sur le marche, on peut également trouver de l’huile, des fruits, des légumes, des pâtes et d’autres aliments. On vend en plus des châles, des tissus, des vêtements chauds, des chaussures en caoutchouc et ainsi de suite. « Depuis 15 ans, je viens ici chaque semaine pour vendre des bijoux nationaux, des robes et des tubétikas. Même quand je ne peux pas venir, mes enfants viennent à ma place. Le travail sur ce marché constitue l’essentiel du revenu de notre famille », explique Shahlo, une résidente de Khorog.
Les Afghans apportent sur le marché leur textile et leurs ustensiles en fonte. Les kazans, de larges casseroles, sont le principal produit acheté par les Tadjiks. On dit que le riz qui cuit à l’intérieur est plus tendre. Les Afghans apprécient la nourriture tadjike, et on prépare d’ailleurs sur le marché des plovs et des shashliks (brochettes). « Chez nous, on ne prépare pas un tel kebab, c’est pour me régaler que je viens ici chaque semaine », affirme Farhod, un Afghan.
Depuis 2005 et jusqu’à ce jour, 6 ponts ont été construits entre les provinces frontalières du Tadjikistan et de l’Afghanistan, à l’initiative des gouvernements de chaque pays et de la Fondation Aga Khan pour le développement. Avec l’aide de partenaires internationaux, deux autres ponts sont aujourd’hui en cours de construction.
Mekhrangez Toursounzoda
Journaliste pour Asia-Plus
Traduit du russe par Antonia Collard-Nora
Édité par Frédérique Faucher
Corrigé par Aline Simonneau
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Grua, 2020-04-9
C’est étrange. Il semble y avoir une confusion entre 3 marché: celui de Khorog, celui d’Ishkashim ( Tadjikistan) et celui, sur le Panj, dans le no man’s land. Au final, ce n’est guère compréhensible.
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Etienne Combier, 2020-04-10
Bonjour Grua, merci pour votre commentaire ! Effectivement, cela pouvait prêter à confusion, nous avons rajouté deux phrases. Pour info, il s’agit du marché de Khorog.
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