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En Asie centrale, une période de sécheresse s’annonce

Alors que le réchauffement climatique est un sujet plus que jamais d’actualité, le média Asia-Plus s’interroge sur la situation au Tadjikistan. L’Asie centrale risque en effet d’être particulièrement touchée par des épisodes de sécheresse.Novastan reprend et traduit ici un article publié le 30 juin 2021 par le média tadjik Asia-Plus. L’ONU prévoit une multiplication des épisodes de sécheresse sévère en Asie centrale. Le réchauffement climatique n’est pas le seul en cause : les pratiques non durables des agriculteurs et leur incapacité à s’adapter sont également pointées du doigt. Au Tadjikistan, seule une poignée de mesures peut être adoptée pour changer la situation.

Tadjikistan Environnement Réchauffement climatique Sécheresse
L’ONU prévoit des épisodes de sécheresse en Asie centrale (illustration).

Alors que le réchauffement climatique est un sujet plus que jamais d’actualité, le média Asia-Plus s’interroge sur la situation au Tadjikistan. L’Asie centrale risque en effet d’être particulièrement touchée par des épisodes de sécheresse.Novastan reprend et traduit ici un article publié le 30 juin 2021 par le média tadjik Asia-Plus. L’ONU prévoit une multiplication des épisodes de sécheresse sévère en Asie centrale. Le réchauffement climatique n’est pas le seul en cause : les pratiques non durables des agriculteurs et leur incapacité à s’adapter sont également pointées du doigt. Au Tadjikistan, seule une poignée de mesures peut être adoptée pour changer la situation.

L’ONU tire la sonnette d’alarme

« La sécheresse est sur le point de devenir la prochaine pandémie et aucun vaccin n’existe pour la limiter. Cela pourrait affecter indirectement des pays non concernés par cette sécheresse, en raison de pénuries alimentaires et de l’augmentation des prix des denrées », a déclaré Mami Mizutori, représentante spéciale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) pour la réduction des risques de catastrophe dans un communiqué à l’occasion de la journée mondiale de la sécheresse, qui s’est tenue le 17 juin dernier. Selon l’ONU, la sécheresse a déjà causé au moins 124 milliards de dollars (environ 107 milliards d’euros) de dommages économiques et affecté plus de 1,5 milliard de personnes entre 1998 et 2017. « La détérioration des sols est en partie due à une mauvaise utilisation des terres et nous approchons du point de non-retour », a pour sa part indiqué Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification.

Helga Karsten, responsable médias sociaux de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, a expliqué à Asia-Plus qu’environ 37 % des terres en Asie centrale sont dégradées. Le changement climatique et les pratiques d’exploitation non durables en sont les principales causes.

Comment expliquer la sécheresse au Tadjikistan ?

Les spécialistes estiment que le manque de précipitations à long terme en est le principal contributeur. Les températures élevées et la faible humidité en Asie centrale épuisent l’humidité du sol et tuent les cultures. Lire aussi sur Novastan : En Asie centrale, le changement climatique pourrait provoquer des températures encore plus variables Au cours de la dernière décennie, la température moyenne au printemps a augmenté de 0,6 °C. L’Asie centrale perd chaque année environ 1 à 1,5 % de la superficie de ses glaciers. Les États situés en aval, comme le Kazakhstan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan, souffrent donc de sécheresse agricole, tandis que les pays montagneux, le Kirghizistan et le Tadjikistan, sont largement exposés aux catastrophes naturelles causées par les glissements de terrain et les inondations, sans pour autant être préservés d’épisodes de sécheresse prolongés.

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Le surpâturage accélère la dégradation des terres (illustration).

Pour les spécialistes, les activités humaines telles que les méthodes inappropriées d’exploitation du sol, le choix des cultures et des méthodes d’irrigation, l’abattage des arbres et le surpâturage aggravent les processus climatiques négatifs et accélèrent la dégradation des terres.

Mesures gouvernementales

Un projet visant à renforcer la capacité des pays d’Asie centrale à gérer les sécheresses et les tempêtes de sable a été lancé en 2019. Le Tadjikistan travaille conjointement avec d’autres États de la région dans le cadre de ce projet. Celui-ci, baptisé Initiative des pays d’Asie centrale pour la gestion des terres et prévu entre 2017 et 2022, rassemble six pays et est actuellement mis en œuvre au Tadjikistan, qui y contribue à hauteur de 1,465 million de dollars (1,269 million d’euros). L’objectif de l’initiative est de diffuser les bonnes pratiques d’exploitation agricole et de gestion des terres dans les zones sujettes à la dégradation et à la sécheresse. Lire aussi sur Novastan : Le Tadjikistan prend des mesures pour lutter contre le changement climatique En 2019, le Tadjikistan a adopté une « Stratégie nationale d’adaptation au changement climatique d’ici 2030 ». Ce document souligne que le Tadjikistan est, parmi les États d’Europe et d’Asie centrale, le plus vulnérable au changement climatique en raison de sa faible capacité d’adaptation. La sécheresse et d’autres catastrophes possibles liées au changement climatique exacerbent la pauvreté en détruisant les récoltes ou en en limitant les revenus, et contribuent à la hausse de la migration, la population étant contrainte de se déplacer pour trouver du travail.

Comment lutter contre la sécheresse ?

La chaleur et l’air sec augmentent l’évaporation ; or, comme l’humidité s’épuise sans être réapprovisionnée par l’eau de pluie, une sécheresse du sol s’installe.

Tadjikistan Environnement Réchauffement climatique Sécheresse Province de Khatlon
La province de Khatlon.

Une série de mesures a été adoptée pour lutter contre ce phénomène. Elles visent à augmenter les propriétés d’absorption et de rétention d’eau du sol. Un labour profond en automne aide le sol à conserver son humidité plus longtemps, estime ainsi l’agronome Loïc Akramzoda. Parmi les autres mesures, on peut noter l’introduction de variétés de plantes tolérantes à la sécheresse, l’irrigation au goutte-à-goutte, l’utilisation de couvertures pour empêcher l’évaporation de l’humidité du sol afin de conserver l’eau d’irrigation, et la transition vers des cultures sous serre, film ou autre abri.

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Pour Loïc Akramzoda, la quasi-totalité des terres irriguées et des pâturages du Tadjikistan sont aujourd’hui aux mains d’agriculteurs privés qui ne sont pour la plupart pas intéressés par la mise en œuvre de mesures de lutte contre la sécheresse. Les mêmes plantes, blé et pois chiches, sont cultivées chaque année sur ces terres. Leurs rendements sont si faibles qu’ils couvrent à peine les coûts. Les années de sécheresse, il n’y a même pas de récolte. Lire aussi sur Novastan : La bonne gestion des ressources en eau, élément clé de la croissance économique de l’Asie centrale Les terres pluviales situées à flanc de colline représentent plus de la moitié de l’ensemble des terres agricoles au Tadjikistan. Il est possible d’y planter des vignes Taifi, des mûriers et d’autres arbustes résistant à la sécheresse et qui, grâce à leurs racines profondes et puissantes, empêchent l’érosion du sol. Les terres irriguées manquent d’eau lors des années de sécheresse. Le mauvais état des infrastructures d’irrigation et la distribution inéquitable de l’eau aggravent encore la situation. Si toutes les mesures d’adaptation au changement climatique sont mises en œuvre et si les terres et l’eau sont utilisées de façon rationnelle, il sera possible de surmonter les épisodes de sécheresse annoncés par l’ONU. Encore faut-il le vouloir…

Saïfiddine Karaïev pour Asia-Plus

Traduit du russe par Pierre-François Hubert

Édité par Laure de Polignac

Relu par Anne Marvau

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