En avril dernier, la publication d’un projet de loi gouvernemental visant à sanctionner d’une amende les fonctionnaires n’utilisant pas la langue ouzbèke au travail a suscité un important débat en Ouzbékistan. Le 14 mai, le débat linguistique s’est transformé en incident diplomatique lorsque le ministère des Affaires étrangères russe a estimé que les partisans du projet étaient une « minorité ». Dans ce pays où les questions de langue sont sensibles, de nombreuses voix se sont alors élevées contre l’ « ingérence » inacceptable de Moscou.
L’administration ouzbèke va-t-elle devoir délaisser l’usage de la langue russe ? Le 25 avril dernier, le gouvernement a en effet publié un projet de loi proposant de punir d’une amende les fonctionnaires qui n’utilisent pas la langue ouzbèke dans leurs fonctions officielles. Ce projet suscite un vaste débat dans cette ancienne république soviétique, où les échelons supérieurs de la bureaucratie tendent à utiliser le russe comme langue de travail.
En Ouzbékistan, la langue de Pouchkine est parlée par 11,8 millions de personnes, soit plus du tiers de la populaiton, selon l’agence fédérale russe de coopération Rossotroudnitchestvo, citée par le média américain Eurasianet. Le pays compte également une minorité importante de Russes, qui seraient environ 750 000, soit 2,3 % de la population ouzbèke. Bien que largement utilisé par les élites et l’administration ouzbèkes, le russe n’est pas considéré comme une langue officielle en Ouzbékistan. Au contraire, le russe bénéficie du statut de langue co-officielle au Kazakhstan et au Kirghizstan voisins.
Le russe, langue préférée de la haute administration ouzbèke
Depuis la loi sur la langue d’État de 1995, l’administration a l’obligation de travailler en langue ouzbèke et de publier les documents officiels dans cette langue. La loi, qui ne prévoyait toutefois pas de sanction en cas de non-respect de cette obligation, avait été imposée par le président Islam Karimov (1989-2016), dans le but d’effacer les traces de la période soviétique. Ainsi, certaines agences gouvernementales et certains départements administratifs ont continué à travailler en russe, au détriment de la langue ouzbèke. « Au sein du Cabinet, au Conseil de sécurité et dans . . .
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