Christian Lelong est un réalisateur et producteur français de documentaires régulièrement primés. Son film en préparation, « Les Gens du fleuve », est consacré aux habitants des rives de l’Amou-Daria, et en particulier aux modes de vie des Karakalpaks. Sortie prévue en 2021.
Novastan actualise et traduit ici un article publié le 19 octobre 2018 par le média ouzbek en langue karakalpake Erkyn Karakalpakstan.
À l’occasion d’un des voyages de Christian Lelong dans la région de Moynaq, dans l’ouest de l’Ouzbékistan, le journal Erkyn Karakalpakstan (Karakalpakistan libre en langue karakalpake) est allé à la rencontre du producteur et réalisateur français.
Depuis 1997, Christian Lelong produit et réalise des documentaires avec l’œil d’un anthropologue, sa formation d’origine. Plusieurs de ses films ont été primés internationalement, notamment au festival de cinéma de Berlin. Christian Lelong s’était déjà intéressé à l’Asie centrale en produisant un documentaire,« Lettres du Pamir », le premier documentaire de Janyl Jousoupjan sur le Pamir tadjik, diffusé en 2016. Vivant aujourd’hui à Annecy, Christian Lelong s’intéresse au cinéma depuis ses 17 ans. Son premier long-métrage, Agadez Nomade FM diffusé en 2003, a notamment été dédié à la vie des nomades en Afrique.
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En 2018, durant cette interview, Christian Lelong travaillait sur un nouveau documentaire portant sur les modes de vie des peuples vivant le long de l’Amou-Daria, notamment au Karakalpakistan. Cette région est une République autonome en Ouzbékistan, connue pour abriter la mer d’Aral, ou ce qu’il en reste. Contacté par Novastan en avril 2020, il dit être toujours sur ce projet, dont le tournage a été reporté du fait du coronavirus. La diffusion, à la télévision et au cinéma, de cette co-production française, allemande suisse et ouzbèke (Native TV), devrait intervenir en 2021.
Erkyn Karakalpakstan : Quels pays avez-vous visités ? Quels films avez-vous réalisés suite à ces voyages ?
Christian Lelong : En tant que réalisateur, je me suis rendu dans plusieurs pays d’Europe et principalement sur le continent africain. J’ai visité l’Afrique pour la première fois en 1974. C’est à ce moment-là que je me suis familiarisé avec la vie des Toubous, des tribus nomades vivant à la frontière entre le Niger et le Tchad. Je me suis également rendu au Mali, au Burkina Faso et au Sénégal. Je dois également avouer avoir été fasciné par la culture et les modes de vie des peuples berbères du Maroc.
Cela fait maintenant plusieurs années que je connais l’Asie centrale. J’ai notamment produit le documentaire Lettres du Pamir, tourné au Tadjikistan et sorti en 2016. Puis, j’ai eu la chance de découvrir l’Ouzbékistan au printemps 2017. Je tourne principalement des documentaires mettant en lumière la vie des gens ordinaires, leurs modes de vie et leurs intérêts.
Quelle a été votre motivation première pour tourner un film sur les peuples de l’Amou-Daria ?
Avec la société de production Cinédoc films que j’ai fondée il y a 25 ans, je me suis donné pour objectif de réaliser des films avec un angle différent de celui habituellement pris par la télévision et les autres médias, des films au plus proche des gens simples et qui donnent à partager les gestes simples du quotidien. Au cours de l’été 2018, j’ai voyagé une deuxième fois en Ouzbékistan, et plus particulièrement dans la région du Karakalpakistan pour effectuer des repérages et écrire mon projet.
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C’est au cours de ce dernier voyage que j’ai eu l’idée de faire un film sur les habitants qui vivent le long du fleuve Amou-Daria, des montagnes du Pamir à la mer d’Aral. J’ai cherché à saisir et cerner cette relation si ancienne et actuelle entre l’eau et l’Homme. Les Karakalpaks vivent de la pêche, de la culture du coton, du riz, de melons, ainsi que d’autres fruits et légumes.
J’ai voulu comprendre comment l’économie et la vie évoluent avec le changement climatique et les réserves en eau. À titre d’exemple, sur les rives de la mer d’Aral, le tourisme se développe à l’heure actuelle. Grâce à la coproduction avec la société Native TV de Tachkent, j’ai obtenu l’autorisation de l’agence du gouvernement ouzbek pour le développement du cinéma Uzbekkino (Узбеккино) et je me suis mis au travail.
À travers votre œuvre cinématographique, vous avez rencontré de nombreux peuples et cultures traditionnels. Quelle est votre opinion sur les Karakalpaks et qu’est-ce qui, selon vous, les distingue des autres peuples ?
La principale conclusion que je tire de l’ensemble de mes voyages est que, indépendamment de l’ethnie, de la nationalité, la nature humaine est la même partout. Les différences ne sont que culturelles. En ce qui concerne les Karakalpaks, je ressens une profonde spiritualité émanant d’un peuple à l’histoire riche, profondément attaché à ses valeurs, ses traditions et son héritage. Cela témoigne d’une force intérieure profonde.
Quels sont vos projets pour les mois et les années à venir ?
Je me suis rendu à l’automne au Tadjikistan dans les montagnes du Pamir, aux sources de l’Amou-Daria. Un de mes objectifs assumés est de donner à voir la spiritualité, l’hospitalité, la sincérité et la cordialité des peuples d’Ouzbékistan. Si, après la sortie de mon film, le nombre de touristes étrangers augmente en Ouzbékistan et au Karakalpakistan, je considérerai ma mission accomplie.
Propos recueillis par Rouslan Arziev
Journaliste pour Erkyn Karakalpakstan
Traduit du russe par Jérémy Lonjon
Édité par Grégoire Odou
Corrigé par Aline Simonneau
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Ruslan Arziev, 2020-04-19
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