À Tachkent, les vendeurs de journaux sont de moins en moins nombreux. Une journaliste de Gazeta.uz est allée à leur rencontre pour en discuter et faire un reportage photo.
Novastan reprend et traduit ici un article publié le 22 novembre 2020 par le média ouzbek Gazeta.uz.
Autrefois, la matinée de beaucoup d’Ouzbeks commençait par l’achat du journal. Aujourd’hui, la quantité de kiosques ne cesse de diminuer. Les vendeurs de journaux constatent d’une année sur l’autre que les gens se détournent de la presse papier.
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Avant, des petites boutiques bleues avec l’inscription « matbouot » (NDLR : Presse en ouzbek), remplies de journaux, se trouvaient à tous les coins de rue, aux arrêts de bus et à l’entrée du métro. D’aussi loin que se souviennent les habitants, ces kiosques étaient partout dans la ville. Mais ces dernières années, ceux-ci ont tendance à disparaître.
En Europe, la presse papier survit
Au Royaume-Uni, la presse écrite semble être un classique intemporel, un symbole d’autorité et un outil marketing qui donne aux marques leur notoriété. En Europe, même si la télévision et Internet contribuent à accélérer le déclin de la presse écrite, les gens continuent d’acheter des journaux.
Cachés derrière leurs double-pages, ils font passer le temps dans les transports en commun ou sur des bancs dans les parcs.
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Aux États-Unis, en Russie et en Europe, les kiosques à journaux vendent des bouteilles d’eau, des barres chocolatées, des fournitures de bureau ou même des tickets de loto. Mais finalement, les kiosques ne sortent pas de leur fonction première : la distribution de la presse papier.
En Ouzbékistan, la presse papier en perte de vitesse
En Ouzbékistan, les kiosques appartiennent à la société par actions Matbouot Tarkatouvtchi. Aujourd’hui, il y a 620 kiosques dans le pays, dont 127 à Tachkent. En juin 2020, ils étaient 149 dans la capitale.
Sur le site de la société Matbouot Tarkatouvtchi, il est évident que celle-ci occupe une position dominante sur le marché de la distribution de la presse écrite.
Le catalogue d’abonnements de la société est tiré à plus de 3 000 exemplaires. La société développe par ailleurs activement de nouvelles formes d’abonnements.
Une activité non rentable
Comme la gestion des kiosques n’est pas rentable en elle-même, la société loue ses kiosques, pour 200 000 soums par mois (15,62 euros).
Mais, selon un employé du département d’économie, de statistiques et d’analyses de Matbouot Tarkatouvtchi, ces locations ne sont pas intéressantes pour les entrepreneurs du fait des taxes élevées qui représentent en tout près de 800 000 soums par mois (62,47 euros).
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Zouma Mirzalieva, journaliste pour Gazeta.uz, s’est rendue compte que la quantité de kiosques à journaux en Ouzbékistan diminuait chaque année. C’est pour cette raison qu’elle a voulu rencontrer les personnes qui vendait des journaux à Tachkent en 2020 et en faire un reportage photo.
Alicher
Alicher travaille dans un kiosque à l’arrêt de bus Gostinitsa Grand Mir.
Il boit son thé en silence, se laisse photographier et ne se plaint ni de sa vie ni de son travail.
Avazbek
Avazbek travaille dans un kiosque près du bazar d’Alaï. Sa boutique est pleine de journaux. Il vend aussi toutes sortes de babioles : damiers en carton et autocollants, barrettes et rasoirs, lampes de poche et porte-clés. Les petites fournitures de bureau sont également très demandées.
Le vendeur de journaux raconte que les gens n’achètent presque pas de journaux. Certains les trouvent chers : le prix moyen d’un journal en langue ouzbèke est de 4500 soums (35 centimes d’euro). D’autres les trouvent de mauvaise qualité en termes de contenu et de réalisation. C’est pourquoi les journaux en russe se vendent beaucoup plus vite, même si leur prix moyen est beaucoup plus élevé.
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Pour Avazbek, un bon chiffre d’affaires quotidien s’élève à 100 000 soums (7,80 euros).
Machkhoura
Machkhoura vend des journaux depuis 15 ans dans la rue Bratislava.
Elle regrette que les jeunes n’achètent plus de journaux. Et selon elle, même les adultes les achètent de plus en plus rarement.
Zouma Mirzalieva
Journaliste pour Gazeta.uz
Traduit du russe par Juliette Amiranoff
Édité par Paulinon Vanackère
Relu par Charlotte Bonin
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